- Forbidden -

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Ma lecture de Forbidden n'est due qu'à ma curiosité ABSOLUMENT maladive (et catastrophique) de tout ce qui "choque" et fait un foin sur le net. Je suis certaine que vous n'êtes pas non plus passés à côté des avis élogieux, voire dithyrambiques, qui ont suivi la sortie anglaise de ce titre. Par contre, il a fallu attendre beaucoup de temps pour avoir une traduction française. Frileux, les éditeurs ? Sans doute. Le sujet, comme vous allez le voir, est vraiment étrange et, je ne vais pas mâcher mes mots, bien peu ragoutant.

Si cette longue introduction ne vous a pas convaincu de fermer l'onglet de votre navigateur, allons-y gaiement et parlons de ce roman...

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Il ne reste plus grand-chose de la famille Whiteley. Le père a refait sa vie à l'autre bout du monde, la mère essaie d'en faire autant. Elle dépense plus d'argent chaque mois en alcool et en fringues qu'en pension alimentaire pour ses cinq enfants. Dans la débâcle, les deux aînés, Maya et Lochan, seize et dix-sept ans, décident de prendre les choses en main. En effet, si les services sociaux s'en mêlent, ils seront séparés, placés dans des foyers aux quatre coins du pays. Luttant ensemble pour maintenir leur famille unie, ils partagent les mêmes joies et les mêmes peines. Mais peuvent-ils vraiment s'avouer ce qu' ils ressentent l'un pour l'autre ?

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Pour être totalement honnête avec vous,Forbidden et moi, on ne partait pas du tout sur une bonne entente. Le pitch, un frère et une sœur qui tombent amoureux et qui vont forcément faire ce que font les gens quand ils s'aiment ( du sexe) (même si c'est pas obligatoire me direz-vous), me faisait déjà lever les sourcils jusqu'à la racine des cheveux. J'ai beau clamer et chanter mon ouverture d'esprit sur tous les toits, il y a tout de même certaines choses qui heurtent ma petite sensibilité, que voulez-vous. Néanmoins, j'ai essayé de garder mes sentiments pour moi en espérant un revirement du style "ils ne sont pas vraiment du même sang, mais famille recomposée ou quoi ou qu'est-ce", genre Did I mention I love you... Eh ben, non. Voilà qui m'apprendra à espérer, hein.

Une fois que j'ai compris, mes écoutilles et ma tolérance se sont refermées comme des petites huitres. Et c'est allé de mal en pis.

La situation familiale dans laquelle nous sommes plongés est déjà pas mal traumatisante. Les enfants, nombreux, sont complètement délaissés par leur mère, plus occupée à séduire son bonhomme, qu'à nourrir le fruit de ses relations sexuelles. Résultat, c'est Lochan, le plus vieux, et Maya, la deuxième, qui portent le quotidien sur leurs frêles épaules d'adolescents. Et là déjà, même si j'ai compati à leur désarroi, ça m'a agacé, que font les services sociaux ? Enfin bref, ce n'est pas vraiment le propos... Toujours est-il que je ne me suis pas attachée une seule seconde à ces deux personnages. Certes, il est beau. Certes, elle est belle. Mais quid du fond ? De la personnalité ? Ils sont lisses comme le visage de Sharon Stone en couverture de Vogue.

Est alors arrivé le passage qui a fait basculer Titine du côté obscur. Pour vous situer le contexte, Lochan est en train de danser un slow avec sa sœur, Maya :

Et subitement, surgie de nulle part, je suis conscient d'une autre sensation - un curieux fourmillement monte en moi, suivi d'une pression familière du côté du bas-ventre !

Voilà. Une connexion a sauté dans ma cervelle et je me suis soudainement rappelé que, oui, nous allions bien avoir droit à une relation amoureuse incestueuse. Et moi, j'ai déjà donné avec Cersei et Jamie, y a plus de place pour une autre.

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Ensuite, ce fut le déclin total, et pendant BEAUCOUP TROP de pages, nous avons droit aux larmoyances des deux parties, sur le pourquoi ils ne peuvent pas être ensemble alors qu'ils en ont méga envie (rappelons que ce sont des ados et que leurs hormones sont en totale ébullition). Bisous volés, caresses cachées, étreintes secrètes et re-larmoyances derrière. Bon sang, je ne vous raconte pas comment j'ai eu envie de secouer ce petit monde et leur dire d'aller voir un psy. Parce que, et je pose ici une alerte à la psychologie de comptoir, c'est clairement de ça dont ils ont besoin, pas de faire un câlin. La tentative de reconstruction d'une cellule familiale, stable, harmonieuse et "idéale et normale", comme celle qui leur a manqué, est beaucoup trop évidente pour ne pas poser problème ici.

