Un vendredi dingue, dingue, dingue (Freaky Friday) de Mary Rodgers #Switch (1)

Frayeur nocturne…

Moi (me réveillant en sursaut et en colère): Viens ici !
Chéri (se réveillant à son tour et complètement): Qu’est-ce qui se passe ? A qui tu parles?
Moi (essayant de me calmer): Désolée… J’ai rêvé que j’avais changé de corps avec ma patronne, La Reine de Glace.
Chéri (se frottant les yeux): Hein ?
Moi (gigotant mes bras dans tous les sens): Elle essayait de te coincer dans MON bureau pour faire… Beurk ! Je l’ai poursuivi dans les rayons de la librairie avec l’extincteur pour lui éteindre…
Chéri (me stoppant) Ok, ok… (se recouchant en baillant) Fais dodo
Moi (me recouchant en marmonnant): Tu pourrais me dire merci d’avoir protéger ta vertu…
Chéri (pouffant de rire): Ok… Dors maintenant.

Un vendredi dingue, dingue, dingue (Freaky Friday) de Mary Rodgers #Switch (1)


AUTEUR:
Mary Rodgers
TITRE: Un vendredi dingue, dingue, dingue (Freaky Friday)
ÉDITEUR, ANNÉE: Fernand Nathan, 1985
NOMBRE DE PAGES: 174 pages.

Heureusement, ce n’était qu’un rêve… Enfin, un cauchemar… Bref ! La thématique de l’échange de corps entre deux protagonistes qui sont en pleine discorde a souvent été utilisée dans la littérature et au cinéma. Tout en apportant des quiproquos amusants, elle permet une compréhension mutuelle des personnes la subissant.
Voici une des références de ce genre: « Un vendredi dingue, dingue, dingue » (Freaky Friday, en anglais) de Mary Rodgers.

Résumé:
« Par un transfert inexplicable, Anabelle est changée en sa propre mère. Cette métamorphose l’oblige à affronter les responsabilités de cette dernière, avec son expérience d’adolescente de treize ans. Ce changement phénoménal lui permet de découvrir et d’améliorer sa personnalité. 
Dans une suite de situations loufoques, Mary Rodgers trace la caricature d’une adolescente au langage coloré et souligne quelques traits caractéristiques des adultes. »

« Vous n’allez pas me croire, aucune personne saine d’esprit ne pourrait me croire une seconde, et pourtant c’est la pure vérité ! Ce matin, en me réveillant, je me suis aperçue que j’étais changée en ma mère ! »

Dès les premières lignes du roman, Anabelle nous met devant le fait accompli:
– Elle s’est réveillée dans le corps de sa mère.
On pourrait s’attendre à une réaction pleine de frayeur où le personnage se demanderait, si tout cela est bien réelle. Eh bien non ! Bien que surprise, Anabelle comprend que sa mère veut lui donner une leçon suite à leur dispute de la veille. Elle décide même de profiter de la situation pensant que sa chère maman déborde de temps libre pour s’occuper d’elle, sortir avec ses amies, regarder la télé, aller le soir au cinéma… Bref ! C’est à son tour de s’amuser. Et comme cela est toujours le cas, le personnage va vite comprendre que « l’herbe n’est pas aussi verte chez le voisin ».

« Un vendredi dingue, dingue, dingue » fait partie de mes premières lectures jeunesses pour  lesquelles j’ai un attachement particulier. Petite, bien avant de savoir lire, j’étais fascinée par tous les livres qu’avait ma grande soeur et je lui piquais à chaque fois ce roman pour regarder les illustrations… Et les colorier. Mea Culpa ! Puis j’ai découvert l’histoire fantastique de cette fille qui se retrouvait à la place de sa mère. Je riais face aux quiproquos et je savourais déjà l’art de la répartie.

