Teenage Mutant Ninja Turtles #1-73 et ses mini-séries

Parce que nous sommes des acharnés et que The Walking Dead et Invincible ne nous suffisaient pas, nous avons décidé de binge-read une autre petite série sympatoche : Teenage Mutant Ninja Turtles. La licence a eu droit à un reboot complet en avril 2011 avec Tom Waltz aux commandes, l'occasion de casser quelques codes et de rendre la série de Kevin Eastman plus attractive, plus moderne et, il faut bien l'avouer, plus jolie. Qu'en est-il 6 ans, 73 issues et une infinité de mini-séries plus tard ?

Lorsqu'on m'a conseillé de lire les Tortues Ninjas, j'étais tout à fait perplexe. Il faut dire que, pour moi, c'était soit un truc violent et trop sérieux, soit un dessin animé que j'avais apprécié dans mon enfance sans en avoir gardé un souvenir impérissable. Mais la passion est une chose merveilleuse qui peut se transmettre et celui qui me conseillait le titre en parlait avec tant d'enthousiasme et de chaleur que j'ai fini par me dire : mais pourquoi pas (d'autant qu'il me fournissait tous les volumes).

Bon, Teenage Mutant Ninja Turtles, TMNT pour les intimes, c'est quoi ? Tout le monde le sait plus ou moins, c'est l'histoire de quatre tortues mutantes entrainées à l'art des ninjas par leur maître, un rat également mutant répondant au nom de Splinter. Ils affrontent des méchants quelques peu iconiques dans le genre de Krang, l'alien visqueux et mégalo, ou encore Shredder, un autre ninja qui a une dent contre Splinter. Ça c'est pour la base de toutes les versions de TMNT et elles sont nombreuses : multiples films, dessins animés, comics originaux, comics adaptés des dessins animés... Les œuvres qui se concentrent sur nos quatre mutants sont légion et pas toutes de même qualité. Pour la nostalgie, on notera les films de notre enfance dans les années 90, laids mais drôles, pour les jeunes, le dessin animé reboot de 2012, très qualitatif et merveilleux pour introduire à l'univers et évidemment pour finir, le comics de IDW qui nous occupe aujourd'hui, un bonheur à lire, jamais ennuyeux.

Teenage Mutant Ninja Turtles #1-73 et ses mini-séries

Car je ne vais pas d'avantage faire durer le suspens : le Teenage Mutant Ninja Turtles de IDW Publishing est une série passionnante, drôle, pleine de retournements de situation et de rythme, qui ose tout remettre en cause, riche d'une bonne vingtaine de mini-séries, le tout pour non pas 73 issues comme annoncé mais plus de 150. Il s'agit donc de la série la plus longue de la franchise, de l'univers le plus travaillé, de l'oeuvre la plus aboutie : les Tortues Ninjas dont on rêvait.

Ce qui me surprend le plus à la fin de ce long marathon de lecture étalé sur plusieurs mois c'est le fait que jamais, pas une seconde, je ne me suis ennuyée, jamais je n'ai eu l'impression de lire quelque chose de répétitif, jamais je n'ai eu envie de faire une pause dans ma lecture pour voir un peu autre chose, me changer un peu les idées. Il faut dire que l'univers des tortues est léger dans le sens où il est hyper facile d'accès et que l'enchaînement des événements nous laisse toujours impatients de lire la suite. Sans abuser des cliffhanger, TMNT se permet d'en offrir quelques uns mémorables, dont la mort d'un personnage, comme ça, dernière page, tué par un autre, laissant les lecteurs attendre un mois pour savoir ce qu'il en est : hyper cruel et génial. Il se passe beaucoup de choses dans TMNT et la série garde ses lecteurs captifs de bout en bout : je ne vous dirai rien sur la trahison d'une des tortues, sur les méchants qui s'entre-tuent, sur les autres mutants tous plus cools les uns que les autres, sur la mort de plusieurs personnages principaux, sur les voyages dans le temps, sur les nombreux cross-over, sur l'évolution un peu ouf de Splinter, sur l'incroyable personnalité de Slash, sur cette bonne vieille mère poule de Old Hob, sur la solitude éternelle de Raphaël, sur les pétages de plombs de Casey... Rien, rien, rien, je ne veux pas vous spoiler.

S'il fallait tout de même trouver un défaut à la série dans cet amas de compliments, j'ajouterai qu'elle est parfois très inégale graphiquement. Non seulement dans la série principale qui passe régulièrement d'un style à l'autre avec comme seul alibi le début d'un nouvel arc (et parfois, ça pique un peu les yeux) mais aussi dans les mini qui ont toutes des équipes différentes. Pour ceux qui veulent lire le titre d'une traite, je crains que ce ne soit également très compliqué, les mini-séries ne sont, pour la plupart, pas dispensables. Ce qui s'y passe a énormément d'influence sur la série principale et IDW s'est même fendu d'une chronologie pour aider les lecteurs à s'y retrouver. Très honnêtement, cette chronologie est indispensable à garder sous le coude pour qui veut se lancer.

