Jérôme Leroy – Jugan ***

Jérôme Leroy – Jugan ***

Éditeur : Folio - Date de parution : janvier 2017 - 215 pages

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Le narrateur qui prend la parole dès les premières pages semble hanté par ce qui lui est arrivé à Noirbourg, lorsqu'il était jeune enseignant au collège Barbey d'Aureville. Il y a fait la connaissance d'un singulier personnage, Joël Jugan, un dangereux activiste au visage ravagé qui venait de passer dix-huit ans en prison. En fondant Action Rouge dans les années 70, il voulait changer l'ordre social, détruire ce monde infecte et capitaliste... et il était prêt à tout pour y parvenir. Des années après cette rencontre et les événements qui suivirent, le narrateur cherche encore un sens à ce qui s'est passé. Par une nuit brûlante en Grèce, dans le village de Paros, où il se trouve en vacances avec sa femme et sa fille, il rêve et se souvient...

Un récit qui annonce d'emblée la tragédie à venir. Une atmosphère sombre, les fantômes de Noirbourg resurgissent avec la nuit. Les personnages de cette tragédie sont nommés : Assia, ancienne élève du collège. Clotilde, la CPE. Joël Jugan. Ils vont tous se croiser dans un centre d'aide aux devoirs. C'est Clotilde, ancienne membre d'Action Rouge, n'ayant jamais perdu contact avec Jugan, prend la décision de le recruter au centre ; il y rencontrera Assia qui y travaille déjà et va tomber éperdument amoureuse de lui, scellant sa propre perte.

L'écriture de Jérôme Leroy est sublime. Sombre et lumineuse. Empreinte de mélancolie. Une lecture courte et percutante, qui m'a complètement séduite.

Merci aux éditions Folio pour cette lecture !

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" Si ces rêves devaient finalement disparaître, j'en serais triste. Cela signifierait que j'ai tout compris. Et je ne suis pas certain d'avoir envie de tout comprendre, d'avoir envie qu'Assia Rafa, son père Samir, Clotilde Mauduit, les Gitans de la Zone et bien entendu Joël Jugan disparaissent de mon paysage onirique, n'ayant plus rien à révéler de leurs mystères, de leur violence. Ils auront été, malgré eux, à leur façon, la part de poésie et de sauvagerie dans ma vie si banalement rangée. "

" Et il était étonné de voir qu'il y avait toujours eu à travers le temps des hommes pour reprendre l'étendard de cette Cause, pour tout y sacrifier, et s'y brûler dans un mélange de rage inapaisable et de bonheur fou. Jugan était de cette race-là, une race magnifique et dangereuse. "

" Elle ne sait pas départager ce qui l'attire violemment, brutalement dans cet homme et ce qui au contraire l'effraie comme si elle avait rencontré sa propre mort. "

" On aurait dit, dans cette lumière incertaine, que la Lande était vivante, se gonflait dans la nuit qui approchait et que le moment venu elle viendrait dévorer la ville et la renvoyer au néant, avec ses avenues, ses habitants, ses bâtiments officiels, ses secrets honteux, ses rumeurs assassines, effaçant jusqu'à son souvenir dans la mémoire des hommes. "


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois