La mémoire de Babel, Tome 3 de « La Passe-Miroir », de Christelle Dabos, Gallimard Jeunesse, 2017, 496 pages.

L’histoire

Deux ans et sept mois qu’Ophélie se morfond sur son arche d’Anima. Aujourd’hui, il lui faut agir, exploiter ce qu’elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d’information divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d’adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?

Note : 5/5 ♥ Coup de cœur

Mon humble avis

Ma découverte de cette saga fantasy avait été si fulgurante (j’avais lu Les fiancés de l’hiver et Les disparus du Clairdelune lors d’un même « Week-end à 1 000 ») et enthousiaste, que j’étais bien impatiente de tenir ce troisième volume entre mes mains (oui, je me suis précipitée en librairie le jour de sa sortie). Je radote, mais comme d’habitude pour les volumes d’une saga, il y aura des spoilers des deux premiers tomes.

Après les péripéties d’Ophélie au Pôle, la mise en disgrâce de Thorn et leur rencontre avec Dieu, Ophélie est de retour sur son arche, Anima, avec sa famille pour son plus grand déplaisir et un ennui infini. L’intrigue commence donc trois ans après et Ophélie en a plus qu’assez de rester sans rien faire, sans savoir ce qu’il est advenu de Thorn et sans pouvoir correctement enquêter sur les paroles mystérieuses de Dieu, la création des esprits de famille, et ce fameux « Autre » qu’elle aurait libéré en utilisant son pouvoir de Passe-miroir. Quoi qu’il en soit, si comme moi, vous aviez lu les tomes précédents il y a quelque temps et que vous craigniez de ne pas pouvoir replonger directement dans ce tome, n’ayez crainte ! L’autrice a tout prévu et un « récapitulatif » précède l’histoire pour rappeler l’intrigue aux lecteurs.

Comme à son habitude, Christelle Dabos nous présente un nouvel univers, une nouvelle arche, qu’on découvre en même temps qu’Ophélie et qui est hallucinante de détails, de travail sur l’univers et de cohérence : des pouvoirs des habitants de l’Arche, au mode de vie, aux interdictions… Ces éléments forment un tout sans anicroche et chaque découverte fait sens avec les précédentes. On découvre de nouveaux personnages, certains bien moins attachants que d’autres, mais c’est voulu et ça fonctionne plutôt bien. L’autrice parvient à créer des personnages complexes, qui ne sont pas plats, ni tout blanc ni tout noir mais qui ont leur propre caractère, but et histoire. Ça n’excuse pas toujours leur comportement, mais même les personnages bully, qui recourent au harcèlement et aux menaces, ont plus de profondeur que des êtres simplement mauvais.

Le personnage le plus intéressant reste Ophélie, qui connaît une évolution des plus importantes, la plus grande certainement depuis le début de la série. Il faut dire, avec l’ellipse de trois ans entre le deuxième et troisième tome, il aurait été étrange qu’il en soit autrement. Mais j’ai beaucoup apprécié la manière dont c’est abordé : Ophélie ne grandit pas d’une page à l’autre, elle se pose beaucoup de questions, a des comportements parfois contradictoires, elle hésite, d’autres personnages la mettent face à elle-même et enfin elle réfléchit, se remet en question et grandit.

La mémoire de Babel est riche en rebondissements, mystères et obstacles qu’Ophélie devra surmonter. L’autrice nous tient en haleine jusqu’au bout, en dévoilant petit à petit des éléments de réponse autour de l’énigme qu’est la création des esprits de famille, l’objectif de Dieu, l’Autre, et ce qu’Ophélie peut avoir à faire au milieu de tout cela…

Si vous avez aimé les premiers tomes, foncez et si vous avez envie de vous plonger dans une saga fantasy, je ne peux que vous encourager à commencer « La Passe-Miroir » !