#Payetonauteur

Bonjour, bonjour !

Je ne suis vraiment pas du genre à réagir à ce genre de chose, j’admets que les polémiques me rendent tout au plus mal à l’aise, et que généralement, je n’estime pas avoir la légitimité de réagir. Ce n’est pas parce que je ne me sens pas concernée (bien au contraire) ou que ces sujets me passent au-dessus de la tête, mais bien parce que généralement, j’estime (à tort) que ma petite voix de pseudo blogueuse ne va pas apporter quelque chose de plus, d’autant que je ne sais jamais comment en parler pour éviter que mes propos soient mal interprétés… Bref, vous l’avez compris, je ne supporte pas être au cœur de telles situations, et j’évite au maximum le conflit. Jusqu’à aujourd’hui. Parce que, cette fois-ci, c’est un sujet grave et important, et que même si ma voix n’apporte rien, je tenais à faire bloc avec les auteurs !

La polémique est la suivante : sous prétexte que les interventions ne nécessitent pas de préparation au préalable, les auteurs intervenants durant les conférences, les tables rondes et autres animations du salon Livre Paris, ne seront pas rémunérés.

C’est peut-être une des choses les plus choquantes que je n’ai jamais entendues. Après toutes les manifestations qu’il y a eu depuis l’année dernière : avec Maxime Chatham choisissant de boycotter le salon pour la même raison et plus récemment en novembre avec La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse au Salon du Livre de Montreuil, mais aussi avec les blogueurs qui se battent pour que l’on reconnaisse leur travail, comment peut-on encore ne pas payer un auteur pour son intervention ? Et non, la visibilité et la promotion de l’auteur. e par sa présence lors des conférences, n’est pas une rémunération, désolée de vous décevoir, tout comme un livre gratuit n’est pas une rémunération pour un blogueur.

La colère gronde chez les auteur. e. s, ce que l’on peut comprendre et en réaction, Livre Paris, publie en catimini, un communiqué sur son site (aucune manifestation sur les réseaux du reste, étrange…) le 02/03/18 :

« La direction de Livre Paris et du Syndicat national de l’édition (SNE) confirment que, comme en 2017, tous les auteurs et artistes intervenant sur la Scène Jeunesse du Salon sont rémunérés compte tenu de la forme de leurs interventions (ateliers et/ou autres formats artistiques singuliers). Ce dispositif est élargi aux auteurs intervenant dans les mêmes conditions sur les autres scènes, en particulier sur la nouvelle scène Young Adult. »

Parce que c’est vrai, c’est bien plus important de parler de nos followers et faire de la promo est plus important que de parler des vrais problèmes ou de s’acharner à penser que la promotion et la visibilité fait office de rémunération pour un auteur…

Au risque de répéter des faits que l’on pensait pourtant établis depuis un moment, rappelons juste que : le Salon Livre Paris est l’un des plus gros salons de France, que l’entrée, et payante ce qui, osons le dire, le rend inaccessible pour certains, mais soit, passons, que pour les professionnels, le salon est hors de prix. Mais surtout : si le Salon du LIVRE existe, c’est bien grâce aux AUTEUR.E.S qui publient ces LIVRES. Donc sans auteur. e. s, pas de livre, pas de salon. « Pas de pierre, pas de construction, pas de construction, pas de palais, pas de palais… pas de palais. »

Rappelons aussi qu’un très petit pourcentage d’auteurs parvient à vivre de l’écriture, continuer dans cette voie c’est renforcer la précarité dans laquelle ils vivent, c’est ne pas respecter le très long travail d’un auteur, sa passion, ce grâce à quoi ce salon existe, ce qui permet aux maisons d’édition, à tous ces dirigeants de vivre. À côté de cela, que sont les auteurs ? À part une mine d’or que l’on exploite ? De quel droit estime-t-on qu’une intervention vaut plus qu’une autre, que certains méritent d’être payés et pas les autres ? Est-ce que les auteur. e. s jeunesses sont moins méritant que les autres ? Est-ce que les petits auteurs français valent moins que les « superstars » américaines présentes au salon, qui elles, je suis sûre, n’ont pas de problème de rémunération… Mais je m’égare.

J’espère, je l’avoue, devenir auteure un jour, moi aussi, et honnêtement, dans les circonstances actuelles, être exploitée de la sorte ne me tente guère. Quand on voit les heures de travail que demande l’écriture d’un roman, à quel point c’est difficile d’être publié, le peu que cela rapporte à un auteur, au prorata des heures de travail, que l’on estime qu’un intervenant ne doit pas être rémunéré sous prétexte qu’il ne prépare pas son animation, que la publicité que ça lui fait est suffisante… Il devrait être inutile de préciser que tout travail mérite un salaire. Apparemment, cela ne s’adresse pas aux auteur. e. s, eux ne méritent pas cette chance. Bravo, belle mentalité.

Bref, en soutient au mouvement, je ne viendrais pas au salon, j’accompagne ces auteur. e. s qui refusent de s’y rendre. Et j’espère vraiment que les mentalités vont changer, parce qu’il n’est pas normal qu’encore aujourd’hui, de tels problèmes soient mis en avant, que l’on traite de cette manière les artistes et les créateurs, les « plans B »…

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois