Chronique “SHI – tome 2 – Le roi démon”
Scénario de ZIDROU
Dessin & couleurs de HOMS
Genre : Aventure Fantastique / Chronique sociale
Public conseillé : Adultes / Grands Ados
Paru le 27 octobre 2017 aux éditions Dargaud
13,99 euros
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Ça commence comme ça…
7 ans plus tard. Suite à la pression familiale, la jeune Jennifer a épousé un vieux et argenté bourgeois. Pour s’évader, elle s’enferme dans la chambre noire, où elle développe ses clichés argentiques…
Kita, la jeune japonaise, qui a accouché d’un enfant mort-né durant l’exposition universelle, est résidente dans un bordel de luxe, où ses “aptitudes” ravissent les “amateurs”…
La bonne société londonienne de cette fin de XIXe reste autant attaché à ces conventions sociales, qu’à l’hypocrisie ambiante de la classe dirigeante.
Dans cette mascarade de bonnes moeurs, la reine Victoria est avertie de photos compromettantes de son premier ministre…
Ce que j’en pense
Déjà le second épisode de “Shi”, la série thriller-historico-fantastique de Zidrou et Homs. Dans le premier épisode, Benoit avait exposé une intrigue à plusieurs niveaux et plusieurs époques. De nos jours, un attentat a lieu envers la famille d’un marchand d’armes anti-personnelles. Au XIXe siècle, nous avons suivi le destin de deux jeunes femmes bousculées par la vie. Jennyfer, une fille de bonne famille, rêve de liberté et d’art, mais ses “errances“ (une grossesse inopportune) l’oblige à suivre les désirs paternels de respectabilité et de façade.
Kita, une jeune japonaise venue représenter le japon pendant l’exposition universelle, accouche d’un enfant mort-né. Elle se retrouve en asile psychiatrique, où ses tatouages provoquent des crises… Mais qu’est ce qui lie ces trois histoires ?
Dans ce second épisode de la série (un premier cycle en 4 albums est annoncé), Zidrou et Homs dévoilent (un peu) les ficelles de cet immense jeu. Maintenant que les deux femmes semblent définitivement “enfermées” dans ce système, c’est ce manque de liberté et une opportunité commune qui les réunira…
Carcan social, conventions, parodie de justice, Zidrou tire à boulets rouges sur la société puritaine anglaise du XIXe siècle ! Sur “Shi”, Zidrou joue une partition plus “péchue” et “engagée” qu’à son habitude. On le connaissait empathique, proche des “faibles”, cette nouvelle série met en scène des protagonistes plus actifs qu’à son habitude…
Même si rien ne le montre encore clairement, il est difficile de ne pas voir dans les attentats contemporains, la conséquence de la vie de ces jeunes femmes… Mais n’allons pas plus vite que la musique. Ce qui est certain c’est que ce nouvel épisode montre l’évolution de Jennyfer et de Kita. Dans cette société fausse et violente, quelle solution leur reste t-il ?
Enfin, le fantastique s’invite à la fin de l’épisode pour un final épique et violent !
Au dessin, Le trait semi-réaliste du dessinateur espagnol Homs fait des merveilles. L’ambiance sombre, pour ne pas dire “glauque” est soutenue par les gueules tordues et des plans audacieux. Plongées, contre-plongées, zooms avant, il maîtrise toute la grammaire cinématographique et nous en fait profiter avantageusement.
La narration très fluide nous entraîne dans des cases aux ambiances colorées marquées et un dessin aussi expressif que dynamique. C’est costaud et ça sert diablement bien le propos de Zidrou.
Psst, en attendant le tome 3, ne ratez pas le final sur les toits en feu !
