Avec sa Maman, le petit garçon de notre histoire, passe de maison en maison.

Chaque soir, ils dorment dans un lieu vide et différent, et discrètement s'en échappent le matin.

Elle pour aller travailler, lui pour aller à l'école, bien avant l'ouverture.

Et chaque journée ressemble à la précédente.

Et certains mots ou noms lui rappellent l'avant, le Rue des Cascades où ils ne vivent désormais plus.

Et il se remémore les efforts fournis pour décrypter, pour comprendre, derrière les sourires las de sa maman aimante, ce qu'il se passait et se passe dorénavant.

" Jouer aux fantômes " pour donner l'impression d'une aventure, pour tromper la réalité, dure et cruelle de la précarité et de l'esseulement.

Personne d'autre n'est d'ailleurs présent dans cette grande ville anonyme, à la fois hostile et ouverte, représentée de manière minimaliste et imposante, dans des tons froids et hivernaux, comme pour accentuer la difficulté de cette mère et de son enfant.

Cet album délicat, pudique mais sans équivoque, nous sensibilise à l'exclusion, aux stratagèmes d'invisibilité, au lien mère-enfant.

Sa fin se veut poétique et ouverte. Qu'advient-il d'eux? Les dernières lettres du titre s'effaçant sont-elles un indice? Positif ?

Cette histoire me renvoie au magnifique roman jeunesse de Sylvie Deshors.

Mais aussi au pouvoir de la lecture.

Et dans son procédé, comme par différents éléments de l'histoire, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'album de Timothée de Fombelle et Isabelle Arsenault.