Les aventuriers du père perdu

Les aventuriers du père perdu

Un putain de salopard – Tome 1: Isabel (Régis Loisel – Olivier Pont – Editions Rue de Sèvres)

Brésil, 1972. Max débarque avec son sac à dos et sa guitare à Kalimboantao, un coin perdu dans la forêt amazonienne. Il a financé son voyage avec le petit héritage que lui a laissé sa mère, décédée six mois plus tôt. Si le jeune homme est venu jusque-là, c’est parce qu’il a un objectif précis en tête: retrouver son père, qu’il n’a jamais connu et dont il ignore tout. Sa seule piste est plutôt maigre. En vidant l’appartement de sa mère, il a retrouvé deux vieilles photos dans une boîte, toutes deux prises dans le camp forestier en Amazonie dans lequel Max a vécu jusqu’à ses 3 ans. Sur chacune de ses photos, on voit le petit garçon avec sa mère et un homme différent. Se pourrait-il que l’un de ces deux hommes soit son père? Peut-être, mais rien n’est moins sûr, car il s’agissait d’un sujet tabou pour sa mère. Il n’a donc jamais eu l’occasion de lui poser la question. Heureusement, dès son arrivée au Brésil, Max fait la connaissance de trois jeunes femmes françaises pétillantes et délurées, mais aussi de Baïa, la fille muette de Margarida, la propriétaire d’un des seuls bars du village. Toutes ces femmes vont lui servir de guide dans cet environnement tropical pas franchement accueillant. Grâce à leur aide, le jeune homme un peu naïf va retrouver la trace de Mermoz et du « comptable », ses deux paternels potentiels. Le problème, c’est que l’un d’entre eux serait apparemment « un putain de salopard »… C’est le début d’une aventure mouvementée pour Max et ses nouvelles amies, dans un territoire gangréné par la violence, où les hommes sont clairement plus dangereux que les animaux sauvages!

Les aventuriers du père perdu

Autant le dire tout de suite: « Un putain de salopard » est l’une des nouvelles séries les plus enthousiasmantes lancées depuis le début de cette année. Dès les premières cases, on est totalement embarqué par cette histoire d’un petit gars qui cherche son père au bout du monde. Et le rythme ne faiblit pas tout au long des 88 pages: aucun temps mort! Il faut dire que cette saga amazonienne est pilotée par une véritable « dream team », composée de Régis Loisel au scénario et d’Olivier Pont au dessin. L’association de ces deux auteurs complets ne pouvait que donner des étincelles, étant donné que le premier a un talent fou pour raconter des histoires (il suffit de penser à des pépites comme « La Quête de l’oiseau du temps », « Peter Pan » ou « Magasin Général »), tandis que le second maîtrise à merveille l’art de la mise en scène et insuffle une énergie débordante à ses planches et à ses personnages. Les deux hommes partagent également un côté très humain, ce qui explique pourquoi on s’attache immédiatement aux héros et aux héroïnes de cette nouvelle série. Le plus fort dans « Un putain de salopard », c’est que cette saga combine le récit d’aventures à l’ancienne – on ne s’ennuie pas une seule seconde, comme dans un bon vieux « Indiana Jones » – avec un côté beaucoup plus contemporain. Le scénario de Loisel a même une dimension très féministe, puisque tous les beaux rôles de l’album sont pour des femmes, que ce soit Corinne la croqueuse d’hommes, Christelle et Charlotte les infirmières baroudeuses ou Baïa, la mystérieuse jeune femme muette. A l’inverse, les hommes en prennent pour leur grade dans « Un putain de salopard », à l’image du titre sans équivoque de l’album. Après ce premier tome très réussi, on trépigne forcément d’impatience à l’idée de lire la suite. Normalement, Loisel et Pont ont prévu de raconter la totalité de l’histoire en trois épisodes mais avec Loisel, on ne sait jamais. A l’époque, il pensait boucler l’histoire de « Magasin Général » en quatre ou cinq albums… Finalement, il en a fait neuf!


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois