Le Dernier été de Benedict Wells

Le Dernier été de Benedict Wells

Publié aux éditions Slatkine et Compagnie,

" J'ai besoin de souvenirs, tout ce qui compte ce sont les souvenirs " Un prof guetté par la quarantaine, une fille qui n'est pas son genre, un guitariste prodige et l'illusion de pouvoir rattraper le temps perdu.

Benedict Wells est un jeune auteur allemand qui a le vent en poupe. Il a marqué les esprits avec son roman La fin de la solitude, publié aux éditions du Livre de Poche. Slatkine et Compagnie a choisi de publier son tout premier roman.

Benedict Wells choisit de placer son intrigue à Munich, en Allemagne. Robert Beck est professeur d'allemand et de musique dans un lycée. Sa vie n'est pas franchement folichonne. A 38 ans, il est célibataire et n'ose surtout pas s'engager dans une relation. Il fantasme sur Anna, une de ses élèves et vivote, aspirant à des rêves de gloire. Un jour, il remarque Rauli, un élève lituanien pour ainsi dire transparent, mauvais en tout sauf en musique. Quand Rauli tient une guitare entre ses mains, le monde peut bien s'écrouler car le temps s'arrête. Beck voit en son élève la possibilité de toucher enfin les étoiles par procuration. Il décide de devenir l'impresario de Rauli et d'en faire une star mais son élève cache bien des secrets et quand le meilleur ami de Beck, Charlie, s'y met aussi, l'intrigue bascule dans un road trip halluciné.

Beck est un personnage que l'on peut dès le départ détester. C'est un loser qui a raté sa vie ou qui la pense ratée mais qui ne fait rien pour avancer. Obsédé par Anna, son élève, il ne se projette dans aucune relation sérieuse. Lorsqu'il rentre du lycée, il s'affale avec une bière devant la télé. Rien de bien palpitant. Et pourtant, au fur et à mesure, je me suis attachée à ce personnage. Derrière sa nonchalance, Beck est un personnage pugnace et loyal. Il ne laisse pas tomber Charlie lorsque celui-ci se fait hospitaliser. Il va même céder à son caprice et l'emmener rejoindre sa mère en Turquie, dans une vieille Passat! Idem avec Rauli. Beck va épauler le jeune garçon pour en faire une star et il prêt à y passer toutes ses économies.

La première partie du roman nous permet de découvrir la vie étriquée de Beck et ses rêves de grandeur avortés. La seconde partie prend une tournure tout à fait irréelle et se transforme en un road movie déjanté dans lequel la drogue, les armes et les hôtels de luxe ont la part belle. J'ai bien sûr préféré cette partie plus dynamique et plus hallucinée.

Cependant, ce roman me laisse dans une zone complètement floue. Je suis incapable de dire, au terme de ma lecture, si j'ai franchement aimé ce livre ou pas. C'est assez complexe et étrange. J'ai adoré certains aspects du roman qui m'ont fait avancer à toute vitesse dans ma lecture tandis que certains autres m'ont exaspérée.

Le Dernier été est un roman qui interroge le lecteur et le dérange avec ce personnage de Beck à la fois tendre et agaçant. Il va s'en dire que je m'en vais explorer d'autres titres de Benedict Wells, un auteur à suivre...


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois