Cassandra Darke - Posy Simmonds

Cassandra Darke - Posy Simmonds « Je n’ai pas vécu comme une femme est censée le faire. J’ai obéi une fois aux conventions en me mariant. Terrible erreur, mais leçon utile (connais-toi toi-même) : je suis nulle pour vivre avec des gens. Je n’ai d’intérêt ni pour la vie domestique ni pour les enfants. Je suis solitaire, vieille fille dans l’âme, responsable devant personne, à charge de personne. »
Elle est comme ça, Cassandra Darke. Une harpie. Pingre. Aigrie. Acariâtre. Misanthrope. Et malhonnête en plus. Cette marchande d’art gérant la galerie de son défunt mari a vendu des faux en toute connaissance de cause. Depuis la révélation de ses méfaits et le procès qui a suivi, elle vit en recluse, fuyant davantage encore le monde et ses obligations. En acceptant d’héberger la fille de son ex dans son sous-sol aménagé en studio (et en échange de services aussi variés que pénibles, cela va de soi) Cassandra ne se doute pas qu’elle va vivre une cascade d’événements plus désagréables les uns que les autres, de la mort de son chien à un revolver trouvé dans le panier à linge en passant par des SMS menaçants reçus par un expéditeur lui promettant les pires tourments…
Cassandra Darke - Posy Simmonds Posy Simmonds aurait pu s’arrêter à une simple réécriture du chant de Noël de Dickens avec une Scrooge obèse portant une chapka mais son propos est évidemment bien plus vaste et plus complexe. Car en baladant son anti-héroïne dans les rues de Londres elle montre les deux faces de la ville, du clinquant des quartiers chics au sordides des sombres ruelles où l’on oblige des filles venue d’Europe de l’Est à vendre leurs corps. Et entre l’hypocrisie d’une haute bourgeoisie toujours prompte à se donner bonne conscience et la violence de malfrats sans envergure à la bêtise crasse, il n’y a pas grand monde à sauver.
J’ai adoré ce roman graphique so british dont la narration, entre longs récitatifs très littéraires et dessins très travaillés peut de prime abord donner l’impression d’être trop bavarde. Finalement on se rend compte que l’équilibre entre les deux formes est idéal et que l’ensemble se révèle parfaitement digeste.
Un récit dense, fourmillant de détails, qui tient à la fois du polar, de la comédie de mœurs et de la satire grinçante. C’est mordant, irrévérencieux et sans concession tout en restant d’une grande élégance. So british, quoi !
Cassandra Darke de Posy Simmonds. Denoël Graphic, 2019. 95 pages. 21,00 euros.
Cassandra Darke - Posy Simmonds


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois