Camille Verhoeven: un grand policier d’1m45

Camille Verhoeven: un grand policier d’1m45

Brigade Verhoeven – Tome 1: Rosie (Pascal Bertho – Yannick Corboz – d’après Pierre Lemaître – Editions Rue de Sèvres)

A la terrasse d’un café parisien, Jean installe consciencieusement son smartphone sur la table, histoire de pouvoir filmer l’échafaudage qui se trouve juste de l’autre côté de la rue. Pourquoi immortaliser cette scène a priori sans intérêt? Est-il un amateur de chantiers? Un futur entrepreneur en construction? Aucun des deux. A peine quelques minutes plus tard, une bombe explose pile à l’endroit filmé par le smartphone, à la plus grande satisfaction du jeune homme. Pas question pour lui de secourir les victimes. Au contraire, il s’empresse de quitter les lieux, histoire de faire parvenir le plus vite possible les images à tous les médias. Car évidemment, c’est lui qui a posé la bombe, qui ne fait heureusement que des blessés légers. Plus étonnant encore: il se livre lui-même à la police le lendemain. Plus précisément au commandant Camille Verhoeven, un policier méthodique et appliqué, dont la particularité est de ne mesurer que 1m45. C’est à lui seul que le jeune homme veut parler. En interrogeant Jean Garnier, qui s’appelle en réalité John en référence à la chanson « Rosy and John » de Gilbert Bécaud (mais qui déteste qu’on l’appelle par son vrai prénom), le commandant Verhoeven va de surprise en surprise. Tout d’abord, Jean/John lui annonce qu’il a placé 5 autres bombes dans les rues de Paris. Il précise qu’elles exploseront à tour de rôle au rythme d’une explosion par jour si on ne lui remet pas 5 millions d’euros, ainsi que deux billets pour l’Australie pour sa mère et lui. Ensuite, le commandant découvre que Rosie, la mère de Jean, est en prison pour avoir renversé intentionnellement (et mortellement) une jeune femme à scooter. Dernière surprise (et non des moindres): cette jeune femme était la fiancée de son fils! Bizarrement, celui-ci ne semble pourtant pas lui en vouloir puisqu’il cherche à aider sa mère à sortir de prison pour fuir avec elle à des milliers de kilomètres de Paris. Décidément, c’est une drôle d’affaire qui commence pour Camille Verhoeven et son équipe!

Camille Verhoeven: un grand policier d’1m45

Il faut bien le reconnaître: la couverture de ce premier tome de la « Brigade Verhoeven » n’est pas des plus convaincantes. Et c’est dommage, car cela signifie qu’au milieu des piles de nouveautés qui fleurissent chaque semaine dans les librairies, certains lecteurs potentiels risquent de passer à côté de cette adaptation des romans policiers de Pierre Lemaître, l’auteur de « Au revoir là-haut ». Or, cette nouvelle adaptation est particulièrement réussie. Le scénariste Pascal Bertho et le dessinateur Yannick Corboz signent un premier épisode efficace et plaisant à lire. Une série policière qui se révèle en même temps classique et originale, tout en étant à la fois légère et profonde. Pourquoi cette réussite? Tout d’abord parce que l’intrigue est forte, bien sûr, mais aussi et surtout parce que les auteurs consacrent beaucoup d’attention à la psychologie des personnages, qui occupe une place prépondérante dans cette enquête. Ce qui est intéressant, c’est que cet album se penche aussi bien sur les troubles de personnalité du poseur de bombes Jean/John que sur ceux du commissaire Camille Verhoeven. Et dans les deux cas, la principale explication est à chercher du côté de la mère. Le premier souffre d’avoir une mère trop envahissante, alors que le second a grandi de manière solitaire, avec une mère artiste-peintre qui était parfois si perdue dans ses pensées que son fils avait l’impression de ne pas exister à ses yeux. Et puis, il y a les autres membres de l’équipe du commandant Verhoeven. Dans ce premier tome, qui sert avant tout à poser les bases pour les épisodes suivants, ses équipiers ne font encore que de petites apparitions, mais on pressent que le casting est prometteur. Si on ajoute à cela le dessin plein d’élégance de Yannick Corboz, dont on avait déjà pu admirer le talent dans la formidable série « L’assassin qu’elle mérite », on se dit que cette « Brigade Verhoeven » devrait pouvoir trouver sa place dans les rayons bien garnis des librairies BD.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois