Le retour à la terre – T6 : Les métamorphoses

Chronique « LE RETOUR À LA TERRE » – tome 6 : Les métamorphoses

Scénario de JEAN-YVES FERRY, dessin de MANU LARCENET,

Public conseillé : tout public (à partir de 10 ans),

Style : Humour
Paru aux éditions DARGAUD, le 29 mars 2019, 48 pages couleurs, 12 euros
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Larcenet ou Larsinet ?

J’ai toujours eu un rapport “complexe” avec les albums de Larcenet. Cet auteur important ( “tête de pont” de la collection “poisson pilote” chez Dargaud) alterne les séries humoristiques et les albums sérieux, pour ne pas dire sombres. Dans la première catégorie, je ne suis pas très réceptif… excepté la série “Retour à la terre” scénarisé par Jean-Yves Ferry.
Dans le côté réaliste et sombre, son chef d’œuvre (« Blast ») multi-récompensé ne m’a que peu attiré. Par contre, son adaptation du “Rapport de Brodeck” en deux tomes (au moins aussi dur et sombre) m’a littéralement scotché. Dans ses albums réalistes, on perçoit son talent de dessinateur, ce qui est moins évident, dans ses albums humoristiques. C’est peut être pour ça, ou peut être pas, qui sait…

Et le retour à la terre t6, alors ?

Ah, oui, c’est vrai, c’est le sujet de cette chronique. Je dois dire que j’ai sauté de joie quand j’ai appris qu’une suite était annoncée… dix ans après le tome 5, ultra convaincu que j’étais que Larcenet et Ferry avaient définitivement arrêté la série. C’est donc avec délice que j’ai replongé dans cette mise-en-abyme loufoque de la vie de Manu Larcenet-Larsinet.
Dès les premières planches, j’ai retrouvé le plaisir de ce nouvel épisode. Comme toujours, nous retrouvons la petite famille de Larcenet installé au Ravenelle, le trou-du-cul-du-monde pour des banlieusards. S’il a surmonté sa peur (irrationnelle) de la campagne, Manu s’interroge encore. Leur enfant, pupuce, a grandi et un nouvel enfant s’annonce… Nouvelle situation donc, où Manu semble près à tout… sauf à être père une nouvelle fois. Pour lui, ce deuxième enfant est le symbole de l’installation dans une vie de famille et cela lui est difficile… Peur de l’attachement (du au statut libéral et libertaire d’artiste ?) ou simplement Le souvenirs de son père qui a abandonné le cocon familial, Manu est en plein doute !

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Ce sujet (profond) aurait pu être traité plein de pathos ou de rancoeur. Heureusement, Ferry l’aborde avec légèreté et intelligence. Il évoque les doutes et imagine des réponses (souvent oniriques et poétiques). Manu s’imagine en oiseau rapportant la becquée à sa famille, “rencontre” son père disparu dans une “cinquième dimension” au fond d’un carton vide, se demande s’il va réussir à faire un autre “Retour à la terre” avec son pote Ferry occupé sur la reprise d’Asterix… et essuie la colère légitime de sa dulcinée devant son déni… Situations cocasses (vraies ou imagées), tout se mélange dans une mise-en-abyme rêvée…
Côté visuel, le traitement choisi est minimal. Chaque “histoire” est travaillée en quelques cases. Manu nous offrent un dessin tout en légèreté, poétique même. Le trait est léger, presque jeté, mais avec précision et subtilité. C’est nerveux, et parfois charbonneux pour les décors. Du grand, du beau, du Manu, quoi !


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