Des bleus au corps

"J’ai changé, tu sais. Mais le changement prend du temps."
Des bleus au corpsRichter Clara
415 pages
Éditions Dreamland (2018)
Collection young adult
Pas facile pour Estelle, seize ans, de grandir sans sa mère, décédée il y a un an. En plus, son père a décidé de prendre un nouveau départ et de déménager… elle va donc devoir s'intégrer dans un nouveau lycée, changer de vie.
Heureusement, elle rencontre Enzo, un prodige du roller. Estelle se sent immédiatement proche de ce garçon énigmatique et taciturne. Peut-être parce qu'elle comprend que lui aussi cache une vraie souffrance et un lourd secret.
Peu à peu, des liens se nouent, puis une attirance qui se transforme en un amour fragile. Estelle pourra-t-elle apaiser les tourments d’Enzo ? Si elle y arrive, les deux adolescents retrouveront peut-être goût à la vie…
Un magnifique roman sur la force des sentiments.
Extrait :
« Tous me renvoient l’image d’une fille qui m’était inconnue jusqu’à maintenant : une fille sympa, sociable et d’agréable compagnie. Quelqu’un qui mérite qu’on s’intéresse à elle. Quelqu’un qui sait s’amuser. Tous, sauf un. Enzo. Evidemment. Avec lui, tout est plus compliqué. Je n’arrive pas à déterminer s’il me déteste ou s’il me supporte, sans parler de bien m’aimer. Tout ce que je sais, c’est que lorsque je suis avec lui, un phénomène étrange se produit. C’est comme si je sortais de moi, mue par une force extérieure, pour aller lui parler. Tout mon être se tend vers lui. Je ne me reconnais pas. Lorsqu’il est là, ma timidité s’envole, parce que j’ai l’impression qu’Enzo m’a cernée. Je ne peux pas affirmée qu’il a compris, pour mes bras, mais j’en jurerais presque. Je crois que j’ai aussi très envie de pénétrer sa carapace, d’abattre les murs qu’il a dressées entre lui et le reste du monde. »
Mon avis :
J’avais entendu parler de Clara Richter grâce à son roman Ma bonne étoile. Des bleus au corps est le deuxième roman écrit par l’auteure. Le résumé en lui-même m’avait déjà attiré, mais l’histoire d’Enzo et Estelle a bien été au-delà de ce que j’espérais trouver en débutant ma lecture. Les thématiques abordées par l’auteure sont terriblement poignantes - le deuil, l'automutilation, la maltraitance - et nous ne sortons pas indemnes de cette lecture.
Un an après le décès de sa mère, Estelle emménage à Rennes, à quelques kilomètres de son précédent port d’attache. C’est le début d’une nouvelle existence loin des souvenirs devenus trop oppressants pour elle et son père. Déménager signifie aussi intégrer un nouveau lycée et se créer un nouveau cercle d’amis. Estelle s’avère être timide et désabusée, préférant l’anonymat à la popularité. Être invisible est impossible lorsque l’on est LA nouvelle d’un établissement. Pourtant, elle se lie rapidement d’amitié avec Eléonore et Etienne, deux adolescents faisant partie d’un groupe de riders avec qui elle se sent à l’aise. Et, il y a Enzo, un garçon plutôt taciturne qui, malgré sa popularité, garde ses distances avec le reste du groupe. Derrière sa mauvaise humeur constante, Estelle sent qu’Enzo cache quelque chose de douloureux, quelque chose qu’elle seule est capable de comprendre.
Clara Richter nous offre un roman tout en émotions intenses, une histoire où la souffrance est omniprésente. Les sensations coulent des mots de l’auteure avec une certaine fluidité, si bien qu’on ne peut s’empêcher d’être ému par notre lecture, par les sentiments contradictoires qui étreignent les protagonistes. Estelle est une héroïne que j’ai apprécié suivre : elle est adorable, bienveillante. J’aime la manière dont elle prend soin des animaux, dont elle fait passer les autres avant elle. Et pourtant, elle manque profondément de confiance en elle. Pour preuve en est son recours à la scarification durant toute son adolescence. Une entaille les unes après les autres sur ses bras pour se sentir vivante. Avec la perte de sa mère, elle a engrangé énormément de colère. Mais, elle n’est pourtant pas retombée dans ses entraves. Enzo, quant à lui, est un adolescent mystérieux, inconscient, agressif et imprévisible. Il n’en reste pas moins attachant lorsque l’on découvre peu à peu son histoire à travers les yeux d’Estelle. Leur relation est touchante. J’ai trouvé que la fin était trop rapide, trop… quelque chose. Ou peut-être pas assez. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. L’auteure nous laisse sur une note de tristesse, une situation délicate à laquelle on aurait souhaité une note plus positive. On ne peut s’empêcher d’espérer une situation meilleure pour eux tout au long de l’ouvrage. Et, de fait, j’ai été déstabilisé par la réaction de nos protagonistes. Je n’en ai pas moins été bouleversée par ma lecture.
En bref, un livre très touchant, triste mais terriblement beau et bien écrit. Les protagonistes m’ont émue par leur fragilité et leur authenticité. Une histoire dont on sort difficilement indemne et, que je ne peux que vous conseiller de découvrir.
★★★★☆
Stéphanie
Des bleus au corpsClara Richter est enseignante en Bretagne. Elle a remporté le concours littéraire organisé autour de la série U4 publiée par Nathan.
https://clararichterauteur.wordpress.com/

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois