Critique #3 : D’après une histoire vraie – Delphine de Vigan

Critique #3 : D’après une histoire vraie – Delphine de Vigan

Pour commencer la critique de ce super livre, que j’ai aimé de A à Z et qui m’a hanté ces derniers jours, je crois qu’il est important de dire que je n’ai jamais lu Delphine de Vigan. Je n’ai pas pu passé à côté de bruit médiatique de son précédent livre, Rien ne s’oppose à la nuit, mais je suis passée à côté de ce livre, comme des autres, dont je ne connaissais même pas l’histoire.

Avant de lire D’après une histoire vraie, et afin de comprendre toutes les subtilités/références/remarques de l’auteur, afin de le savourer pleinement, il faut avoir lu Rien ne s’oppose à la nuit, il faut avoir conscience de l’impact de ce livre et de sa célébrité, ce que je n’ai pas fais et regrette… Mais que je compte bien corriger rapidement.

Dans ce livre, qui navigue entre réel et fiction, raconte l’histoire d’un personnage très (en tout point ?) semblable à l’auteur, qui croise, après le succès retentissant de son dernier livre et alors qu’elle s’apprête à vivre une phase décisive de sa vie (les enfants s’en vont, le nouveau livre doit être écrit), une femme nommée L. Cette rencontre prends alors des allures de thriller malsain. Je vous laisse goûter à cet atmosphère avec une citation de l’auteur :

« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L. L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser. » 

Ce qui m’a touché d’abord, c’est la très belle écriture. Une écriture fluide, facile mais recherchée, riche en vocabulaire, prenante, émouvante. Bref, tout ce que l’on demande. Des phrases interminables sans virgule mais qui ne fatigue pas, un rythme donné par la ponctuation, pour un vrai délice d’écriture dite « classique ». Le livre reste facile, accessible, mais délectable.

Ce que j’ai adoré, c’est le questionnement constant de l’écrivain sur l’écriture : qu’est-ce que l’on écrit après le succès ? Comment ? Pourquoi ? L’importance du sujet, de se documenter, toute la procédure avant-écriture est aussi analysée. Et la question principale, que vous allez vous poser après la lecture du livre : qu’est-ce qui sépare le réel de la fiction ? Est-ce que tout réel devient fiction dès que l’on écrit, est-ce que la fiction peut arriver à la cheville du réel et inversement ? (Sortez une feuille, vous avez trois heures). Tous ces moments de débat avec l’auteur rythment la lecture, et loin de ralentir le livre, il ajoute à son suspense, aux interrogations du lecteur.

On en vient au dernier point qui fait de ce roman une tuerie : le suspense. C’est un thriller. Un thriller-réaliste-de fiction-philosophe-et littéraire. Un tout en un que j’ai dévoré, adoré, et dont je n’arrivais pas à me passer. On passe de rebondissements en rebondissements, sans suivre de trame chronologique précise, mais on ne perd jamais de fil. On a envie d’en apprendre de plus, de comprendre le sens de tel ou tel action, et le personnage de l’écrivain est attachant de sensibilité et de faiblesse. Le personnage de L. est lui aussi très bien maîtrisé, très réel (encore une preuve ?)

C’est donc un super moment à passer que je vous conseille sans retenue : le livre est court, se dévore, et reste ensuite avec vous pendant un long moment.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois