Feral de George Monbiot

Feral de George MonbiotDeux mots avant de commencer : d’abord, ce livre est écrit en anglais et non traduit en France, soyez courageux et munissez-vous d’un dico. Ensuite, brève présentation de Monbiot, une sommité outre-Manche : c’est un journaliste anglais, militant écolo et éditorialiste du Guardian (lisez quelques uns de ses articles, que du bonheur, et notamment celui-ci : http://www.monbiot.com/2017/05/19/fell-purpose/ ). Et puis c’est surtout l’auteur de ce monumental bouquin, Feral.

Une nature férale c’est une nature domestiquée qui est retournée à l’état sauvage et c’est ce que Monbiot appelle de tous ses voeux en Angleterre, au Pays de Galles et en Ecosse. Et côté nature, contrairement à ce que l’on pourrait croire, nos voisins d’Outre-Manche ne sont pas gâtés ! Les Anglais aiment la nature certes, mais une nature domestiquée, sous contrôle et évoquant sans nul doute la Comté des Hobbits ! A tel point que l’ennemi n°1 de George Monbiot, c’est le mouton !  Comme dans notre pays, l’élevage ovin a tendance à s’étendre notamment parce que la filière est soutenue à l’aide de subventions. Et les moutons se rencontrent pratiquement dans le moindre espace naturel. Cela a pour conséquence le modelage des paysages anglais (gallois et écossais n’échappent pas à cette malédiction) que nous connaissons aujourd’hui (genre pelouse tondue à ras). Principalement des landes, des endroits dépourvus d’arbres de préférence, où les grands animaux, herbivores comme carnivores, sont absents, à une ou deux exceptions près (à des fins de chasse par exemple).

George Monbiot arpente tous les espaces soi-disant naturels de son royaume, rencontre des gens, discute avec des spécialistes et va même voir au-delà des frontières si ses voisins européens font mieux. Il est vrai que les friches gagnent du terrain grâce à la déprise agricole en certains pays, c’est encore timide certes, mais le processus est bel et bien enclenché. Toutes ces merveilleuses perspectives donnent des idées saugrenues à Monbiot et le voilà qui se prend à rêver d’une Angleterre peuplée d’une biodiversité sauvage. Soyons fous, et ramenons le loup, le lynx, le castor, le sanglier ou encore la forêt en Ecosse ! Car Monbiot pense en plus grand et en plus sauvage.

“Arrange these threats in ascending order of deadliness: wolves, vending machines, cows, domestic dogs and toothpicks. I will save you the trouble: they have been ordered already.

The number of deaths known to have been caused by wolves in North America in the twenty-first century is one: if averaged out, that would be 0.08 per year. The average number of people killed in the US by vending machines is 2.2 (people sometimes rock them to try to extract their drinks, with predictable results). Cows kill some twenty people in the US, dogs thirty-one. Over the past century, swallowing toothpicks caused the deaths of around 170 Americans a year. Though there are sixty thousand wolves in North America, the risk of being killed by one is almost nonexistent.”

Faire revenir la nature ou en tout cas le laisser prospérer à nouveau peut rapporter autant que l’élevage ou la chasse, et en outre le bilan est positif aussi bien que le plan écologique que social. En résumé, Monbiot ne manque d’arguments solides et de bon sens, sous ses idées folles. Il n’est guère écouté cependant, ni par l’Administration, ni par les éleveurs, même si une partie de ses concitoyens réfléchissent sérieusement à la question. Il y a donc fort à parier, malgré le fol enthousiasme de sa prose, que George Monbiot continue à rêver de longues années cette nature férale car elle suppose une remise en question totale et un changement radical de vie que peu de personnes oseraient concrétiser. Je dois reconnaître, et cela Monbiot n’en parle pas, qu’il existe un peu partout dans le monde des initiatives menées par des propriétaires, particuliers ou associations pour reboiser ou réintroduire des espèces sur le long terme. Qui sait si un jour, nous ne reverrons pas le bison brouter tranquillement l’herbe d’une vaste forêt française…

PS : Ci-dessous, un paysage du pays de Galles détesté par Monbiot, le Cambrian desert. Vous noterez l’absence d’arbres et d’animaux sur une vaste superficie…

Feral de George Monbiot

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