C’est lundi, je dépoussière…

C’est lundi, je dépoussière…

Chaque lundi, Entre Les Pages vous propose d’anciens articles dont le texte et la mise en page ont été rafraîchis. Qu’il y ait 2, 3, ou 4 articles, le but est de vous faire découvrir ou redécouvrir des livres très différents. J’espère que cela vous plaira ! Vous pouvez lire et commenter les avis ici, ils se trouvent à la suite les uns des autres, ou cliquer sur les couvertures ci-dessous pour accéder aux chroniques en elles-mêmes. Belle lecture à tous ! Au programme aujourd’hui :

C’est lundi, je dépoussière… C’est lundi, je dépoussière… C’est lundi, je dépoussière…

Johnny
Martine Pouchain est un des premiers auteurs à avoir publié des textes dans la collection Minis-romans des éditions Sarbacane. Johnny c’est l’histoire des moqueries, de l’ignorance et du mal que les gens savent si bien infliger aux autres. Johnny c’est une lettre, une forme d’expiation du sentiment de culpabilité qui va envahir une vie, des aveux à soi même, des regards qui peuvent se poser maintenant, même s’il est trop tard. Moulé dans le regret, dans l’injustice mais conscient du prix à payé, ce récit est une prière, un discours d’adieu, une confession.

Poignante, s’adressant au passé et à ses fautes, la narratrice évoque une banalité qui n’en est pas moins cruelle ni rare. Johnny fait se pencher l’auteur sur ces êtres dont on ne veut pas (comme dans La ballade se Sean Hopper). La brièveté de ce texte permet au lecteur de profiter de la justesse de ses mots et des sentiments parfaitement conduits pour qu’ils traversent le cœur.

Présentation de l’éditeur :
« Cette nuit, j’ai rêvé de toi ». Ainsi débute la longue adresse de la narratrice de cette nouvelle, dense comme un diamant brut, à un certain Johnny, souffre-douleur de tout le collège? Une voix, un lourd secret, des fils emmêlés comme une pelote rêche qui se dénouent peu à peu, jusqu’à la fin inéluctable.

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Oh, boy !
Tout commence à cause d’une mère qui avale du canard vécé pour se suicider. Tout s’enchaîne à cause d’un père qui a déjà abandonné ses enfants avant de laisser derrière lui Siméon, Morgane et Venise. Puis, tout semble perdu à cause d’un demi frère irresponsable et d’une demi demi-sœur qui n’a d’yeux que pour la plus petite d’entre eux. Pourtant, des bisous, une leucémie, de la spontanéité et énormément d’humour forgent le destin de ses enfants d’un charme évident, parfait, absolu. Marie-Aude Murail plonge ici ses lecteurs dans une situation sûrement commune à beaucoup d’êtres de la société. Elle leur emprunte l’amour, la sincérité, l’envie et la force qui les caractérisent pour construire ses personnages. Ces derniers, elle les mène à une situation acceptable, bénéfique, pourquoi pas idéale dans leur cas. Mais il faut évidemment passer par bien des épreuves.

Perdre ses parents, une mère, ce qui lie à la vie, a de quoi faire dire que plus rien n’a de sens. Lorsque les enfants Mourlevent se retrouvent seuls, ils doivent se reconstruire des raisons d’être, des buts tout en conservant ce qu’ils ont bâti dans leur cercle très fermé. S’ils cherchent des cœurs pour les accueillir, est ce qu’eux même sont aussi prêts à agrandir un peu leur groupe très fermé ? Le futur qui s’annonce doit se dessiner au travers de compromis, de solutions qui devront ravir tout le monde en même temps. Pendant cette longue recherche d’équilibre équitable, les uns les autres ont l’occasion de se découvrir, de se tolérer et tout simplement de s’aimer. Les yeux ouverts sur soi, la bonté des autres, le courage à découvert, sont la face puissante de cette narration parfaite.