Et ce cercle d'autoflagellation et de passage à l'acte malgré la culpabilité va tourner jusqu'à la toute fin, assez horrible d'ailleurs. Croyez-moi bien quand je vous dis que j'ai failli abandonner le bouzin 50 fois par pages. Bon sang que c'était long. Bon sang, comme on s'y attend à cette fin, terrible certes, mais tire-larmes au possible. De toute façon, au point où j'en étais, une météorite serait tombée sur la maison en tuant tout le monde, j'aurais acquiescé en hurlant à la punition divine et au jugement dernier.

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Que dire de l'écriture ? C'est TOO MUCH. Les deux personnages arrivent à vous sortir des phrases que Shakespeare aurait trouvées trop niaises et surfaites pour les caser dans Roméo et Juliette. Même dans la comédie musicale française, d'ailleurs, ils n'ont pas osé. Je ne demande pas qu'un adolescent ne parle qu'en langage sms ou comme un demeuré dans un roman mais là, je n'y ai pas cru une seule seconde. J'ajoute à cela que, mais c'est peut-être la traduction qui doit être mise en cause, j'ai dû relire certaines phrases 5 fois pour en comprendre le sens. Voilà qui était très vexant pour mon intellect.

Je sens que je vais me faire des ennemis, haha. Mais j'ai pourtant l'impression que ce roman ne doit son succès qu'à son côté sulfureux plus qu'à ses qualités narratives. Si l'histoire autour de la situation familiale est intéressante et aurait pu donner quelque chose de très passionnant, avec ces deux ados qui portent tout à bout de bras, la romance incompréhensible et bancale prend beaucoup trop de place et gâche le peu que j'ai apprécié. Même en acceptant la relation chelou de Lochan et Maya, ces sempiternelles répétitions sur le pourquoi de l'interdit de l'inceste, ces interrogations sur leurs propres sentiments, sur comment essayer de ne plus les ressentir (une bonne douche froide et un tour sur You Porn et on en parle plus), c'est insupportable. Et cette tentative de justification en comparant l'inceste (puni par la loi) et l'adultère (non puni par la loi), non mais WTF ???!!! Je ne sais plus quoi dire. Même les chattes font fuir leurs chatons en âge de se reproduire pour éviter la consanguinité, que voulez-vous que je vous dise de plus.

Même les relations adultères, ou bien celles où une personne exerce un pouvoir affectif sur l'autre, sont tolérées, en dépit du tort qu'elles sont susceptibles de causer. Dans notre société progressiste et permissive, les relations dysfonctionnelles et abusives sont admises, mais pas la nôtre. Je ne vois aucun autre amour qui provoque une telle levée de boucliers, et pourtant il est si profond, passionné, attentionné et puissant que si l'on nous forçait à nous séparer, nous en concevrions une douleur inimaginable. Pourquoi la société tiendrait-elle tant à nous punir ? Est-ce notre faute si nous avons été engendrés par la même femme ?

C'est du délire total. Ça en est presque dangereux maintenant que j'y pense. Et oui, bien sûr, les relations abusives sont évidemment tolérées par la société, souvenez-vous de tous ces hommes faisant un high five au juge durant leur procès. Pour moi, Forbidden tient plus de la dark romance que de la jolie petite histoire d'amour contrariée. Et même si cet avis n'engage toujours que moi, je vous avoue que j'ai eu bien des difficultés à justifier ma lecture de ce roman à ceux qui m'interrogeaient sur ma lecture en cours. J'ai même eu droit à un magnifique "Ah mais oui, c'est vrai que tu adores les films d'horreur, toi". J'ai ri.

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Voili voilou. Plusieurs semaines après ma lecture, je reste la représentation la plus parfaite de la perplexitude. Par contre, je suis contente d'une chose : j'ai rarement l'occasion de sortir ce Broco colère de son dossier, et ça me met en joie. On va dire que c'est le côté positif de cette lecture abominable, qui, sans me laisser de marbre, m'a prodigieusement énervée ! (Encore une fois, que font les services sociaux ? C'est quasi un cas d'école là, la mère n'est pas censée être un minimum punie pour abandon ou que sais-je ?!). Bref, j'ai l'impression d'avoir tout dit. Je réitère l'avertissement posé en introduction, cet avis n'engage que moi et mes goûts. Bien sûr, je ne conseille à personne de le lire, ce serait sacrément hypocrite de ma part, mais pourquoi ne pas y jeter un œil, histoire que je me sente moins seule au milieu de toutes ses excellentes notes ? Siouplé ? 😁

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois