Funambule de Jack et Maurice Sendak

Funambule de Jack et Maurice SendakFunambule

Ecrit par Jack Sendak

Illustré par Maurice Sendak

Editions MeMo

2017 pour cette édition

Mais 1957 pour la première édition !

Je l’ai lu, et je me suis demandé s’il plairait aux enfants, si ça n’était pas trop vieillot (dans l’écriture et l’illustration). Alors je l’ai proposé à trois élèves de ma classe, trois élèves de 9 ans (deux filles et un garçon).

Bilan, ils l’ont beaucoup aimé. Titouan parce qu’il trouvait ça réaliste qu’une petite fille n’aille jamais chez « les gens du dehors » et qu’elle reste toujours dans le cirque. Chloé a trouvé bizarre que Flora n’aille jamais voir le monde extérieur. Mais elle a aimé quand elle posait ses questions et que tout le monde lui répétait la même chose. Et enfin, Olivia a beaucoup aimé le fait que les gens du cirque jouent le jeu pour qu’elle aille voir elle-même l’extérieur. Et elle a aimé aussi qu’elle se rende compte qu’aucun cauchemar ne pouvait être vrai.

Mon avis :

C’est une  jolie fable qui aborde le thème des relations qu’entretiennent (ou pas) les communautés entre elles, sur la peur de l’inconnu, l’incompréhension qui naît de notre méconnaissance de l’autre et de sa manière de vivre, sur nos jugements trop hâtifs…

Flora est né dans le cirque, a grandi dans le cirque, sait faire beaucoup de choses dans le cirque mais n’en est jamais sorti. Elle ne connait pas du tout les spectateurs, la manière dont ils vivent et par conséquent, elle en a peur jusqu’à en faire des cauchemars. Aux questions qu’elle pose à ses amis du cirque, elle a des réponses surprenantes qui ne la rassurent pas. Elle décide alors, non sans crainte, d’aller voir par elle-même.

D’ordinaire, ce sont les gens du cirque qui inquiètent, que l’on trouve étranges et que l’on rejette parfois. Ce qui est intéressant ici, c’est le point de vue, l’angle d’attaque original, le parti pris de l’auteur de proposer une autre vision de notre monde (nous les spectateurs).

« Mais qu’est-ce qu’ils faisaient donc ? Ils tournaient en rond comme des fous, entrant, sortant d’un bond des bâtiments, montant et descendant les escaliers au galop.

Flora aperçut un groupe d’hommes. Ils parlaient fort et plaisantaient ensemble. Mais Flora, qui ne pouvait pas bien les entendre, pensa qu’ils se disputaient. Elle les voyait fumer la pipe et agiter les bras. Aussi bien, c’étaient des magiciens débattant d’une formule magique. »

Flora est sur un fil, elle les domine, et sa vision est parcellaire (elle est intéressante cette métaphore de la vision de haut. N’est-ce pas ce qu’on ressent lorsqu’on critique les autres et leur façon de vivre, ne les prend-on pas de haut ? Ne se sent-on pas supérieur aux autres ?). Elle en conclut donc :

« Ils n’étaient pas aimables comme les gens du cirque. »

Et puis elle va descendre de son fil, elle va regarder à l’intérieur d’une maison et comprendre que finalement :

« ils sont justes comme nous. »

Cet album est tout à fait d’actualité ! Il sonne toujours très juste.

Pour rappel, Maurice Sendak est l’auteur de Max et les maximonstres ! C’est une référence.

Merci à Babelio et aux éditions MeMo pour cet envoi.



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