Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

Exposition "Contes au carré" de Loïc Gaume. (c) Maxence Martens.


Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalierIl reste un jour, ce dimanche 5 mai, pour participer au Cosmos Festival (lire ici) proposant aux enfants, à tous les enfants, d'arriver aux livres à travers diverses activités. Il se tient à Bruxelles, à Schaerbeek, à l'AREA42 (rue des Palais, 46), lieu parfait, sur deux niveaux, regorgeant de recoins. L'idéal pour y installer ateliers, expositions, lieux de rencontre, librairies. Tout est tentant et bien pensé  au Cosmos Festival. Mais où le public, pas très nombreux en ce samedi de première édition? Et pourquoi n'est-il pas davantage là?

Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

Atelier bébés. (c) Maxence Martens.


Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

Atelier enfants. (c) Maxence Martens.


Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

Tom Schamp au travail avec des scolaires.

Le festival a bien commencé vendredi avec les animations scolaires, en compagnie de Tom Schamp notamment, et  par deux représentations, les premières en Belgique, devant des publics également enchantés, de l'Ariol' show, une pour les scolaires l'après-midi, une publique en début de soirée. Il faut voir Emmanuel Guibert raconter, chanter et se déhancher au son des musiques que lui et son acolyte Bastien Lallemant (Les Siestes Acoustiques) interprètent à la guitare alors que le troisième compère, Marc Boutavant, dessine en direct sur une table lumineuse et projette les pages des histoires d'Ariol lues par l'auteur.

Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

L'Ariol's show.

Ariol, génial ânon à lunettes, est né dans le mensuel "J'aime lire" en 2000, de l'imagination d'Emmanuel Guibert et des dessins de Marc Boutavant. Du magazine, il est passé aux albums - quinze à ce jour, un million d'exemplaires vendus selon les éditions Bayard -, au dessin animé et depuis septembre 2016, à la chanson (deux disques, un bleu et un rouge, et un spectacle "qui n'est pas destiné à tourner"). "Le spectacle", précise Emmanuel Guibert, "est né quand l'atmosphère était plombée en France, après les attentats. Je me suis demandé ce que je pouvais faire à mon petit niveau. C'est agréable de voir que les enfants, de toutes les couleurs et de toutes les origines, et leurs accompagnateurs ont la banane pendant tout le spectacle."

Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalierLe génie d'Ariol, en CM1 c'est-à-dire en quatrième année primaire, c'est qu'il fait rire autant les enfants (> 6 ans) que leurs parents et pas toujours pour les mêmes raison. Il y a bien sûr les scènes propres à l'enfance, fête d'anniversaire ou vacances chez les grands-parents, les interrogations et les remarques au premier degré, mais aussi un humour un rien piquant qui observe la société et son quotidien et dépeint les relations entre générations différentes. Lui et ses potes, son meilleur copain Ramono, Pharamousse, Pétula, Bisbille, sans oublier sa famille, Papa Avoine, Maman Mule, Papi Atole et Mami Annette, donnent lieu à un spectacle impeccable, tellement joyeux, combinant saynètes, dessins et musique.

Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

Merci à Vincent Rif pour son dessin.

La veille, le jeudi donc, avait eu lieu un prologue du Festival à la Bibliothèque Hergé (Etterbeek) où Emmanuel Guibert effectua une balade littéraire. On peut retrouver ses livres ici et ses vingt coups de cœur ici, ainsi que les deux enregistrements qu'il a suggéré d'écouter: "L'autobiographie sonore de Fred Deux" (ici), et "La nuit rêvée d'Emmanuel Guibert" sur France Culture (ici).

Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalier

Emmanuel Guibert.

Emmanuel Guibert (lire ici et ici) à Bruxelles, ce n'est pas tous les jours. L'occasion de passer ses projets en revue.
Emmanuel Guibert, cosmonaute festivalierDes projets qui n'empêchent pas l'auteur-illustrateur de faire partie d'une association qui soutient Christine Géricot, une femme qui anime des ateliers d'arts plastiques à l'hôpital Gustave Roussy de Villejuif. "Elle a eu le premier poste d'enseignant assigné à un hôpital. Depuis quinze ans, elle mène des ateliers avec des patients en oncologie et aussi en oncologie pédiatrique. Son association a été parrainée par Raymond Devos qui lui a donné son nom, "Sur un lit de couleurs", appellation qui est aussi le titre d'un livre qui reprend les travaux des enfants. Aujourd'hui, six ou sept expériences de ce type sont menées en France. Même avec des malades d'Alzheimer. Il faut voir la surprise des visiteurs quand ils découvrent les expositions de leurs œuvres. Ce sont des personnes qui ont rompu avec le dessin depuis 60, 70 ou 80 ans, et qui retrouvent l'expression artistique pour sauver leur peau. Avoir un atelier artistique dans un hôpital, ce n'est pas une cerise sur un gâteau mais la farine du gâteau. C'est le jour et la nuit entre ceux qui dessinent et ceux qui ne dessinent pas. On voit des miracles, même question motricité. Le cerveau se débrouille pour contourner les obstacles et arriver à ses fins."
Projets
  • Un livre sans images qu'il écrit depuis un an et qui devrait paraître en 2020 chez Gallimard. Raison pour laquelle il dessine beaucoup moins ces derniers temps. Ce qui ne l'empêche pas d'être en retard pour ce livre. "Je veux consacrer aux choses le temps qu'elles requièrent."
  • Un album reprenant la page qu'il avait dans l'"Ebdo" avant l'arrêt de l'hebdomadaire. "Le smartphone et le balayeur" sortira aux Arènes quand cinquante planches seront prêtes.
  • Un album de dessins légendés chez Dupuis, un bel objet attendu pour début 2020.
  • Un volume sur l'adolescence d'Alan Cope (dont il est question depuis 2013, lire ici).
  • Un nouvel épisode des "Sardines de l'espace" avec Mathieu Sapin dont le dernier tome paru date de 2014 et un dessin animé. "Dans cette série abrasive, un album comporte deux histoires. On y commente l'actualité. J'ai une rétention de râlerie non évacuée en l'absence des Sardines. C'est pour cela qu'elles reviennent."
  • Plus tard, un grand livre sur la ville de Rome, "des rencontres avec des Romains au coin des rues", pour lequel existent déjà 80 pages sur les 300 envisagées.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois