Orphelins de Dieu. Marc BIANCARELLI - 2016

Orphelins de Dieu. Marc BIANCARELLI - 2016

Orphelins de Dieu

Marc BIANCARELLI

Editions Babel, août 2016 (Actes Sud, 2014)

240 pages

Thèmes : Corse, XIXe siècle, vengeance, famille

Dès la sortie de ce roman en 2014, j'ai été aimantée.

Parce que son auteur et son cadre sont corses, parce que sa couverture est à la fois magnifique et inquiétante.

Vous dire si j'ai aimé ? Je ne sais pas...

Mais il ne m'a pas laissé indifférente, sans pour autant que je sache vraiment dire pourquoi.

J'aimerais le relire.

Dans les montagnes corses du début du XIXe siècle, une jeune fille, Vénérande, marche aux côtés de l'Infernu... Vieux tireur à gages abîmé, il accomplit là sa dernière mission, il le sait.

Elle a été le chercher lui, elle le voulait, lui, pour assouvir sa vengeance.

Pour tuer ceux qui ont torturé et défiguré son frère, le " petit Charles ", anéanti leur vie.

L'Infernu est une légende...

Alors c'est pour ça que nous t'appelons L'Infernu.
Tu te bats comme si rien n'en dépendant, que ta vie et celle de tes compagnons, que ce souffle qui te porte à l'instant où tu es, et tu n'es depuis toujours qu'un fils de la cité dolente. Je n'ai pas connu tes malheurs dans l'enfance, Ange, et je sais que tu as d'autres raisons que les raisons de ta patrie, mais je t'aime bien.
Je t'aime beaucoup. Je pense même que j'ai combattu plus longtemps que je ne devais rien que parce que des hommes tels que toi étaient à mes côtés. Je veux dire des orphelins de Dieu. De ces jeunes combattants que le destin a jetés par les chemins. Non pas la liberté qu'on nous a prise, mais cette misère que les guerres ont semée, et ces injustices qui ont poussé sur la lie des batailles.

Le contrat s'est conclu dans une taverne puis dans une cabane abandonnée au milieu de marais infâmes.

Ils cheminent ensembles mais leurs échanges sont sporadiques.

Seul lui parle vraiment, pour elle ? Pour lui ? Pour la ou se mettre en garde ? Plus de la vie que de ce qui les attend ? Pour s'amender ?

Il se raconte donc

Il décrit sa jeunesse et sa vie faites de violences innombrables, ses compagnons de brigandages et de meurtres, son engagement dans l'" armée des insoumis ", des mercenaires sans foi ni loi...

Les " amitiés " de voleurs, les voltigeurs à leurs trousses...

Il se raconte et transmet à elle qui appelle " Fille ".

Mais une fois les gestes accomplis et la vengeance terminée, que peut-il rester ?

Lui sait, ou plutôt espère...

Mais pour elle ?

Ce roman, façon western, est dur. Ecriture âpre, concise et incisive, coupée au couteau.

Il nous décrit une histoire sombre, archaïque, violente mais toujours latente.

Il nous dévoile la Corse rurale, des montagnes, des rivalités et convoitises d'alors, objet elle-même de marchandages.

Ce monologue épique mais entrecoupé, cette plongée dans l'histoire, méconnue, de la Corse, cette écriture à vif, rendent le récit parfois difficile à suivre.

Et laisse un sentiment confus et indéfinissable.

Les nouvelles du pays n'apportaient rien de bon.
On y pendait et on y fusillait sans procès comme aux plus beaux jours, les maisons de leurs partisans étaient rasées par les sbires, les champs recouverts à la chaux. Il était question de drames, de parents suppliciés ou envoyés au bagne, d'épouses remariées. Des proscrits étaient partis définitivement pour la Sardaigne, sans parler de reprendre le combat. A part eux, il n'y avait plus grand monde en Toscane hormis des fidèles ou des proches de l'Empereur qui tenaient salon à Livourne et s'inventaient une ridicule cour d'Etrurie où ils se pavanaient vêtus comme des princes de pacotille.

Ce roman a reçu le Prix Révélation de la SGDL et le Prix du Livre corse.

Marc Biancarelli, né en 1968, est enseignant de langue corse.

C'est dans cette langue qu'il a publié la plupart de ses écrits : poèmes, nouvelles, pièces et romans.


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