Edelweiss

Chronique « Edelweiss »

Scénario de Cédric Mayen, dessin de Lucy Mazel,

Public conseillé : Adultes/adolescents,

Style : Chronique sociale,
Paru aux éditions « Vents d’ouest », le 14 juin 2017, 17.50 euros,
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L’Histoire

Été 47, Sèvres. Edmond, ouvrier aux usines Renault et son cousin Honoré s’en vont aux guinguettes. Ca commence mal, les “poulettes”, à qui Edmond a prêté sa “charrette”, ont un accident avec l’engin. Contrarié, Monmon refuse de danser. Pourtant, ce soir là, il fait la connaissance d’Olympe, avec qui il commence à flirter…
Un an plus tard, le jeune couple espère s’installer. Olympe, qui vient d’une famille bourgeoise, poursuit pourtant ses rêves d’indépendance, en travaillant chez un couturier, tout en bossant le soir chez elle pour son compte…

Ce que j’en pense

Cédric Mayen (scénario) et Lucy Mazel (Dessin) nous offrent un album aussi simple que lumineux. Le duo d’auteurs nous transporte dans les années 50, dans l’intimité d’un couple venant de deux univers sociaux différents. D’un côté, il y a Edmond, jeune ouvrier ambitieux aux usines Renault, de l’autre Olympe, jeune fille de bonne famille, qui rêve d’indépendance. Ces différences sociales cassent habituellement les couples, à l’époque. Mais voilà, ces deux là s’aiment suffisamment pour tenter de les dépasser. D’ailleurs, c’est surtout Olympe qui met à bas les préjugés et fait comprendre à son nigaud d’amoureux qu’elle n’a pas besoin d’être entretenue, en bonne petite femme d’intérieur, pour être heureuse… Vous l’aurez compris, le duo d’auteur s’attache à brosser un portrait de femme forte, en avance sur son temps.

Dans l’histoire familiale d’Olympe, il y a aussi l’amour de la montagne… et tante Henriette, la première femme à avoir réussi l’ascension du Mont Blanc par ses propres moyens… Cette passion de la montagne, elle la communiquera à son mari et cela nourrira leur histoire personnelle..

C’est une histoire toute simple et touchante que Cédric et Lucy ont mis en image. Une histoire qui fait même écho, d’une certaine façon, à mon histoire familiale (pour les différences sociales franchies par amour, comme un sommet à franchir à deux).

Cette histoire, profondément féminine (pour ne pas dire féministe), m’a vraiment touché, par sa sensibilité et sa simplicité. L’amour y est central, mais aussi de belles valeurs, comme le dépassement de soi et la croyance en l’autre. Car la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et ces deux-là vont avoir leur lots de difficultés…
Comme les auteurs le rappellent en introduction, c’est une fiction, mais cela sonne tellement vrai et juste que j’y ai cru.

Au dessin, Lucy Mazel (que j’avais rencontré pour l’épisode de “Communardes” avec Willfrid Lupano), compose une partition graphique lumineuse. Son dessin fin et élégant est soutenu par sa mise-en-couleur traditionnelle. Ses personnages sont expressifs et très légèrement caricaturaux (certains me rappellent des personnages des “animés” de Miyazaki). L’acting, le langage du corps et la mise en scène, tout est sobre et précis. Enfin, les couleurs, un peu terreuses ou solaires, suivant les scènes, ont nourri ma lecture.
Je ne dirais qu’un mot : Bravo !

Edelweiss


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