Natural Woman - Rieko Matsuura

Natural Woman - Rieko Matsuura Un roman en trois longs chapitres, presque des nouvelles pouvant se lire indépendamment et relatant trois moments particuliers de la vie de Yôko, dessinatrice de manga d’une vingtaine d’années. Dans la première histoire, elle se réveille pour la dernière fois près de sa petite amie hôtesse de l’air avec laquelle elle ne s’entend plus. Dans la seconde, elle accompagne une collègue de travail au cours d’un week-end de repos et n’ose pas lui avouer à quel point elle l’attire. Dans la dernière, elle revient sur sa liaison avec Hanayo qui l’éveilla, parfois brutalement, à la sexualité entre filles.
Étrange roman sur la difficulté des relations amoureuses à travers le portrait d’une jeune homosexuelle fragile et hypersensible. Étrange parce qu’à la fois très pudique et très cru, tout en retenu et en même temps n’hésitant pas à décrire de façon précise des ébats souvent proches du sadomasochisme. Yôko se cherche, Yôko aime mais ne sait comment le dire, Yôko subit, cède et agit sous la contrainte psychologique de ses partenaires. Le récit, à la première personne, fonctionne comme un journal intime. Yôko se livre et expose son manque de confiance en elle, sa difficulté à se sentir pleinement femme, à devenir une « natural woman » accomplie et sereine. Les scènes lesbiennes sont totalement suggérées ou parfaitement explicites, toujours déstabilisantes, à l’image de ce livre où le malaise plane en permanence, où le lecteur devient par la force des choses voyeur malgré lui.
Entre désir et répulsion, entre douceur et cruauté, entre lutte effrénée et convergence des sentiments, entre douleur et plaisir, la vie sentimentale exposée de la sorte apparaît aussi fascinante que complexe. Un roman publiée pour la première fois au japon il y a trente ans, assez typique je trouve d’une certaine littérature japonaise underground des années 80 qui, dans le sillage de l’icône Ryu Murakami, n’a pas hésité à s’affranchir de toute forme de classicisme pour bousculer l’ordre établi. Tout ce que j’aime !
PS : Rieko Matsuura a écrit un autre roman dont le titre pour le moins intrigant (Pénis d’orteil) justifie à lui seul que je me penche sur son cas au plus vite.
Natural Woman de Rieko Matsuura (traduit du japonais par Karine Chesneau). Picquier poche, 2015. 192 pages. 7,00 euros.
Natural Woman - Rieko Matsuura


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois