La gueule de leur monde d’Abram Almeida

La gueule de leur monde d’Abram Almeida

Résumé :

Le narrateur mène sa vie au Burkina Faso. En tant que chômeur, « homme intègre » et personne pauvre, comme la majorité du pays, il décide de partir du jour au lendemain pour l’Europe, nouvel Eldorado. Cependant, rien ne va se passer comme prévu et les embûches vont se multiplier au court de son voyage. Ce livre nous raconte, certes, l’histoire extraordinaire du narrateur, mais qui est, dans les faits, celle de millions de migrants qui tentent de rejoindre un monde qui se dit meilleur. N’ayant rien à perdre, autant tout miser…

La banalité de l’horreur :

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce livre est son sarcasme. Il est incessant, on le trouve partout. Le narrateur voit, d’une certaine manière, le monde avec des yeux d’enfants. En effet, il observe tout et il prend tout à la lettre de manière naïve. Puis une fois ce constat fait, il rajoute un petit mot, une petite phrase ironique qui montre qu’il n’est pas non plus idiot. Mais il ne s’agit là que de la première partie du livre qui est très facile à lire. Elle nous explique la situation actuelle de l’Afrique selon le point de vue de l’auteur. Même si le malheur est partout et annonce la couleur pour la suite, on nous raconte ça de manière légère avec une touche d’humour qui ne gâche rien. Puis, le début du voyage commence et le ton change complètement. On passe d’un monde de pauvreté où la moindre chose fait le bonheur de chacun à un chaos sans égal : « la faune » comme l’appelle le narrateur. Un monde où les intérêts priment sur la morale, un monde où « les nègres » sont des moins que rien même en Afrique du nord, un monde où on tape sur tout le monde. La mort va ensuite roder à chaque coin de rue. Le narrateur, tout comme le lecteur, finit par s’habituer à l’horreur ambiante, comme pour nous montrer que le quotidien des migrants est famine, esclavage et mort…

Un parcours (extra)ordinaire :

Pour qu’il n’y ait pas de désaccord sur ce qui va suivre : ce que réalise les migrants est incroyable, surhumains et hors de toute la douleur et les épreuves que ce que la majorité des Hommes modernes vont voir en une vie. Mais ce qu’il se passe c’est que on s’attache au narrateur comme on s’attache à un personnage de livre, en se disant « c’est incroyable ce qu’il fait ». Sauf que le narrateur est perdu au milieu d’une foule de migrants qui ont tout lâché pour avoir l’espoir vague, en cas de survie, d’une vie meilleure. Et c’est en cela que l’histoire rend le parcours du narrateur ordinaire. Lorsque Harry Potter est le seul à tuer Voldemort, ou que Frodon est le seul à porter l’anneau (quelques exceptions faites) le narrateur n’est pas le seul à prendre tout ces risques pour rejoindre l’Europe. Il y a, d’ailleurs, une multitude de personnages que le narrateur rencontre et qu’il ne revoit plus par la suite.

Un humour étonnant :

En dehors de tout ce dont j’ai parlé plus haut, ce qui m’a le plus marqué est la manière dont l’auteur réussit de nous faire rire de ce qu’il se passe. En effet, on peut dire sans trop s’avancer que tout ce qui touche à la migration n’est pas quelque chose de joyeux. Mais l’auteur réussit malgré tout à nous faire rire et cela tout en respectant entièrement les migrants. Il ne s’agit effectivement pas de blagues racistes ou autres. L’auteur rigole du ridicule des dirigeants qui les poussent à se retrouver dans cette situation, de l’ironie de certaines situations (comme une scène où les migrants se retrouvent bloqué entre la frontière algérienne et celle marocaine et qu’aucun des deux partis ne souhaitent les laisser passer la frontière).

Ça doit pas faire longtemps qu’ils connaissent l’Afrique ces gens-là, parce que moi du plus loin que je m’en souvienne, ça a toujours été pareil l’Afrique. Des guerres y’en a eu et des biens organisées, avec génocide, crime contre l’humanité et tout et tout. Des famines y’en a eu aussi des bien malodorantes, avec des enfants malnutris, des animaux morts de faim, des gueules squelettiques entourées de mouches… Les mouches ça va toujours de pair avec la famine, c’est comme les asticots, plus il y’a de morts, plus y’en a. 

Mon avis :

Je vais être honnête avec vous, j’ai lu ce roman sur le tard vis-à-vis du large délai qui m’étais imposé j’ai donc voulu rendre ce service-presse dans les temps. Je m’excuse donc par avance à tous les détails que j’ai pu oublier ou si ma chronique me semble un peu juste. Cependant, je voudrai dire que ce livre a été un réel coup de cœur ! En effet, j’ai accepté ce service-presse car le thème proposé était original. Je n’ai pas du tout été déçu de ce point de vue-là. L’auteur est très bien documenté et nombre des lieux qu’il utilise sont des lieux où les migrants sont nombreux. En dehors de cela, le livre est facilement lisible ce qui est un plus à la lecture. Et puis le sujet est superbement traité, l’humour est présent ce qui a été une bonne surprise à l’entame du livre et il permet de traiter d’un sujet plus ou moins tabou puisqu’il remet en question le rôle d’une bonne partie de la population Occidentale (dont, on ne va pas se mentir, je fais partie) : la passivité face à la détresse des ceux qui vivent ces malheurs. Et c’est sans parler de tout ceux qui souhaite qu’on leur ferme la porte au nez. Vous l’aurez donc compris j’ai aimé ce livre !

Remerciements :

Je souhaiterai remercier la plateforme SimPlement pour m’avoir mis en relation avec l’auteur et m’avoir permis de découvrir ce super livre.

Titre : La gueule de leur monde
Auteur : Abram Almeida
Éditions : Auto-édition
Année de parution : 2017
Genre :
Nombre de pages : 261
ISBN : 978-1983167119

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