Le coup de Prague – One shot

Chronique « Le coup de Prague »

Scénario de Jean-luc Fromental, dessin de Myles Hyman,

Public conseillé : Adultes / adolescents (à partir de 14 ans),

Style : polar, espionage, roman graphique,
Paru aux éditions « Dupuis, collection « Aire Libre » le 14 avril 2017, 18 euros,
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L’Histoire

Hivers 48, la belle Elizabeth Montagu, un peu actrice, un peu espionne, est au service de la compagnie “London Films”. A Vienne, elle est le contact de Graham Greene, le célèbre romancier, qu’elle doit guider à travers la capitale très touchée par de lourds et intensifs bombardement. Elle a pour mission officielle de le guider pour le repérage de l’écriture d’un futur film, produit par Korda. A son arrivée à l’aéroport, Greene est photographié par un mystérieux journaliste. Il s’installe à son confortable hotel “Sacher” et se réconforte avec une bonne bouteille à partager.
Le lendemain, les visites commencent par le cimetière où reposent Beethoven et Salieri. Ils sont suivi par deux américains, qu’Elizabeth reconnaît. Ce sont deux anciens de l’O.S.S., rebaptisé récemment C.I.A…

Ce que j’en pense

Miles Hyman et Jean-Luc Fromental nous livrent un coup de maître(s) ! Si vous appréciez les polars, les romans d’espionnage et les films noirs, vous allez être servis. Jean-Luc exploite une brèche de l’histoire, la petite et la grande. Il faut dire qu’avec le célèbre romancier “catholique” Graham Greene, (“Tueur à gage”, “La puissance et la gloire”, “Le 3e homme”, “Le fond du problème”…), il tient un personnage haut en couleur ! L’homme est tout, sauf un romancier de salon. Véritable aventurier, se déplaçant sans cesse sur les points chauds de la planète, Greene a eu des activités d’espions (on connaît même son matricule au MI 6 !).

Où commence le romancier et où finit l’espion ? C’est avec cette frontière très floue que Fromental et Hyman jouent sans cesse dans “Le coup de Prague”… Tricotant avec les bouts de réalité et les trous dans la biographie très incomplète de ce romancier-espion, ils nous embarquent au prémices de la guerre froide, à Vienne. Dans la capitale, occupée par les quatre grandes puissances, le petit monde des espions se retrouvent pour une grande “scène de bal”

Dans une ambiance paranoïaque, entre “Blake et Mortimer” et “Casablanca”, les auteurs nous offrent un album dense et théâtral, digne d’un grand film noir, ou d’un bon roman.
Entre références visuelles cinématographiques (“Le 3e Homme” n’est pas loin), décors dramatisés par les bombardements et belles pépés, je me suis cru transporté dans un très bon vieux film de genre.

Jean-Luc a eu la très bonne idée de collaborer avec Myles Hyman. Ce dessinateur américain (vivant en France) avait montré tout son savoir faire dans la mise-en-image de polars noirs (“Le Dahlia noir”, ”Le poulpe”, “Nuit de fureur”, “La Loterie”…).
Avec ce pavé graphique, il passe une nouvelle étape. Décors de ruines, ambiances feutrées et scènes d’actions, j’ai été littéralement immergé dans ses images. Même si on peut lui reprocher une approche illustrative, qui peut donner un sentiment de rigidité, cela ne m’a pas gêné.
Alors, vous avez envie de vous évader dans un bon vieux polar ? Et si vous tentiez l’expérience de vous faire votre propre film en admirant “Le Coup de Prague” ?

Pour continuer l’expérience, voici l’interview des auteurs réalisée à “Livre Paris 2017”. Appréciez la science narrative de Jean-Luc Fromental et le charme anglo-saxon de Myles.

http://www.unamourdebd.fr/wp-content/uploads/2017/04/ITV_coup_de_prague.mp3

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois