Un hiver de glace. Daniel WOODRELL - 2016

hiver glace. Daniel WOODRELL 2016

Quelque part dans le sud des Etats-Unis, dans les monts Ozarks ( CLIC), au milieu d'une nature hostile et enneigée, au cœur de l'hiver glacial, les Dolly vivent les uns à proximité des autres, presque en consanguinité, et toujours dans l'hostilité.

Tous fabriquent, consomment et trafiquent de la coke.

Parmi eux, Ree, une jeune ado fière et déterminée de 14 ans. Elle rêve de partir et de s'engager dans l'armée.

Elle s'occupe seule de sa mère, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, de ses deux jeunes frères, Harold et Sonny.

Leur père, Jessup, est encore parti elle ne sait où et doit elle doit faire face à une terrible nouvelle. Pour payer sa caution dans l'attente de son procès, son père a hypothéqué sa maison et tous ses biens. Mais il doit se présenter dans une semaine...

Autour d'elle, peu de monde pour l'aider, Gail sa meilleure amie (et dont Ree semble amoureuse) mariée à celui qui l'a engrossée et dont le fils est tout son univers, son oncle Larme, Megan mais qui lui dit plus de rester tranquille que de s'agiter, Sonya qui lui apporte de quoi manger car ils n'ont plus rien ou presque.

Ce roman est extrêmement dur, violent.

De par son histoire, les conditions de vie de cette famille, comme de ceux qu'elle côtoie, mais aussi de par sa narration, les mots choisis et ce qu'ils induisent.

Bien que contemporain, j'ai maintes fois été tentée de croire qu'il nous décrivait une situation du siècle passé, voire de la fin XIXe siècle tant la précarité de cette famille est cinglante.

Ree qui apprend à ses frères à se servir d'un fusil pour tuer les écureuils car ils n'ont plus rien à manger, elle qui rince les cheveux de sa mère au vinaigre ou se fait sévèrement bastonner par des femmes, la loi du silence, la vulgarité, ces coutumes d'un temps archaïque...

Les mentions de camion, télévision, frigo me ramenaient toujours avec étonnement à aujourd'hui.

Ce sont les femmes qui font ce roman, la manière dont elles vivent, se battent, co-existent.

Leur situation, à aucune, n'est enviable.

Et pourtant, c'est aussi un roman d'amour filial et familial.

J'ai bien failli le lâcher, mais je m'y suis accrochée.

Le lieu et l'époque ne sont pas les mêmes, mais l'on ressent dans tous les deux le côté sombre du récit et le poids oppressant du déterminisme social.