Morocco Jazz (One shot)

Chronique « Morocco Jazz »

Scénario et dessin de Julie Ricossé,

Public conseillé : Adultes / Grand adolescents (à partir de 16 ans),

Style : récit de vie
Paru aux éditions « Glénat », le 22 mars 2017, 112 pages, 19.50 euros,
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L’Histoire

Casablanca, 1954. La jeune Louise interprète un morceau de Jazz vocal sur scène. Dans la salle du cabaret, Henri, son fiancé, la dévore des yeux, attablé avec son supérieur, le commissaire. La période est difficile… Assassinats en pleine rue, terrorisme, l’homme n’a pas la tête à se distraire…
Après le spectacle, Henri rejoint Louise. Mais cette dernière se refuse à lui. Rejoint par sa grande amie Camille (cleptomane à ses heures) et par Sybil, une jeune française qui a épousée un marocain, les filles partent en vadrouille. Un peu saoule, Camille “emprunte” une voiture et amène ses copines en bord de mer.
Isolées, Louise et Camille parlent d’avenirs. Dans un pays au bord de la guerre civile, Camille rêve d’Amérique, tandis que Louise se voit déjà mariée à son beau militaire.
Au retour de leur balade, les trois filles sont témoins d’une scène horrible. Une voiture bondit devant elles et arrose de balles les consommateurs marocains attablés au café…

Ce que j’en pense

Julie Ricossé est une jeune auteure plein de talent et de potentiel. Après “Mystérieux mystères insolubles” (scénario de Jean-Blaise Djian) et “Prospero”, elle se lance dans un one-shot en solo, sur fond de politique colonialiste… Franchement, il fallait oser aborder un sujet aussi sensible !

Pour sortir du débat politique, Julie s’attache aux personnes. Elle se concentre sur trois jeunes femmes, trois amies , qui vivent leur jeunesse à Casablanca en 1954. C’est une époque charnière pour l’indépendance, qui va basculer sous l’impulsion des nationalistes. Entre les colons français qui pensent que cette terre est à eux (ils sont nés ici !) et les marocains qui pensent la même chose, le ton monte.
Attentats terroristes, climat de peur et méthodes policières barbares (tortures) pour obtenir des aveux, la tension monte entre les deux communautés. Evidemment, tout n’est pas blanc ou noir. Et c’est encore pire pour les individus qui se trouvent au milieu du conflit et doivent “choisir”. C’est le cas de Sybil, une jeune française qui a épousé un marocain, ainsi que les intellectuels marocains qui baignent dans la culture française. Sans manichéisme, Julie raconte les destins de ces jeunes femmes bousculées par la tourmente de l’histoire…

Dans les bons côtés de cet album, il y a aussi l’ambiance des années 50 au Maroc, que Julie restitue avec précision. Architecture et scènes de rues détaillées, couleurs aquarellées solaires, la demoiselle m’a plongé dans ce Maroc sous haute tension.
Enfin, pour dynamiser son récit, Julie se sert d’aller/retour entre notre présent et le passé de ses héroïnes. Un petit artifice qui le rend plus contemporain.
Voilà, si après ça, vous n’avez toujours pas envie de lire cet album, je n’y comprend plus rien…

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