Teenage Mutant Ninja Turtles #1-73 et ses mini-séries

Elle n'est d'ailleurs pas tout à fait à jour, il y manque principalement Bebop & Rocksteady Destroys Everything, une mini plutôt fun, Teenage Mutant Ninja Turtles Universe, un titre essentiel à la compréhension de la série principale et Teenage Mutant Ninja Turtles Dimension X, une mini en cours qui promet. On note aussi les cross-over Batman/Teenage Mutant Ninja Turtles et Teenage Mutant Ninja Turtles/Yojimbo et évidemment les tomes de la série principale : Vol.13 Vengeance Pt.2, Vol.14 Order From Chaos, Vol.15 Leatherhead, Vol.16 Chasing Phantoms et Vol.17 Desperate Measures (la suite n'étant pas encore sortie ni annoncée en TP). Espérons que tout ça soit mis à jour un de ces quatre.

Teenage Mutant Ninja Turtles #1-73 et ses mini-séries

Secret History of the Foot Clan

IDW Publishing * Par Mateus Santolouco & Erik Burnham
Secret History of the Foot Clan notamment est une des mini les plus marquantes de l'univers TMNT, celle qui pose toutes les bases, celle qui rend le tout cohérent. On y voyage entre passé et présent, entre les différentes incarnations de Splinter, Shredder et des tortues. Oroku Saki, réincarnation du grand guerrier dragon est trahi par sa famille, puis en vient à trahir les siens et à devenir Shredder, aujourd'hui, ramené d'entre les morts par son héritière. Celui qui s'était mis en travers de son chemin dans le passé, son frère d'armes Hamato Yoshi, revient également, accompagné de ses quatre enfants autrefois assassinés froidement par Saki : Splinter et les Tortues n'en ont pas fini de s'opposer corps et âmes à Shredder.

Si la série principale est pleine de qualité, l'univers est surtout riche de tout ce qui se passe autour. Les backgrounds de chaque personnage sont travaillés dans des mini à leur gloire, des titres qui sont régulièrement aussi passionnants que la trame centrale, si ce n'est plus. Certains tournants de l'histoire se cachent dans les pages de titres qui au départ avaient l'air anodins : que dire de Casey & April, un titre qui s'annonçait avec des petits cœurs et des covers toutes mignonnes, pour finalement révéler de nouveaux ennemis vraiment fous, du genre qui font passer Krang et Shredder pour des p'tits mignons sans ambition. Les mini sont pleines de surprises : Secret History of the Foot Clan, Mutanimals, Utrom Empire... Ce sont elles qui nous permettent de comprendre les motivations des plus tordus des méchants.

J'aime particulièrement l'évolution des personnages au fil des arcs. Et je sais que je vous ai dit que je ne vous en dirais rien mais, oups, j'ai menti. Je vais donc vous parler de Raphaël, mon petit préféré. Il commence son aventure seul : lors de leur mutation, il est séparé de son père et de ses frères. Ces derniers le cherchent mais il se retrouve pendant un long moment seul dans la ville, perdu, à devoir faire face à la violence et à l'étrangeté de sa situation : il était un enfant japonais, il était mort, soudain, il est une tortue mutante, dans une ville inconnue. Cet événement le marque sur l'ensemble de la série, toujours premier à aller de l'avant, à avoir recours à la violence, on découvre petit à petit que, s'il se comporte comme le bourrin de service, c'est surtout parce qu'il est persuadé que si quelqu'un doit mourir, il vaut mieux que ce soit lui, le solitaire, celui qui leur manquera le moins. Derrière ce masque je-m'en-foutiste de grosse brute se cache donc un pauvre gosse qui n'a aucune conscience de sa valeur aux yeux de sa famille et qui refuse de voir ceux qu'il aime mourir (et attendez de voir les plombs qu'il pète quand l'un d'eux est en danger de mort, c'est presque poétique tellement c'est bourrin).

Je vais m'arrêter là parce que si je commence à vous parler de Slash, je vais me perdre et lâcher trop de spoilers. Sachez juste que les personnages sont si nombreux et si variés que tout le monde trouvera son et ses préférés, même April, le personnage qui m'attirait le moins, est hyper cool au final, c'est dire.

Teenage Mutant Ninja Turtles #1-73 et ses mini-séries

Vous l'aurez compris, j'ai adoré lire TMNT. L'univers est passionnant et le scénario se renouvelle sans cesse, n'hésite pas à nous choquer et à nous retourner le cerveau, comme ça, d'une page à l'autre. Les personnages sont terriblement attachants, jusqu'au plus débile d'entre eux, et sans cesse de nouveaux visages sont introduits. Les enjeux sont fous, d'une guerre des gangs à la sauvegarde de la planète et de l'univers, il arrive même que les tortues elles-même aient quelques difficultés à gérer leurs priorités. C'est génial, hyper prenant et du coup je suis vraiment désolée de devoir vous annoncer la mauvaise nouvelle mais ça n'est pas publié en France. Je sais, c'est un choc. Soleil a acquis les droits, commencé la publication puis arrêté abruptement au tome 4, un choix incompréhensible, même la sortie des films au cinéma n'aura pas motivé l'édition des tomes suivants. Les tomes 2 à 4 restent dispo en français, ils ne sont pas encore en rupture, alors n'hésitez pas à tenter, même s'il vous faudra faire le reste en anglais. Notez que l'anglais en question est super accessible, rarement alambiqué, la plupart du temps très direct. Teenage Mutant Ninja Turtles est une excellente série de bout en bout, elle en vaut vraiment la peine.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois