Conan le Cimmérien – La reine de la côte noire

Chronique “CONAN LE CIMMÉRIEN – La Reine de la côte noire »

Scénario de DAVID MORVAN, d’après la nouvelle de Robert E. Howard 
Dessin de PIERRE ALARY

Genre : Aventure

Public conseillé : Grands ado / adultes
Paru le 2 mai 2018 aux éditions GLÉNAT,
64 pages couleurs,
14,95 euros

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Ça commence comme ça…

Conan le guerrier Cimmérien, est dans la ville d‘Argos. A la recherche d’un emploi depuis une semaine, il n’a rien trouvé, excepté des ennuis. Suite à une dispute de taverne, (qui s’est finie dans un bain de sang), il doit s’expliquer devant un juge, mais ce dernier n’entend rien… Conan sort son épée, coupe la tête du juge, vole son cheval et s’enfuit en bondissant de toit en toit… Arrivé au bord de la falaise, il saute dans le vide. En faisant surface, Conan nage vers le premier bateau. Son capitaine accepte, bon gré mal gré, d’accueillir le guerrier. Celui-ci paiera son voyage en défendant le voilier marchand des pirates en tout genre…  

La série Conan

J’imagine que vous connaissez ce héros ultra populaire, à minima via le film de John Milius, avec le musculeux Schwarzeneger (1982). Né de l’imagination de Robert E. Howard en 1932 dans le magazine “Weird Tales”, c’est le guerrier ultime, sans foi ni lois, capable des plus grands exploits. C’est un héros quasi-invincible (mais humain), qui vit à l’âge Hyboréen, une époque préhistorique (typée âge de bronze ?) « réelle » mais oubliée… Pour ce personnage rapidement célèbre, Robert E. Howard a écrit de nombreux épisodes guerriers et violents, mais ce n’est pas pour autant une épopée (une histoire qui montre la progression de son héros vers un but). Par le jeu des éditions plus ou moins hasardeuses et complétées sans son avis, ce personnage qui utilise ses exceptionnelles conditions physiques pour survivre et non pas imposer sa loi, est devenu synonyme du “guerrier qui devient roi à la force de son épée”. Mais ce n’est pas ce que Howard pensait de sa série. Il voyait en Conan un guerrier-philosophe, qui prend la vie comme elle vient, sans but, ni envie d’élévation sociale. Tour à tour guerrier, pourquoi pas roi, puis voleur, c’est un jouisseur de l’instant, qui voit la vie comme un théâtre. Il vit au premier degré un “Carpe Diem” qui lui permet toutes les audaces et les réalise le plus souvent… Cette différence importante a été rectifiée récemment par le travail éditorial des éditions Bragelonne, et cette nouvelle adaptation de Conan s’inscrit dans cette mouvance, revenir à l’essentiel des romans originaux.  

Ce que j’en pense

 

Avec “La Reine de la côte noire”, Jean-david Morvan et Pierre Alary ont choisi de travailler un des derniers épisodes de Conan. Cette adaptation suit précisément la progression originale par étape. Tout d’abord, nous faisons connaissance avec Conan, un guerrier “barbare” mal adapté à la vie dans la ville. Ce début urbain se clôt rapidement dans l’action, le sang et la fureur. Suivant son instinct, Conan, qui s’enfuit via la mer, s’invite dans le bateau d’un marchand. C’est le début d’une succession d’aventures épiques maritimes et terrestres (accompagnés de combats). Ses adversaires sont toujours plus nombreux, plus forts, plus gros, mais rien ne résiste à ce guerrier audacieux et hors-norme. Des hordes de pirates, un serpent de mer, des armées entières ou le dernier “monstre” d’une civilisation disparue, Conan combat là où le vent et la jouissance le porte… Car en plus du combat, il devient l’homme fort (et l’amant) de Bélit, une femme pirate craint de tous.

Dans cette adaptation, j’ai retrouvé le plaisir de lecture des épisodes romanesques que j’enchainais quand j’étais adolescent. Combats titanesques, émerveillement et philosophie de l’instant, les ingrédients sont là avec la même puissance évocatrice. Évidemment, le visuel de Pierre Alary n’y est pas étranger. Le dessinateur de “Silas Corey” était déjà à l’aise dans ce style de BD musclée (“Sinbad”, “Belladone”, “Moby dick”). Son découpage cinématographique pointu et maîtrisé fait merveille pour traduire les actions épiques. Ceux qui apprécient les détails seront servis. Dans les arrière-plans, des décors super dense et des foules de guerriers au combat se bousculent, tandis que l’action se poursuit dans des cases détachées au premier plan.
Son trait semi-réaliste, à coup de pinceau, fait mouche. Tantôt hyper détaillé, tantôt épuré, il s‘adapte aux sujets et à la lisibilité. De plus, comme ce n’est pas purement réaliste, il sort des références que j’avais en tête (les dessin de Frazetta et le film de Millius).   Alors, si vous voulez découvrir l’univers de Conan, ou juste passer un bon moment – très musclé, cette adaptation de Conan le Cimmérien (jamais Robert E. Howard n’a écrit “Conan le Barbare”) est dans les bons bacs.

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