Jean-Gabriel Causse / Les crayons de couleur

Jean-Gabriel Causse / Les crayons de couleur Les crayons de couleur
  • Auteur : Jean-Gabriel Causse
  • Serie :
  • Genres : Littérature
  • Editeur : J'ai lu
  • Collection :
  • Publication: 06/ 06/ 2018
  • Edition: Poche
  • Pages : 311
  • Prix : 7,20€
  • Rating: Jean-Gabriel Causse / Les crayons de couleur

Résumé :

Elle, c'est Charlotte, aveugle de naissance et scientifique spécialiste de ces couleurs qu'elle n'a jamais vues. Lui, c'est Arthur, employé dans une fabrique de crayons de couleur, aussi paumé que séduisant. Ensemble, ils vont tenter de rendre au monde les couleurs qui ont disparu.

Avis de TeaCup :

Je tiens à remercier les éditions J'ai lu pour l'envoi de ce SP.

Quand j'ai lu le résumé et vu la comparaison à Vian, je ne pouvais qu'avoir envie de le lire ! Je pense que le côté " surréaliste " et fou, un peu décalé m'a manqué, je l'ai attendu tout du long et cela m'a donné une attente décalée par rapport à ma lecture. Je n'ai pas retrouvé la force de Vian, incisive presque brutale dans ses mots chez Causse. Donc la comparaison mise en avant m'a peut-être un peu induit en erreur.

Reste que ce roman est un joli moment de lecture, pas bouleversant, car il y manque pour moi de l'émotion, des petites choses qui campent totalement un univers et un roman pour vous marquer durablement, mais il y a quand même plein de belles idées dans ce roman.

On s'éloigne déjà de quelques clichés, on a par exemple une histoire d'amour sans en faire trop. Une mère aveugle qui est plutôt juste, toute en subtilité dans la description et c'est agréable à lire, à suivre.

Le personnage de Arthur qui est un alcoolique au début du roman, loser sur les bords et qu'on suit énormément m'a beaucoup moins parlée. Il fait plus caricaturale, plus lourdaud et personnellement, je ne me suis pas sentie happée par son histoire l'empathie que j'aurais dû avoir ne s'est pas installée ? Je ne sais pas pourquoi. La petite fille, Louise, est aussi en retrait on sent vraiment un enfant en filigrane pas un enfant qui prend sa place et cette ombre de personnage plus qu'un personnage tout entier a un côté un peu creux. On ne sent pas la boule d'énergie, les petites farces ou particularités de l'enfance en Louise, dommage.

Le roman a aussi une particularité très forte et marquée : Causse, l'auteur, est lui-même spécialiste de la couleur, comme son héroïne. On apprend donc dans ce roman une somme de chose parfaitement incroyable sur les couleurs. J'en ai été assez émerveillée, c'est un vrai catalogue d'anecdotes qui s'entrecroisent aux faits scientifiques, à l'histoire de la couleur. Seul souci ? Tant d'infos finissent par prendre le pas sur la cohérence du récit, sa fluidité. Il y en a juste partout, tant et tant que ses " brèves " deviennent le fil tendu du roman bien plus que l'histoire en elle-même. C'est passionnant ! Foisonnant... mais déstabilisant si on n'espérait pas vraiment ça. Personnellement, c'est ce qui a relevé et sauvé vraiment ma lecture, l'histoire me plaisant moins que prévue.

Le vrai ventre mou à mon sens et l'histoire qui m'a semblé totalement téléphonée. Un peu téléfilm. On a une idée géniale, un principe sur le retour de la couleur, génial... et dessus il faut des rebondissements qui sont amenés par des " bandits " comme dans les films. Vraiment tout cet aspect m'a semblé à côté de la plaque pour être honnête. En particulier le rebondissement final pour sauver la situation que j'ai vu venir quasiment dès le départ, j'étais certaine que ça se passerait ainsi. Ça me gêne toujours dans une lecture de me sentir en avance sur le personnage ou d'avoir la solution dès le début. Ai-je eu de la chance dans ma supposition, est-ce vraiment évident ? Aucune idée.

Reste un roman plein d'originalité pour la forme, très documenté, avec une belle idée de départ qui va vous en apprendre énormément. Ça fait aussi réfléchir à notre propre rapport à la couleur (j'ai eu envie de repeindre ma cuisine !) et de profiter un peu plus de ce qui m'entoure, je pense que c'était l'un des messages de l'auteur, il réussit donc son pari sur ce point. Une jolie lecture d'été en somme même si imparfaite à mes yeux, et les yeux voient ce qu'ils veulent, le livre nous le dit assez bien.

Extrait :

Une série d'ondes d'une fréquence de 580 nanomètres excite les cônes moyens du système visuel d'Arthur Astorg. Aussitôt, une activité électrique traverse son cerveau jusqu'à l'aire V4 de son cortex.

C'est la couleur verte qui lui fait cet effet. Plus précisément, la couleur vert pomme des lunettes de soleil de sa voisine, qu'il observe avec insistance, et sans même se cacher depuis sa fenêtre grande ouverte. Ce qui le fascine, ce ne sont ni ses petits seins fermes, ni le corps parfaitement proportionné que l'on devine sous son peignoir entrouvert, mais qu'elle porte chez elle, à l'intérieur, ces grandes lunettes éclatantes.

À quelques mètres de lui seulement, elle tapote frénétiquement sur le clavier de son BlackBerry. Cette jeune femme se promène souvent en petite tenue dans son appartement du XIV e arrondissement dépourvu de rideaux, mais jamais sans ses lunettes. Plusieurs fois déjà, Arthur a rêvé qu'il les lui enlevait délicatement pour découvrir ses yeux. Son rêve s'arrête ici, il se réveille toujours à ce moment-là. Il la croise régulièrement dans le quartier, la plupart du temps donnant la main à sa fille qui doit avoir cinq ou six ans, mais il n'a jamais osé l'aborder. Lui, autrefois si plein d'assurance, n'est plus que l'ombre grisâtre de lui-même.

Jean-Gabriel Causse crayons couleur

Jean-Gabriel Causse / Les crayons de couleur


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