La Dame de fer

Chronique « La Dame de fer »

Récit de Michel et Béa Constant, dessin de Michel Constant, Couleur de Béa Constant,

Public conseillé : Adulte / adolescent,

Style : Chronique sociale
Paru aux éditions « Futuropolis », le 24 aout 2017, 15 euros,
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L’Histoire

8 avril 2013, petit port de pêche de Kingsdown, dans le Kent. A la TV, un présentateur annonce la mort paisible, à l’âge de 87 ans, de Margaret Thatcher, surnommée “La dame de Fer”. Donald, le patron du pub, offre une tournée générale pour fêter la nouvelle ! Seule, la vieille Oprah refuse de trinquer à la mort de l’ex premier ministre, question de principe.
Plus tard, seul dans son pub, Donald ressort une vieille photo où il pose avec deux amis…
Quelques jours plus tard, David et Abby débarquent. Owen a repris contact et leur a annoncé que qu’il n’en avait plus que pour quelques mois…
1985, dans le même village, Donald nettoie la ferme de son paternel, en écoutant à fond la musique des Clash “I Fought The Law And The Law Won” sur son radio-cassette…

Ce que j’en pense

Pour tout un chacun, “La Dame de fer” évoque immanquablement Margaret Thatcher, la première femme à occuper les fonctions de Premier ministre au Royaume-Uni. De 1979 à 1990, “Maggy” conduisit des réformes radicales et reste, pour certains anglais, la responsable des problèmes économiques qui apparurent. Mais pour Michel Constant, l’auteur de l’album éponyme, ce surnom revêt une tout autre signification. Dans les années 1980, pour trois amis très proches vivant dans un petit village anglais, c’est le surnom d’une vieille moto (une Norton Manx) aussi belle que difficile à conduire, “une garce qui tire à droite” elle aussi…
Le trio, composé de Donald, patron de Pub ; Owen, taxi londonien et Abby, communicante, se retrouve 20 ans plus tard pour “revivre leur jeunesse”. Il faut dire qu’Owen les a rassemblé sous la raison impérieuse de sa future mort…
La recomposition du trio fait remonter souvenirs… et difficultés… toutes les choses qu’ils n’ont pas “fini”… Et si ce retour était l’occasion de concrétiser leurs rêves ?

Michel Constant (auteur de “Le sourire de Mao”, “Piguargue”, “La rue des chiens marins”...), nous offre une chronique sociale profondément ancrée dans une époque (les années 1980) et la réalité sociale qui va avec (la crise en Angleterre). C’est un peu l’esprit des films de Mike Leigh, mais en plus optimiste. Il nous raconte, avec empathie, la difficulté de grandir et d’espérer pour une génération promise aux pires difficultés. Surtout, il décrit avec sensibilité les rapports d’amitié (et d’amour…) entre 3 amis, 2 jeunes hommes et une jeune femme. Par petites touches, il nous fait vivre ces rapports de l’intérieur.
Malgré le contexte économique, Michel porte un regard positif ses héros (pas toujours très héroïques). C’est ce mélange qui rend son récit touchant

Graphiquement, Michel Constant est dans la mouvance “ligne claire”. Son dessin très sobre, il l’a appris à l’école Saint-Luc de Liège. La composition classique respecte à la lettre le principe des 3 strips par planches. Michel ne cherche pas l’effet graphique gratuit. Sa mise-en-scène, aussi sobre que son trait, est accompagné par la couleur de Béa Constant. Tout en camaïeux, ces couleurs nous immergent dans l’époque, en laissant respirer le trait.
Alors, envie de vous replonger dans une époque révolue, mais pas si lointaine ? et si vous accompagnez Donald, Owen et Abby ?
La Dame de fer


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois