Erik Rémès / Pride – Chroniques de la révolution gay

Quelques infos sur le livre :

Pride – Chroniques de la révolution gay
Erik Rémès / Pride – Chroniques de la révolution gay

  • Auteur : Erik Rémès
  • Serie : /
  • Genres : essai
  • Editeur : La Musardine
  • Collection : L’attrape-corps
  • Publication: 20/04/2017
  • Edition: broché, poche
  • Pages : 367
  • Prix : 18€
  • Rating:   Erik Rémès / Pride – Chroniques de la révolution gay

Résumé :

Il restait à écrire une histoire ordinaire de l’homosexualité, qui rende compte des réalités que taisent les livres d’histoire et les films documentaires. Érik Rémès le fait brillamment en livrant un témoignage exceptionnel sur la vie des homosexuels français dans les dernières années du xxe siècle. Après la dépénalisation en 1982, il décrit entre humour et gravité des années pleines de contrastes : années de la fête malgré la stigmatisation, affirmation de la fierté dans les affres du sida, progression des droits sur fond d’homophobie.

Avis de BimboStratus :

Je remercie La Musardine pour ce SP, je ne connaissais pas Erik Rémès et je suis super contente de l’avoir découvert par ce recueil que j’ai dévoré.

Pour reprendre la présentation officielle du livre, « Pride, chroniques de la révolution gay est un recueil d’articles, éditoriaux, billets d’humeurs, coups de gueule, et témoignages, dans leurs versions intégrales non censurées, parus entre 1992 et 2005 dans la presse gay et généraliste : Libération, Nova magazine, Gai Pied Hebdo, Illico, etc. » Il est divisé en douze chapitres : Visibilité, Mariage, Homoparentalité, Homophobie, Hétérophobie, Politique, Homonormativité, Subversion, Voyage, Drogues, Sexualité, Prévention, Années sida.

Je ne me considère pas comme une militante active des droits des personnes LGBTQIA+, y’a plein de sujets relatifs à la lutte contre l’homophobie que je ne connais pas et, faut que je l’avoue, en 1992 j’avais 4 ans et en 2005 le féminisme et la lutte contre l’hétéropatriarcat je ne connaissais pas. Du coup j’ai trouvé ce bouquin génial, il revient sur plein de points politiques, triviaux, des aspects de la culture gay et de l’évolution de la communauté gay en France… C’est la photographie du ressenti et du vécu de l’auteur à un instant précis, passé, et qui permet d’avoir une petite vision de son regard sur les luttes pour les droits des homosexuels et les préoccupations – passées et présentes – de la communauté homosexuelle.

Le langage d’Erik Rémès est cru et vulgaire, certains diraient même qu’il n’est pas safe, mais il donne un ton savoureux – voire sulfureux – aux articles et permet de rentrer dans le vif du sujet. Les thèmes traités sont importants et la façon dont l’auteur les aborde est provocante, mais je suis complètement rentrée dans son jeu et sa vision des choses. Il joue avec des ambiguïtés et je ne suis pas surprise de lire qu’il n’est pas aimé par beaucoup de gens. Personnellement j’adhère complètement à son style et son discours.

En détail, je précise que l’écriture semble être genrée au hasard, Erik Rémès se qualifiant lui-même de « folle radicale » en parlant parfois de lui au féminin. J’ai trouvé ce point agréable et intéressant pour le décloisonnement des genres.

D’un point de vue strictement formel, le niveau n’est pas du tout homogène et certains articles ne sont pas écrits de façon géniale. À partir de la page 100 j’ai trouvé des tas de fautes et ça m’a un poil déçue, la relecture a clairement laissé à désirer.

Extrait :

Paris, capitale mondiale des backrooms et des MST. Une sexualité passant des branlettes de bosquets aux jeux SM sophistiqués. De l’invisibilité médiatique aux représentations systématiques dans les médias. Le sida est passé par là. Aujourd’hui, pour beaucoup, le sida, c’est fini. Après la peur, voici venu le temps du relapse et du bareback généralisé (un pédé sur trois baise sans capotes d’après les dernières enquêtes). En attendant un vaccin curatif et préventif qui nous ramènera bientôt, au grand dépit de certains, aux amours sans préservatifs. 30 ans où la France commence à rattraper son retard sur les États-Unis et où les gay studies  apparaissent. Où l’homosexualité se questionne et remet en question l’hétéronorme. Où nous sommes passés du minitel rose à l’internet haut débit. Culture homo également avec l’apparition de nombreuses maisons d’édition gays et lesbiennes. 30 ans où l’Europe a pris une force considérable et se retrouve en première ligne de défense des droits des gays. C’est certainement sur la reconnaissance du couple gay que l’évolution a été la plus grande. En 10 ans, nous sommes passés du Pacs au mariage gay. Jamais, grâce aux débats sur le partenariat gay, la visibilité de l’homosexualité (et de l’homophobie…) n’a été telle. Mais aujourd’hui, l’homophobie, dont le terme n’existait pas encore il y a dix ans, commence à être condamnée. L’homosexualité envahit le champ politique. Avec un Maire de Paris ouvertement gay et, pourquoi pas, un futur premier Président de la République homo. Aujourd’hui et demain plus encore, c’est l’homoparentalité qui fera débat et transformera la famille hétéronormée. Dans un mouvement paradoxal, avec l’avancée de leurs droits, les gays sont devenus intégrationnistes. Leur idéal : la famille et les mouflets. L’homosexualité est-elle soluble dans l’hétérosexualité ?


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