Je retrouvais donc, avec plaisir ces derniers jours, le style simple et bien rythmé du récit de cette journée riche en événements. Etant placée du point de vue de la jeune Anabelle qui a un sacré tempérament, celle-ci comprend très vite que, bien que sa mère s’occupe du foyer et ne travaille pas, ce n’est pas pour autant qu’elle passe ses journées à se languir devant la télé ou sortir avec ses amis. Bien au contraire !  Elle va s’apercevoir que les parents ont autant de préoccupations, voire plus que leurs enfants et qu’ils ne cherchent qu’à les protéger. Quant à l’humour, il y est bien présent et les illustrations de Patrice Douenat en pleine page s’accordent parfaitement avec le ton du texte.

Pourtant, le roman n’est pas exempt de petits reproches. Comme je le souligne plus haut, le procédé du changement de corps entre les deux protagonistes a pour but qu’ils ont une meilleure compréhension et entente l’un envers l’autre. Ce qui n’est pas  vraiment le cas dans ce roman, car nous restons seulement du point de vue d’Anabelle. Le résumé de la journée de la mère dans la peau de sa fille se résume en gros à 3/4 pages et cela est bien dommage. Le leçon de cette histoire n’est donné qu’à Anabelle. Ce détail sera, d’ailleurs, corrigé dans sa première adaptation au cinéma avec la toute jeune Jodie Foster en 1976.

Ensuite, en le relisant avec un regard plus adulte, j’ai porté mon attention sur des détails qui m’importaient peu petite:
– Ecrit au début des années 70, nous avons une représentation « typique » du cadre familial qui fut souvent mis en avant au cinéma et dans les séries, avec le père au travail, la mère au foyer et les deux enfants. Vous avez bien compris, c’est le fameux « American way of life ».
Sur ce point, mon côté nostalgique a pris un  petit coup dans l’aile. Je n’ai pas vraiment apprécié le ton légèrement condescendant, voire paternaliste du père de famille envers sa femme. Pour exemple, la scène de l’argent qu’il donne pour faire les courses… Bref ! Le jeune voisin Boris, dont Annabelle est secrètement amoureuse, est la cible de critique, car il aime cuisiner et fait du baby-sitting. Et d’autres « agréables » petites choses qui ont tendance à me faire grincer des dents…

Conclusion:
Ce livre  qui a été un adorable souvenir de jeunesse allait-il être brisé par la dure réalité que me mettait face à moi la lectrice adulte que je suis devenue ?

Eh bien non ! Tout d’abord parce que c’est un livre que je tiens depuis de nombreuses années et pour lequel, au-delà de la lecture, je lui porte un affectif très fort qui me renvoie à ma famille. Je ne peux pas détruire cela.

Puis ce roman est un parfait « instant T ». Ce que je veux dire, par cette expression, c’est qu’il est une  sorte de photo instantanée d’une société qui n’est plus la nôtre (le statut de la femme, le symbole du « chef de famille », la non-présence de notre technologie actuelle etc…). Bien plus encore, je trouve pertinent d’avoir dans sa bibliothèque différents romans jeunesses venant de décennies, voire de siècles différents. On peut constater comment ceux-ci ont évolué au fil du temps, avec l’influence des mœurs des sociétés qui se sont succédé, voire même face à la censure et aux controverses. Cela se retranscrit beaucoup à travers les sujets choisis, le vocabulaire utilisé, les illustrations… Bref ! Un petit témoignage temporel.

Et pour finir, « Un vendredi dingue, dingue, dingue » est un roman de jeunesse qui vous fera passer un agréable moment. Certes, il a pris un côté désuet, mais je trouve pertinent de découvrir ce classique de la littérature jeunesse américaine  qui fut, il ne faut pas l’oublier, une des sources de référence pour tous les films utilisant la thématique du changement de corps entre deux protagonistes. D’ailleurs, si cela vous tente, vous pouvez regarder l’adaptation de 2003 avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan qui est vraiment cool, bien amenée et qui… Ne sera pas le film que je vais vous parler en duo avec cette chronique. Désolée, mais ce sera un bien plus récent… Un animé qui a plu à beaucoup d’entre nous. A très vite !

(Image à la une de oneKATIE )



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