Bitch planet (T2) – President Bitch

Chronique « Bitch planet, tome 2 – President Bitch »

Scénario de Kelly Sue DeConnick, dessin de Valentine De Landro,

Public conseillé : Adultes,

Style : Comics – SF,
Paru aux éditions « Glénat », le 31 mai 2017, 144 pages couleurs, 16.95 euros,
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L’Histoire

Meiko Makoto est une adolescente comme les autres. Elle a une petite sœur, des parents aimants et cultivés qui pensent que la femme doit retrouver la place qu’elle occupait autrefois dans la société. Mais pour que cela ne reste pas qu’une utopie, il faut savoir prendre des risques. Malheureusement, alors que le père de Meiko tente de saboter ses propres plans d’un vaisseau destiné au “protectorat”, il va être découvert par Doug Braxton, l’un de ses coéquipiers. Ce dernier va alors tenter de le faire chanter, si Mr Makoto ne lui donne pas une de ses filles en mariage, il le dénoncera au “protectorat”. Meiko va alors tout tenter pour l’en empêcher. La suite de cette histoire? Meiko mourra quelques années plus tard lors du tournoi de Megaton sur Bitch Planet…

Ce que j’en pense

Depuis quelques années, j’avoue avoir du mal à être surpris. Que ce soit dans les domaines du cinéma, de la littérature ou même de la bande dessinée, j’ai parfois l’impression que tout a déjà été fait. Pourtant, quelquefois, des petits bijoux, dont le premier tome de “Bitch Planet” fait partie, sortent du lot pour vraiment me mettre une claque !
Déjà le milieu choisi pour planter le décor m’a déconcerté… Une prison pour femmes ? Si nous excluons “Orange is the new black” et le milieu de la pornographie, ce thème n’a (à ma connaissance) jamais été développé auparavant. Ensuite vient un scénario aussi noir que prenant. Dans une société gérée exclusivement par des hommes, toute femme ne rentrant pas dans “les cases” (esthétique, morale…) définies par les “pères », est envoyée sur une planète artificielle pénitentiaire nommée “Bitch Planet”.
Ces extradées sont alors très finement appelées “Bitchs” (les bilingues expliqueront aux autres…). Un pitch simple, implacable et d’une efficacité terrible. C’est pourquoi lorsque j’ai appris que le tome deux de cette série était sorti, je me suis précipité dessus et je n’ai pas été déçu, bien au contraire.

De multiples intrigues sont développées ici, outre la quête de Kamau pour retrouver sa sœur (déjà entamée dans le tome précédent) nous suivons, entre autres, Mr Makoto acceptant un chantier sur la planète pénitentiaire dans l’espoir de revoir sa fille. Mais le génie de la scénariste, Kelly Sue DeConnick, ne s’arrête pas là puisqu’elle ne rate pas une occasion de mettre en parallèle la femme telle qu’elle est vraiment avec l’image machiste que les “pères” renvoient d’elles.
Ces héroïnes sont aussi fortes, intelligentes et déterminées que celles du protectorat sont caricaturales au possible. Le plus flagrant exemple vient de l’apparence des êtres virtuels qui peuplent la prison. Des femmes à la plastique parfaite aux décolletés plongeants, mini-jupes, bottes et portes-jarretelles, le paroxysme de la femme objet en somme.

Au niveau graphique, Valentine De Landro s’en sort elle aussi à merveille, même si certains déploreront peut-être un aspect “comics moderne” qui rend un effet d’inachevé. Pourtant, c’est ce même procédé qui fait que l’action soit aussi dynamique. De plus, l’idée de faire le premier chapitre (celui du flashback sur l’adolescence de Meiko) avec des dessins “Old school” est tout bonnement géniale ! Un procédé tout simple mais vraiment fun pour faire comprendre que nous sommes dans le passé.
Pour finir, ajoutez à cela de fausses propagandes pour le “Protectorat” (celle pour apprendre aux femmes comment se tartiner le visage de fond de teint est hilarante) et de belles couvertures entre chaque chapitre et vous obtiendrez un “sans faute”. Au moyen âge l’enfer était sous terre, de nos jours il est sur terre, dans le futur il sera dans l’espace !

Bitch planet (T2) – President Bitch