Les indomptables • Florence Colombani

indomptables Florence Colombani

Les indomptables • Florence Colombani

Éditions Fayard, 2017 (213 pages)

Ma note : 18/20

Quatrième de couverture …

Quatre beautés à perdre la tête. Quatre déesses qui partagent tout, les amants, les fous rires, les coupes de champagne.
Si Lana Turner, Ava Gardner, Grace Kelly et Lena Horne ont des vies de légende, l’histoire de leur bande tient du conte de fées, qui commence dans l’Amérique oubliée des années 1940-1950.
Lana, fille d’ouvriers, rencontre Ava, échappée du Sud profond. Perdues dans les studios de la MGM, elles deviennent inséparables. Mêmes soirées, mêmes robes, même réveil à 5 heures pour avoir, à midi, l’éclat que l’on attend d’une star. Bientôt Lena Horne, première égérie noire du cinéma américain, les rejoint. Avec Ava, Grace Kelly, bon chic bon genre qui n’est pas encore princesse, s’autorise elle aussi bien des audaces.
Suivez ces indomptables dans un Hollywood vénéneux qui se joue des interdits. Au gré de leurs chemins de traverse, elles vous feront goûter le vent de la liberté.

La première phrase

« “Et si on allait voir les trains ?”
Ce matin, maman s’est réveillée de bonne humeur. »

Mon avis …

Avec la promesse d’une plongée dans l’âge d’or des grandes productions hollywoodiennes, Florence Colombani nous fait découvrir le destin de quatre grandes figures du cinéma d’alors : Lana Turner (la Sweater girl), Ava Gardner, Lena Horne et Grace Kelly (future égérie d’Alfred Hitchcock). Cette lecture est donc l’occasion d’en apprendre davantage sur les coulisses de la Metro Goldwyn Mayer. Si le cinéma des années 1940-1950 est là avant tout pour faire rêver une Amérique qui a besoin de se relever, les strass et les paillettes cachent une vérité tout autre.

J’ai tout simplement adoré, et dévoré, cette lecture. J’ai apprécié le parti pris de l’auteure pour ce qui est de s’éloigner de l’image glamour d’Hollywood pour nous en présenter les travers. Grâce à cette biographie croisée, j’ai ainsi beaucoup appris sur l’envers du décor de la MGM. Saviez-vous qu’en étant recrutées par le grand patron de la firme (Louis B. Mayer), les futures stars montantes du cinéma se devaient parfois de changer de nom pour coller à l’image souhaitée par la Metro ? C’est ainsi que la jeune Judy (Turner) deviendra Lana, un prénom que le studio lui crée sur mesure, pour mimer le soupir de l’extase amoureuse. Mais ce n’est pas tout, la MGM se charge également de gommer les aspérités du CV et de couvrir les scandales de ses protégé(e)s. Rien n’est donc laissé au hasard. En entrant dans le cercle restreint de Culver City, il faut alors savoir s’oublier pour s’approprier un costume crée par d’autres. Et mieux vaut jouer le jeu, sous peine d’être mis au placard. Plutôt terrifiant, à l’instar de Louis B. Mayer, un homme aussi craint que respecté.

Cette lecture a donc totalement modifié mes idées préconçues quant au monde du cinéma des 40’s-50’s. J’ai de même apprécié en apprendre davantage sur le vécu et les personnalités de nos quatre héroïnes. Ava Gardner m’aura fait sourire à de nombreuses reprises. Je ne l’imaginais pas aussi cynique et provocante. Ce devait être un sacré personnage ! J’ignorais qu’elle avait vécu en couple avec Frank Sinatra. J’ai vraiment été émue par les portraits de ses femmes. Elles ont toutes plusieurs points communs : la beauté, mais malheureusement parfois aussi une enfance difficile. Lena Horne m’aura beaucoup touchée. Jeune femme métisse, elle est considérée comme trop noire pour les Blancs, et trop blanche pour les Noirs. Non seulement les femmes de l’époque n’avaient pas le droit d’avorter, mais Lena ne pouvait pas non plus se marier avec un Blanc à cause de la ségrégation. Florence Colombani nous montre alors son combat pour s’imposer, et sa bataille pour pouvoir accéder aux rôles qu’elle souhaitait décrocher.

Je ne sais pas vous, mais j’ai toujours imaginé les femmes des années 40-50 comme étant plutôt pudiques en matière d’amour. Cet ouvrage a de nouveau bousculé mes préjugés. Ava Gardner et Lana Turner collectionnent ainsi les soirées alcoolisées, les amants, voire les maris. J’ai appris que même Grace Kelly se serait autorisée quelques aventures avant son mariage avec le prince Rainier. Elle aurait ainsi vécu une histoire, même si très courte, avec Clark Gable sur le tournage de Mogambo !

En bref, cet ouvrage a été pour moi une très jolie surprise. L’écriture de Florence Colombani se montre agréable par sa fluidité. J’ai réellement eu l’impression de me trouver face à ces quatre femmes d’exception. J’ai grandement apprécié ce voyage dans les années 1940-1950, tout comme j’ai adoré retrouver les références de quelques vieux films que j’aime beaucoup (Autant en emporte le vent, Mogambo, Fenêtre sur cour etc). Le glamour et les paillettes ne sont que de surface, et le temps de quelques pages j’aurai eu l’impression d’être plus proche que jamais du quotidien de ces quatre actrices.

Extraits …

« L’histoire de Lana a fixé dans l’imaginaire des jeunes filles américaines ce que signifie être découverte. Pensez donc : vous êtes là, sans rien demander à personne, et un homme transforme votre destin d’un coup de baguette magique. Comme tout le monde, les sœurs Gardner ont lu dans les magazines ce qui est arrivé à Judy Turner, elles ont vu They won’t forget et rêvé d’être, elles aussi, une jolie fille en pull serré au comptoir d’un drugstore. »

« Une jeune fille aux longues boucles brunes plante son regard dans l’objectif. Elle porte un chapeau de paille, un ruban noué sous la fossette du menton. Elle ne sourit pas, en tout cas pas vraiment. »


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois