- Call The Midwife -

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Call the midwife (ou S.O.S Sages-femmes) fait partie de ses séries que j'ai toujours voulu regarder sans réussir à mettre la main dessus, ni à prendre le temps de le faire. C'est donc à ce moment-là qu'on remercie la bonté et la magnificence de Netflix (les 4 saisons y sont disponibles) ! J'avais lu, et bien aimé, le roman du même nom il y a quelques années et j'étais vraiment curieuse d'en voir une adaptation plus romancée.

Voici donc, dans la même veine que mon article sur Big Little Lies / Petits secrets, grands mensonges, un avis conjoint, une petite comparaison entre l'oeuvre papier et l'oeuvre télévisuelle. Accrochez-vous à vos bretelles, c'est Titine qui conduit !

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Call the midwife est donc une série inspirée du roman du même nom, en anglais du moins. Il s'agit de l'autobiographie de Jennifer Worth, alors toute jeune sage-femme dans les quartiers pauvres de Londres dans les années 50. Ce titre fait apparemment partie d'un ensemble mais, hélas, nous autres pauvres français, n'avons pas eu la chance de voir les autres titres être traduits.

Londres, années 1950. Jeune infirmière, Jennifer Worth décide de parfaire sa formation de sage-femme et rejoint les sœurs d'un couvent anglican, Nonnatus House, situé dans les docks de l'East End. À 22 ans, elle s'apprête à vivre l'expérience de sa vie dans cette maternité qui vient en aide aux plus pauvres. Récit de cet apprentissage, de sa rencontre avec les sœurs, alors qu'elle-même ne croit pas en Dieu, mais aussi tableau des quartiers déshérités du Londres d'après-guerre, son témoignage est à la fois bouleversant et empreint d'optimisme.

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Attention à vos esgourdes, je vais dire quelque chose que je dis rarement : dans ce cas-ci, , pas un roman et la chose est claire dès les premières pages. l'adaptation en série tv est bien mieux et bien plus agréable à découvrir que le récit. Le livre n'est pas construit comme un roman mais plutôt comme le récit que votre vieille tante (vieille mais intéressante) vous ferait pendant un repas de Noël un peu trop arrosé. Nous n'avons ici que le point de vue de la jeune Jennifer, pas toujours franchement sympathique d'ailleurs (elle n'aime pas les pauvres, la saleté, méprise les gentilles religieuses) (en gros, on ne peut pas reprocher à la dame de se présenter sous son meilleur jour). C'est une autobiographie historique

Mais cette étrange narration n'enlève absolument rien à la beauté des propos rapportés. Les patientes présentées, les situations, la pauvreté extrême qui règne dans ces quartiers abandonnés sont bien mises en avant et on ne peut que compatir envers ses gens qui font tout ce qu'ils peuvent pour survivre et faire vivre leur famille et leurs enfants. Le livre est découpé en chapitres, chacun racontant une expérience particulière qu'a eue la jeune Jennifer (la maman espagnole aux 26 enfants par exemple) (oui, ça m'a marqué) (non mais 26, quoi !!!!) et son quotidien parmi les nonnes. On voit Jennifer évoluer, remettre en question ses préjugés et grandir. C'est passionnant mais la narration, uniquement centrée sur un personnage (normal pour une autobio, vous allez me dire) gâche un peu l'ensemble.

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Si la série commence en se centrant sur Jennifer, comme dans le livre, nous découvrons petit à petit toute une galerie de personnages tous plus loufoques, vivants et colorés qui vient ajouter du sel à l'ensemble. On ne peut pas parler de Call the midwife sans citer Miranda Hart qui joue la gigantesque et très aristocratique Chummy qui, avec sa haute taille et son langage fleuri (à voir impérativement en VO, sinon c'est nul), rend chacune des apparitions de son personnage inoubliable.

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Les personnages sont donc plus creusés, puisqu'on a ici une narration omnisciente (et racontée par une Jennifer Worth vieillissante en voix off, par Vanessa Redgrave), et c'est tant mieux. Chacun a sa part d'ombre et de lumière et même ceux qui peuvent sembler être des clichés ambulants lorsque la série commence se développent et deviennent bien plus profonds et très attachants. La très jolie et très apprêtée Trixie en est un exemple frappant.

