Chronique « PAN ! T’ES MORT »
Scénario de TERREUR GRAPHIQUE,
Dessin de GUILLAUME GUERSE,
Public conseillé : Adultes,
Style : Humour (très) noir
Paru le 29 aout 2018 aux éditions Delcourt
104 pages couleur,
12,00 euros
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Ca commence comme ça…
Un vieillard décède puis, comme il l’avait prédit, se réincarne, prouvant ainsi que sa théorie était juste, mais aussi que le destin est parfois facétieux. Un autre se libère d’un “poids” avant le trépas sous le regard (et surtout le nez) de sa fille. La vie est ainsi faite. Nous devons tous mourir, alors autant en rire, non ?
Ce que j’en pense
Cette année encore la rentrée dans le monde du neuvième art est chargée en excellents titres. C’est pourquoi, un album comme “Pan ! T’es mort” pourrait passer inaperçu. Pourtant il mérite largement sa place dans une bédéthèque (d’autant plus qu’il s’agit d’un petit format qui prend peu d’espace). Le scénariste Terreur Graphique s’adonne ici à un exercice de style assez périlleux. En effet, essayer de faire rire avec des gags très courts (souvent quatre cases) n’est déjà pas chose aisée mais en plus lorsque l’on choisit la mort comme thème pour son album, l’opération peut vite prendre des allures de commando suicide.
C’est pourquoi l’auteur ne se refuse rien et part du principe que quitte à prendre le risque de choquer, autant y aller à fond. Humour noir et délires scatologiques autant vous prévenir que les inconditionnels de l’humour glacé et sophistiqué du duo Jaoui/ Bacri ne vont pas être dans leur élément avec ce recueil. Pourtant, c’est justement ça que j’ai aimé dans ici, Terreur Graphique m’a surpris de la première à la dernière planche. Il tape sur tout et surtout sans retenue. Des massacres dans les écoles en passant par les bombes humaines même les sujets les plus tabous sont passés à la moulinette du scénariste. Cela m’a rappelé un peu l’humour de personnes comme le Professeur Choron, Édika ou Reiser. Des humoristes pour qui la provocation est ou était un art de vivre.
Rassurez-vous, le scénariste ne se contente pas de la « faucheuse » comme seul ressort comique puisque jeux de mots et clins d’œil aux mondes de la télévision ou des jeux vidéos sont légion.
Guillaume Guerse, de part ses dessins tantôt naïfs, tantôt réalistes, apporte une empreinte visuelle très particulière. Les deux artistes sont vraiment complémentaires, lorsque le scénariste a « la dent dure », le dessinateur adoucit son trait et inversement. Cela permet de faire passer les pires horreurs comme si de rien était. Ne parlons même pas de la bouille d’ange du petit garçon qui sert de personnage récurrent à l’album.
Guerse sait manier ses crayons, c’est indéniable. Il semble même pouvoir nous faire voyager dans le temps au travers d’eux. Son style évolue en effet d’une planche à l’autre entre modernisme et « pop art » tout en réussissant l’exploit de garder une certaine cohérence visuelle. De plus, le côté “cartoon” du dessinateur apporte un brin “d’innocence” permet de tout faire passer, des têtes qui explosent jusqu’aux corps en état de décomposition avancée.
Si « Pan ! t’es mort ! » ne plaira certainement pas à tout le monde, il a le mérite de sortir des sentiers battus. Un petit plaisir honteux qui se lit comme on déguste du chocolat.