Cinéma de Tanguy Viel

Cinéma de Tanguy VielCinéma

Ecrit par Tanguy Viel

Paru aux éditions de Minuit en 1999

122 pages

Lorsque je suis allée écouter Tanguy Viel à Poitiers en mars dernier, j’ai acheté trois romans de lui que je n’avais pas lus, dont celui-ci…

Quel livre ! J’ai été bluffée du début à la fin. Ce texte est un OLNI (objet littéraire non identifié) !  Le narrateur ne parle que d’un film et un seul, Sleuth de Mankiewicz (Le limier en version française), il l’analyse, le décortique, en montre toutes les ficelles, les subtilités, avec le ton du fan absolu, de celui qui ne peut garder pour ami quiconque n’aura pas trouvé ce film formidable. Il l’a vu des dizaines de fois en en découvrant chaque fois un détail nouveau. C’est une obsession.

Ce film, je suis sûre que je l’ai vu lorsque j’étais très jeune, des images me sont revenues à la lecture du livre de Tanguy Viel mais bien sûr, je ne m’en souvenais pas suffisamment. Cependant, il n’est absolument pas nécessaire de connaître le film, le narrateur en parle avec tellement de chaleur, de détails, de persuasion, de virtuosité qu’on a l’impression de voir le film. Et paradoxalement, ce livre n’est qu’un apéritif, parce que les mots ne sont pas les images et qu’ils ne donnent qu’une interprétation de la mise en scène. Alors, une fois le livre refermé, on se demande bien où on va pouvoir trouver ce film en version originale bien sûr !

Ce petit livre est un chef d’œuvre d’intelligence parce qu’il est capable d’emporter le lecteur dans cette folie obsessionnelle sans être nullement ennuyeux. Et je confirme mon attachement pour la folle écriture  de cet auteur. Le pouvoir des mots est puissant et décidément les phrases longues aux nombreuses incises me ravissent.

« Aussi, la plupart du temps, je vends la mèche dès le départ, dès que l’inspecteur Doppler sonne à la porte, je mets l’image sur pause et je dis très vite : c’est Tindle qui n’est pas mort parce que la balle était à blanc. C’est le seul moyen pour qu’ils finissent par mettre une couleur sur chaque objet, et un sourire sur chacune de leurs lèvres, sans toujours penser aux coups de théâtre, alors ils peuvent sentir un peu mieux comment les deux personnages tombent dans le vide, et s’entraînent lentement dans leur chute, si lentement. »

A la lecture de ce passage, Luocine, j’ai pensé très fort à toi et à ta façon de lire les livres et… j’ai souri.



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