Braqueurs de mère en fils

Braqueurs de mère en fils

Bâtard (Max de Radiguès – Editions Casterman)

L’histoire démarre quelque part dans un coin paumé des Etats-Unis. Alors que son fils Eugene l’attend dans la chambre d’un motel situé juste à côté, May commande des tacos dans un snack au bord de la route. Pas de chance pour la jeune femme: alors qu’elle espérait passer incognito, elle est reconnue par un ancien petit ami. « April, c’est bien toi? C’est dingue! Ca fait quoi? 10, 15 ans? », lui dit le gars, plutôt collant. Après s’en être débarrassée en feignant d’être quelqu’un d’autre, l’ex-April devenue May fonce retrouver Eugene au motel. Pas une minute à perdre: la jeune mère et son fils s’empressent de remplir le coffre de leur voiture, histoire de reprendre la route au plus vite. Mais ce n’est pas une mince affaire, car ils ont un paquet de sacs à transporter. Et chacun d’entre eux est rempli de billets de banque. On comprend alors que May et Eugene font partie du gang qui vient tout juste de réussir un « coup » exceptionnel: 52 hold-ups simultanés à la même heure, dans la même ville. A peine repartis, un nouvel écueil les attend, sous la forme d’un barrage de police. Afin de faire diversion, May demande à Eugene de simuler une crise d’asthme… ce qui leur permet même de se faire escorter par la police jusqu’à l’hôpital le plus proche! Mais ils ne sont pas tirés d’affaire pour autant: le journal télévisé leur apprend que plusieurs de leurs complices braqueurs ont été retrouvés morts, sans doute refroidis par l’un des membres de la bande. Autrement dit, May et Eugene sont eux aussi en grand danger. C’est le début d’une cavale pleine de rebondissements!

Braqueurs de mère en fils

A peine quelques mois après la sortie (également chez Casterman) de « La Cire moderne », un roman graphique étonnant sur un jeune couple marginal qui s’ouvre à la spiritualité après avoir hérité d’un stock de cierges, l’auteur bruxellois Max de Radiguès est déjà de retour dans les librairies avec « Bâtard », un nouveau roman graphique de près de 200 pages. Comment expliquer une telle productivité? Tout simplement parce que la BD « Bâtard », éditée en format poche par Casterman, rassemble en réalité les 16 fanzines du même nom publiés par l’auteur lui-même, en papier et sur son blog, entre avril 2014 et janvier 2016. A l’image de ses récits et de son style de dessin minimaliste, Max de Radiguès est un personnage à part dans le monde de la bande dessinée. A la fois éditeur, libraire et auteur, il se dit « très attaché à la pratique du fanzinat ». Ce qui signifie qu’il aime faire parvenir ses récits en épisodes à ses lecteurs avant que ceux-ci ne deviennent des livres. Mais peu importe la manière. Avant toute chose, il faut retenir de Max de Radiguès qu’il est aussi et surtout un excellent raconteur d’histoires. Certes, son « Bâtard » souffre de quelques imperfections, tant au niveau graphique que narratif, mais celles-ci font partie du charme de ce roman graphique, qui se révèle dynamique et agréable à lire. Après à peine quelques pages, on se laisse embarquer sans peine dans cette cavale meurtrière d’une mère et de son fils, à la fois inattendue et tendue. Une sorte de « Thelma et Louise » un peu… bâtard.



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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois