Une heure au Centre Pompidou avec Joy Sorman

Une heure au Centre Pompidou avec Joy Sorman

La rentrée littéraire 2017 amène avec elle, je le disais ailleurs, un nouveau roman de Joy Sorman. Je suis persuadé que c’est un chef-d’œuvre : j’ai lu deux autres livres d’elle (Comme une bête, 2012, Boys, boys, boys, 2005), dont j’ai d’excellents souvenirs. Malheureusement je n’ai pas le temps de le vérifier cette année, ayant moi-même une rentrée chargée… J’ai donc décidé un compromis : je suis allé écouter Joy Sorman lire quelques pages de ce livre, au Centre Pompidou, jeudi dernier. Elle était accompagnée d’Aurélie Djian qui lisait, en contrepoint, un essai inédit d’elle-même, La Touche, à propos de la peau et du sens du toucher, qui sont au centre de Sciences de la vie.

Sur Joy Sorman, je n’ai rien appris. Elle est encore cette année la digne descendante de la tradition naturaliste française, passionnée de sciences et d’exactitude documentaire (à côté d’une Joy Sorman, Houellebecq est un scribouillard). Elle utilise encore son naturalisme comme une force polémique dans les combats politiques ou sociaux qui faisaient l’objet de Boys, boys, boys. Elle compare encore la peau à une page imprimée de hiéroglyphes révélateurs, et l’écriture à l’éruption cutanée de symptômes plus profonds : on le savait depuis La Peau de l’ours (2014), ou bien tout simplement en l’écoutant à la radio.

Une heure au Centre Pompidou avec Joy Sorman

Pourtant j’ai beaucoup aimé cette lecture publique. Les théorèmes d’Aurélie Djian apportaient aux épisodes du roman la tonalité d’une « défense et illustration » de la peau. Surtout, l’architecture post-moderne et dépecée du musée Beaubourg convenait particulièrement à cette mise à nu de la sensation tactile. D’habitude, l’environnement fait de matériaux bruts, ces tuyauteries mystérieuses et futuristes intimident les visiteurs, comme à la bibliothèque Mitterrand, où l’on a l’impression de déranger par notre présence une activité industrielle qui se passerait bien de nous. Ici au contraire, avec la voix de Joy Sorman, je me sentais comme dans un squat : ce que d’ailleurs le Centre Pompidou (anciennement « bâtiment insalubre n°1 ») n’est pas loin d’être.

Une heure au Centre Pompidou avec Joy SormanCentre Georges Pompidou, entrée du Forum -1

Joy Sorman, Sciences de la vie, Seuil, 2017, 272 p., 18€.


Classé dans:hors-série, performance, roman

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