Pour les parents du monde entier

Pour les parents du monde entier

Les petites victoires (Yvon Roy – Editions Rue de Sèvres)

Pour Marc et Chloé, la vie est magnifique. Ils s’aiment, ils viennent d’avoir leur premier enfant et ils ont des amis avec qui ils s’entendent à merveille. Bref, tout leur sourit. Mais après dix-huit mois de bonheur intense, leur ciel s’assombrit. Olivier, leur fils, n’a toujours pas dit un seul mot. Plus inquiétant encore: il réagit très peu quand on lui parle ou quand on veut jouer avec lui. Seul le dessin animé « Rififi le lapin » semble l’intéresser. Interloqués par cette apathie, Marc et Chloé décident d’emmener leur fils dans un centre d’évaluation. Une semaine plus tard, le verdict tombe comme un couperet: Olivier est autiste. D’une seconde à l’autre, le monde de Marc s’écroule. C’est bien simple: il est complètement perdu. Lui qui rêvait d’un fils médecin, astronaute ou sportif de haut niveau doit faire le deuil de cet enfant parfait et accepter d’ouvrir ses bras à un enfant différent. Un enfant avec qui il sait déjà qu’il ne pourra pas partager plus tard sa passion pour les BD et les romans jeunesse. Dans un premier temps, ce constat est trop dur à digérer et Marc perd les pédales. A un point tel que Chloé et lui finissent par se séparer, comme c’est souvent le cas lorsque des parents sont confrontés à ce genre d’épreuve. Mais une fois le choc passé, Marc décide d’arrêter de se lamenter et de construire une vraie relation avec son fils. On peut même dire qu’il y met toute son énergie et toute son âme. Pendant des années, Marc va aller à l’encontre des avis des spécialistes pour tester des nouvelles méthodes susceptibles de renforcer l’autonomie de son fils. Petit à petit, il permet à son fils d’affronter ses peurs et même de soutenir son regard et de changer ses habitudes, ce qui est très loin d’être évident pour une personne autiste. Chacun de ces petits pas constitue pour Marc et Olivier une nouvelle petite victoire.

Pour les parents du monde entier

A la base, l’illustrateur québécois Yvon Roy ne pensait pas faire une BD sur la naissance et l’enfance de son fils autiste, qui est âgé de 12 ans aujourd’hui. C’est seulement il y a six ou sept ans qu’il a commencé à penser à l’idée d’un livre lorsqu’une éducatrice spécialisée lui a fait remarquer que ce qu’il avait accompli avec son fils méritait d’être partagé avec d’autres parents. Mais à l’époque, Yvon Roy n’envisageait pas de le faire sous forme d’une bande dessinée. Finalement, c’est grâce aux encouragements de son entourage mais aussi du dessinateur Régis Loisel, avec qui il avait travaillé plusieurs années auparavant, qu’Yvon Roy s’est lancé dans la réalisation des « Petites victoires ». Les débuts se sont avérés plus difficiles que prévu, notamment au niveau graphique. « Je devais trouver un niveau de réalisme et de stylisation qui soit juste, ni trop adulte, ni trop naïf, quelque chose de sympathique qui me permettait de faire passer les émotions en douceur », explique le dessinateur de Montréal. « Presque un mois de travail aura été nécessaire pour arriver à un dessin simple et expressif capable de porter le propos sur le ton intimiste que j’espérais. » En se lançant dans cette aventure, l’objectif d’Yvon Roy était clair: il voulait raconter une histoire d’amour intense qui s’adresse à tous les parents, et en particulier aux pères. « Le milieu soignant est parfois très féminin et on peut se sentir exclu, avoir envie de fuir », explique-t-il. Pour lui, l’expérience qu’il a vécue avec son fils prouve qu’il ne faut jamais renoncer, même quand la situation paraît désespérée. Son livre, qui est plein d’énergie positive, constitue du même coup un formidable message d’espoir pour tous les parents confrontés à des obstacles avec leurs enfants. Seul petit bémol à cet enthousiasme: on aurait aimé qu’Yvon Roy approfondisse parfois un peu plus les moments plus difficiles, qu’il a parfois tendance à évacuer un peu trop rapidement, emporté par son enthousiasme. Il n’empêche: ça vaut la peine de découvrir ce portrait étonnant d’une relation père-fils plus forte que la maladie.



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