Chronique « tramp, tome 11 – Avis de tempête »

Scénario Jean-Charles Kraehn, dessin de Patrick Jusseaume et Jean-Charles Kraehn,

Public conseillé : Adultes / Adolescents,

Style : Aventure maritime,
Paru aux éditions Dargaud, le 15 septembre 2017, 13.99 euros,
Share

L’Histoire

Le commandant Yann Calec a repris la route à bord du ”Pierric”, emmenant sa femme et sa fille à bord. Parti du Cap, le “Liberty Ship” remonte la côte orientale de l’Afrique, Direction Djibouti, pour livrer une cargaison de fruits exotiques.
Quant un “coup de tabac” arrive, Yann reste maître de la situation. Dans le roulis, la cargaison se détache et les caisses éventrées révèlent un contenu caché : des armes de guerre !
Yann réunit ses hommes dans le carré des officiers, pour décider s’il faut jeter les armes à la flotte ? Soutenu par le bosco, Yann propose une autre option. “Le Pierric” change de cap et fait halte pour cacher les armes. Quand les trafiquants se montreront, il pourra négocier chèrement l’endroit de la cachette…

Le contexte, la série

La série “Tramp” est (pour les amoureux de la mer dont je fais parti) une référence en bande dessinée. Parfaitement documentée et respectueuse de la réalité de la marine marchande des années 50, la série plonge le jeune Yann Calec dans des aventures, dans la grande tradition des romans du genre. Créée en 1993 par Patrick Jusseaume (dessin) et Jean-Charles Kraehn (scénario), elle porte la marque de ce duo d’auteurs, conjuguant des scénarii souvent contemplatifs et un dessin réaliste et élégant.
Fin 2011, la série s’est arrêtée, suite aux problèmes de santé de Patrick. Cinq ans plus tard, les auteurs ont continué l’aventure, mais Patrick Jusseaume a abandonné à la page 30, laissant la fin (24 pages de scénario et dessin) à son complice. C’est donc un album en 2 parties très marquées (même en rythme), mais néanmoins une seule histoire, que vous pourrez découvrir dans ce onzième tome.

Ce que j’en pense

C’est avec un réel plaisir que j’ai retrouvé la série “Tramp” et son héros, Yann Calec. Pour le commandant, la situation personnelle a changé, car il a femme et enfant à bord. Malgré cette nouvelle donne, les auteurs nous embarquent dans une nouvelle aventure mouvementée, comme son titre (“Avis de tempête”) le laisse supposer. Et ce n’est pas uniquement au danger de la mer que le titre fait allusion…
Découvrant par les aléas du voyage que la car la cargaison est truffée d’armes illégales, Calec et ses hommes décident de “voler les voleurs” pour améliorer la trésorerie. Une décision qu’il vont regretter amèrement…

Avec ce nouvel épisode, j’ai retrouvé tout le sel de la série : une grande aventure maritime hyper documentée et réaliste, qui lorgne sur les romans du genre du XIXe et début XXe, un mélange entre scènes contemplatives (vie à bord du bateau) et intrigue, sans oublier une réflexion sur la condition humaine… Une fois de plus, tout est réuni pour nous faire voyager par procuration, sur le “Pierric”, au large de l’Afrique…

Même si le plaisir fut là, j’ai été surpris par le dessin. Patrick Jusseaume, sans doute amoindri par sa maladie, construit un dessin toujours aussi élégant, mais moins précis que d’habitude, plus “esquissé”. Plus embêtant, Jean-Charles Kraehn, qui prend le relais en seconde partie, ne propose pas une continuité fidèle du trait de Patrick, à tel point, que Yann, lui-même semble différent. Bien entendu, chaque dessinateur a sa façon à lui de poser son trait, mais j’ai vécu ce changement avec difficulté. Tout aussi déstabilisant, la mise-en-couleur traditionnelle (aquarelle) de Patrick Jusseaume est remplacé par une version informatique, qui enlève une certaine poésie à l’ensemble.
Malgré tout, si on accepte ses changements graphiques, le plaisir est là. Le scénario est dense, humain et subtil et nous invite, une nouvelle fois, à embarquer pour une aventure qui pue l’iode.