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[Trixie, digne représentante de la mode de l'année en cours]

[Non non, la série n'est pas en noir & blanc, contrairement à ce que tous ces gifs laissent à penser]


Hormis cette diversité de personnages, la série suit parfaitement les mémoires de Jennifer Worth et vous retrouverez quasiment (je n'ose pas dire toutes) les patientes dont elle a raconté l'histoire (dont la maman aux 26 enfants) (26, bon sang !). La série est donc très fidèle et n'apporte que du bonus au texte d'origine, et ça, c'est plutôt génial, non ?

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Si Jennifer Worth aborde juste l'aspect médical et la condition féminine de l'époque dans ses mémoires, la série explore bien davantage l'évolution qu'il y a eu dans ces années-là. Il est absolument sidérant de voir dans quel état et dans quelle position accouchaient les femmes. Contrairement à aujourd'hui, où la position gynécologique est presque obligatoire, on voit là des sages-femmes (et un médecin) s'adapter à chaque femme et à chacun de ses besoins et envies, quitte à se contorsionner par terre, chez la patiente d'ailleurs, puisque l'hôpital n'est pas encore la norme (on y va que lorsqu'il y a un gros problème). Il y a un accouchement, voire plusieurs, dans chaque épisode, et pourtant, ce n'est pas redondant ou répétitif. Comme dans la "vraie vie", je suppose, chaque situation est différente et si le médical vous intéresse ne serait qu'un peu, cette série va vous passionner, ne serait-ce que pour la comparaison avec notre modernité.

En 4 saisons, nous voyons aussi les mœurs évoluer grandement. C'est bientôt la révolution sexuelle, l'arrivée de la pilule pour les femmes mariées, la médecine connait un formidable bond en avant et tout cela est très bien amené et passionnera les férus d'histoire et de sociologie.

Avant de commencer la série, j'appréhendais un petit peu le côté religieux. Jennifer est hébergée chez des nonnes, un ordre spécialisé dans la "Midwifery", c'est-à-dire dans l'obstétrique mais du côté des sages-femmes, et le mélange science médicale et religion me laissait perplexe. Mais mes craintes ont vite été balayées. On ne peut pas oublier que la religion joue un grand rôle dans la vie des gens, surtout à cette époque et les nonnes tel qu'elles sont présentées dans la série sont infirmières avant d'être religieuses et il est très intéressant de voir certaines être partagé entre leur foi et la réalité de la rue (peut-on interdire l'avortement à une femme qui a déjà du mal à nourrir ses 6 enfants et qui est prête à mourir plutôt que d'en avoir un septième ?).

Époque oblige, il y a aussi tout un traitement fait sur les "filles-mères", seules à être jugées pour leurs ébats hors mariage, alors que monsieur repart tranquillement au pub boire avec ses copains. Si certains des messieurs jouent le jeu, les "pauvres" garçons en traînent pour leurs grades dans cette série. Et ce n'est pas moi qui vais les plaindre !

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J'ai toujours aimé tout, livres, séries, films, ce qui touchait au médical (grande fan d'Urgences devant l'éternel). Cette série, beaucoup plus que les mémoires dont elle est adaptée, est donc pour moi un véritable coup de cœur. Tour à tour émouvante, légère, profonde, divertissante et instructive, elle permet d'ouvrir une fenêtre sur le passé tout en nous faisant nous questionner sur notre présent. Alors attention, mesdames mes copines enceintes, je ne vous conseille pas de la regarder pendant que votre brioche cuit lentement, parce que même si vous savez bien ce qu'il va vous arriver (comprendre par-là, l'énorme bébé qui va sortir de vous) (je précise, au cas où), y a des situations pas toujours très folichonnes tout de même. Les personnages sont tous merveilleux et je me suis surprise à développer une sorte d'émoi affectueux à l'apparition d'une nonne. D'ailleurs, il me reste une saison à découvrir parce que, malgré la perfection de l'ami Netflix, elle n'y est pas encore (vous l'entendez mon cri de désespoir ?).


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois