Chronique « Duke (T1) » La boue et le sang,

Scénario de Yves H., dessin et couleurs de Hermann,

Public conseillé : Adultes / Adolescents

Style : Western,
Edité chez « Le Lombard », le 27 janvier 2017, 14,45 euros
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L’histoire

Ogden, Colorado, vers 1866.
C’est au bout du travail harassant et inhumain au fond d’une mine d’or que se noue la dramatique. A bout de force, épuisé par les misérables conditions de vie de sa famille, Aurélio Cummings commet l’irréparable : le vol de quelques grammes du précieux minerai. La faute est impardonnable pour le propriétaire de la mine, McCullins, et il lâche les chien fous de McCaulky sur les miséreux. La mort d’une femme et d’une petite fille seront la punition de l’infortuné mineur. Une nouvelle fois l’horreur est au rendez-vous ; une nouvelle fois le Marshall Finch recule devant le maître de la ville ; une nouvelle fois Duke, son adjoint, appelle à la justice. Mais rien ne bouge, jusqu’à ce que trois miséreux poussent Cummings à se faire justice, en exécutant le gang de McCaulky. Mais l’attaque tourne au désastre, Duke évite le pire… mais non, il est encore à venir !

Avec ce nouveau western, Hermann et son fils, Yves H., semblent vouloir construire une nouvelle série avec un personnage tourmenté épris de justice et qui cherche à évacuer ses mauvais démons. Il aimerait une vie meilleure, loin du bordel où travaille Peg, celle qu’il aime, mais avec qui il refuse de s’engager. « Je suis né des ténèbres et je mourrai dans la boue et le sang », telles sont ses certitudes. Inutile donc d’entraîner Peg vers cette sombre prédestination.
Têtu et épris de justice il se lancera seul dans la poursuite de la bande malfaisant et surtout de… McCaulky. La mort ne l’effraie pas puisqu’il ne se voit pas d’avenir…

Ce que j’en pense

C’est un récit âpre, plutôt classique, qu’a imaginé Yves H. pour ce premier « Duke ». Un album qui porte bien son titre car cette histoire se joue dans une misérable ville minière, cloaque où les habitations austères s’érigent dans la boue. Le sang, lui, survenant dans l’aveuglement meurtrier sur des innocents avant que le souffle de la vengeance ne viennent étendre les longues flaques des corps criblés de plomb. C’est direct, cru, parfois sadique. Yves H. ne fait pas de dentelles, Hermann non plus. L’affaire est sordide, les personnages peu sympathiques, le dessinateur ne cherche pas à enjoliver en faisant du beau avec du rugueux. Dans ce monde abrupt et cynique, Hermann pousse même fortement le trait en enlaidissant hommes et femmes… La rudesse de cette vie ne devait sans doute pas permettre le beau !

Son dessin et son découpage sont néanmoins très efficaces, d’une vigueur impressionnante notamment dans les scènes d’action (quelle dynamique dans l’attaque du gang McCaulky au bordel, formidable mise en place du duel dans la montagne), certaines mises en couleurs splendides (scènes de nuit, quelques-unes dans les forêts enneigées,…) et, dans ce scénario quelque peu linéaire, il arrive à nous faire un peu oublier que tout cela est du déjà vu. On a là, malgré quelques réserves, du très bon Hermann.

« Duke » ne m’aura néanmoins pas vraiment convaincu, avec cette histoire somme toute austère et sans grande surprise. Peut-être que la décision finale prise par ce héros atypique débouchera sur un tome 2, déjà annoncé, d’une plus grande envergure. “La boue et le sang” est l’acte de naissance d’une série et d’un personnage principal nommés “Duke”, le titre prochain, “Celui qui tue”, se situera en 1868, soit quelques années à peine après la guerre de Sécession et juste avant la finalisation de la ligne de chemin de fer qui reliera l’Est à l’Ouest des Etats-Unis.

Il sera intéressant de voir l’évolution donnée par les auteurs dans un contexte très différent et sans doute ouvert à beaucoup plus d’orientations scénaristiques.

“Duke” peut et doit venir nous convaincre de venir le rejoindre dans son enfer personnel…