Le Bug de l’an 2041

Le Bug de l’an 2041

Bug – Livre 1 (Enki Bilal – Editions Casterman)

Et si toutes nos données numériques disparaissaient en une fraction de seconde? C’est exactement ce qui se produit le jeudi 13 décembre 2041. Ce jour-là, un raz-de-marée informatique d’origine inconnue aspire toutes les données virtuelles stockées dans le monde. Tous les disques durs sont vides, plus aucune donnée nulle part, plus d’archives, plus de codes, plus rien. D’une seconde à l’autre, le chaos s’installe. Car si le bug empêche tous les appareils numériques de fonctionner, il a également d’autres conséquences inattendues… et dramatiques. Un peu partout, des citoyens tombent raides morts suite à l’arrêt de leurs implants médicaux numériques, des dizaines de milliers de personnes se retrouvent bloquées dans des ascenseurs numérisés et plus de 300 avions automatisés s’écrasent suite à la « dévitalisation » de l’informatique mondiale. Dans l’espace aussi, le bug a des conséquences fâcheuses. Privés des fonctions numériques de leurs navettes, les astronautes doivent revenir au pilotage manuel pour retourner vers la station spatiale internationale. Parmi eux se trouve notamment Kameron Obb, le seul survivant d’une mission sur Mars, qui est attendu impatiemment sur Terre par sa fille Gemma. Porteur d’un parasite extraterrestre qui semble avoir décimé son équipage et qui se manifeste par une tache bleue qui grandit sur son visage, Obb stupéfie les autres astronautes lorsqu’il apparaît qu’il a accueilli dans son cerveau toutes les données informatiques mondiales…

Le Bug de l’an 2041

La sortie d’un nouveau livre signé par Enki Bilal est toujours un événement. Depuis près de 40 ans, l’auteur et cinéaste français né à Belgrade, en ex-Yougoslavie, signe des bandes dessinées au ton et au graphisme uniques. Des BD sombres et crépusculaires (comme « La trilogie Nikopol » ou « Le sommeil du Monstre », par exemple), dans lesquelles il aborde les principaux thèmes qui l’obsèdent: la mémoire collective, la géopolitique, les rêves d’immortalité… Avec « Bug », Enki Bilal adopte un ton un peu plus léger et malicieux pour dénoncer les dangers de notre addiction digitale. Un thriller d’anticipation dans lequel il imagine les effets dévastateurs d’un immense black-out numérique. L’occasion pour lui de nous mettre en garde par rapport à notre dépendance de plus en plus grande à tout ce qui est numérique. Non sans dérision, d’ailleurs. Enki Bilal imagine notamment des citoyens obligés de se remettre à écrire des journaux sans recours au correcteur orthographique. Du coup, les articles sont bourrés de fautes! « Il va falloir revenir au papier, à l’encre et à la notion de mémoire. Pas vive, mais vivante, la mémoire. Celle de nos cerveaux », souligne un des personnages. « Parce que vous croyez qu’on saura encore s’en servir, de nos cerveaux? », lui répond un autre. Graphiquement, cela reste du Bilal pur jus, avec de magnifiques grandes cases dans lesquelles il imagine les villes du futur, en n’hésitant pas à placer une grande mosquée juste à côté de Notre-Dame à Paris. Il garde aussi sa passion pour le bleu: la tache qui grandit sur le visage de Kameron Obb a la même couleur que les cheveux de Jill Bioskop dans « La Femme piège ». Au niveau du scénario, par contre, Enki Bilal change légèrement son fusil d’épaule. Le rythme de ce premier tome de « Bug » est plus soutenu que celui de ses dernières BD, tandis que le ton est moins sombre. A 66 ans, Bilal a toujours la pêche!



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