Éparse, Lisa Balavoine


Je suis un mouton victime d'Instagram : après y avoir vu et revu "Éparse", avoir tournicoté autour en librairie, l'avoir ouvert, presqu'emporté, puis reposé, je me suis finalement jetée dessus après la xième chronique de blog passionnée et passionnante, pleine d'appréhension et d'attentes : et si ce roman que tout le monde porte aux nues, et si moi je le trouvais banal ? S'il ne me touchait pas ?
Nous sommes partis trois jours à Disneyland Paris, et je l'ai ouvert dans la voiture, une fois nos petites têtes blondes assoupies. Au bout de quelques pages, j'avais le coeur serré, et à la moitié du livre, les larmes aux yeux, j'ai posé la main sur celle de mon amoureux et je l'ai serrée très fort. J'ai refermé le livre, puis je l'ai repris petit à petit, picorant quelques lignes ici et là, éparses, savourant le texte, cornant des pages, relisant certains passages.
Je l'ai terminé à regret, j'en aurais bien lu 500 pages.
Sous-titré "roman", ce texte l'est-il réellement ? En paragraphes séparés d'une étoile, Lisa Balavoine fait l'inventaire de sa vie : celle d'une femme de 40 ans, divorcée, mère de trois grands enfants, qui se plonge dans ses souvenirs d'enfance, la séparation de ses parents, ses amitiés, son adolescence, ses premiers émois, la maternité, sa vie de femme, le sexe, les ruptures, la musique, les livres, tout ce qui fait une vie.

Et c'est quasiment universel : c'est la force de ce texte, chacun (et surtout chacune) s'y retrouve, à un moment. On a tous les mêmes souvenirs d'enfance, de vacances, d'émois, de rêves. Lisa Balavoine alterne les passages déchirants à propos d'une rupture avec des listes d'hommes célèbres qu'elle aime, des phrases toutes faites entendues, de répliques de films, de paroles de chansons. Elle nous fait voir la bande originale de sa vie, et ça pourrait être la nôtre.
Ce que j'ai préféré : ses anecdotes, si vraies, si touchantes, et les passages sur la maternité.
Le roman respire la nostalgie et la mélancolie, l'ultramoderne solitude, les regrets, les souvenirs douloureux, et m'a bouleversée à chaque page.

Il m'est difficile d'en écrire une chronique construite, à l'image du livre que je viens de terminer. Je jette sur le clavier mes impressions à chaud, et mon sentiment d'avoir lu quelque chose d'original dans sa forme, mais de profondément humain, et sais déjà que je vais le relire, plus lentement encore, et corner d'autres pages.
Merci Lisa, j'ai un peu l'impression de vous connaître à présent ...
"Eparse", Lisa Balavoine, Lattès, 2018, 250 pages, et une jolie bande originale à la fin