Cette dernière est pimentée par un humour plutôt acéré. La tendresse naît lorsque le lecteur découvre que les insultes, les imbécilités et autres malaises ne sont en réalité présentes que pour manifester l’angoisse, le doute qui hante chacun. Tous plongés dans l’incertain de la vie, les personnages jouent ainsi avec ce qui leur arrive tant la chose est belle, précieuse. Il est malheureux de se le dire mais il faut parfois que quelque chose de terrible arrive pour que des personnes se rapprochent. Rares sont les romans qui font sans cesse passer le lecteur de l’éclat de rire à l’envie de pleurer. Oh, boy! parle de tout un chacun. Sa brutalité et sa douceur concerne tout le monde. Un peu plus qu’un roman exemplaire, Oh, boy! Est une leçon d’humanité et un voyage qui fait tomber toutes les barrières!

Présentation de l’éditeur :
Ils sont frère et sœurs. Depuis quelques heures, ils sont orphelins. Ils ont juré qu’on ne les séparerait pas.
Il y a
Siméon Morlevent, 14 ans. Maigrichon. Yeux marron. Signe particulier : surdoué, prépare actuellement son bac. Morgane Morlevent, 8 ans. Yeux marron. Oreilles très décollées. Première de sa classe, très proche de son frère. Signe particulier : les adultes oublient tout le temps qu’elle existe. Venise Morlevent, 5 ans. Yeux bleus, cheveux blonds, ravissante. La petite fille que tout le monde rêve d’avoir. Signe particulier : fait vivre des histoires d’amour torrides à ses Barbie. Ils n’ont aucune envie de confier leur sort à la première assistante sociale venue. Leur objectif est de quitter le foyer où on les a placés et de se trouver une famille. A cette heure, deux personnes pourraient vouloir les adopter. Pour de bonnes raisons. Mais aussi pour de mauvaises. L’une n’est pas très sympathique, l’autre est irresponsable, et… Ah, oui ! Ces deux personnes se détestent.

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Jacques et la haricot magique
Jack and the beanstalk est un conte populaire anglais. Beaucoup d’adaptations ont été faites de cette histoire dont les origines sont incertaines. Elle raconte l’aventure d’un petit garçon qui vit seul avec sa maman dans un village dont les habitants doivent leur pauvreté à un géant. Un jour, alors qu’il doit vendre sa vache, Jack/Jacques l’échange finalement contre des haricots soi-disant magiques. Il s’avère que le lendemain, des plantes qui traversent les nuages ont poussé dans son jardin. C’est ainsi qu’il met les pieds chez le géant, qu’il lui vole son or, son oie, sa harpe et qu’il est d’ailleurs poursuivi par cet homme qui finira par faire une chute mortelle quand Jacques taillera le haricot pour lui échapper.

Jack est un héros dont les actions peu morales deviennent justes puisqu’en volant le géant, il rapporte de quoi vivre aux villageois. De plus, il est facile de penser que l’homme – providentiel ? – qui s’est trouvé sur son chemin et qui lui a donné les graines semblait attendre de lui qu’il grimpe jusqu’à l’antre du géant pour récupérer ce qui leur est dû à tous. Plusieurs interprétations se bousculent quand il faut tenter d’expliquer ce conte. Cela va de l’exploitation des classes inférieures par les plus puissants à la représentation du père qui est absent dans la vie de Jacques et qui ne peut donc pas rapporter l’argent de son travail. En tuant le géant Jacques s’affirme donc comme le nouveau chef de sa famille qu’il doit faire vivre. Lui, pourtant si petit, si fragile, comme le pensait sa mère, vient de se transformer en David ayant combattu Goliath ! Mayalen Goust illustre ce récit avec une
ambiance magique et sombre, envoûtante.

Présentation de l’éditeur :
Il était une fois une petite ville où les habitants étaient très pauvres. On disait que c’était à cause d’un terrible géant, mais personne ne l’avait jamais vu. Jacques vivait là avec sa mère. C’était un petit garçon curieux de tout. Aussi, lorsqu’un homme lui proposa de lui échanger leur unique vache contre quelques graines de haricots soi-disant magiques, Jacques n’hésita pas un instant, au grand désespoir de sa mère. Pleine de colère, elle jeta les haricots par la fenêtre. Le lendemain matin, quand Jacques se réveilla, quelle ne fut pas sa surprise de voir que les haricots avaient poussé, poussé, poussé, formant une échelle qui montait jusqu’au ciel, vers de mystérieuses contrées…

C’est lundi, je dépoussière…

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois