Journal de lecture — Pourquoi il faut (absolument) en tenir un

En harcelant mes amis lecteurs pour le Défi 12 mois, 12 amis, 12 livres, j'ai fait l'horrible réalisation suivante :

La plupart d'entre eux ne tiennent pas de journal de lecture.

Et, tel de misérables vagabonds, des bouquineurs de smog, que dis-je, des bohémiens de bibliothèques, ces pauvres hères sont en réalité des INDIGENTS incapables de (re)trouver un livre quand ils en ont besoin. (Par exemple, quand je leur demande une recommandation.)

Aussi, Mère Thérésa de la lecture, je viens au secours des nécessiteux, avec ce simple commandement :

Tenez un journal de lecture, bon sang de bois. Journal de lecture — Pourquoi il faut (absolument) en tenir un

Sans tenir la liste de ses lectures, difficile d'y voir clair. Personnellement, il y a longtemps que je ne me fie plus à ma mémoire. (Qui se comporte tout à fait comme ces écureuils qui dissimulent précieusement 500gr de noisettes avec les meilleures intentions du monde et, oublieux et distraits, recommencent consciencieusement la même opération vingt mètres plus loin. On estime à 750 tonnes l'amas de noisettes pourries oubliées par ces petits fumiers chaque année. J'aime les noisettes, ok.)

Bref, quand on me demande ce que j'ai lu d'extra-chouette dernièrement, si je n'ai pas ma bibliothèque sous les yeux, je suis souvent incapable de répondre, et la douleur est grande. Voilà pourquoi je vous exhorte, petits et grands dévoreurs de littérature, à tenir un Journal de lecture.

J'entends d'ici votre objection nonchalante :

À cela, je réponds :

  • Inutile d'y consacrer beaucoup de temps. Je tiens le miens sous forme de liste, sans écrire de critique. J'ai un code simplissime (pour ne pas dire attardé) (honnêtement : il est à base de smileys) qui me permet de me souvenir, pour chaque livre lu, de mon ressenti de lecture.
  • Rien ne vous oblige à tenir un Bullet Journal artistique, riche et détaillé. Inutile de sortir les feutres et les fusains. Si c'est votre came, Alléluia ! Mais ce n'est pas nécessaire à la tenue d'un Journal de lecture.
  • Il existe même des plateformes pour mettre à jour ses lectures. Babelio, Goodreads, Livraddict, Booknode... Il suffit de cliquer sur le livre lu, de l'ajouter à ses lectures, et de le noter (de 1 à 5 étoiles, le plus souvent). Même pas besoin d'écrire ! Même pas besoin d'ouvrir un carnet ou un document Word ! L'Éden des flemmards !

Cela dit - et même si je tiens ma liste de lecture sur Goodreads et consulte tout le temps les avis sur Babelio - ces plateformes ont leurs contraintes. Il faut bénéficier d'une connexion internet pour y accéder, il faut chercher les livres (parfois les ajouter à la base de données), et le code de notation (les 5 étoiles, souvent) ne vous parle pas forcément.

Personnellement, je trouve que l'étoile a une connotation positive. 1 étoile pour dire Je n'ai pas aimé, ça ne colle pas du tout à ma représentation des choses. Quand j'ai détesté un livre de toute mon âme, c'est ça que je veux mettre :

Journal de lecture — Pourquoi il faut (absolument) en tenir un

Aussi, l'avantage d'une liste que vous tenez dans votre coin, sur ordi ou cahier, c'est que... c'est la vôtre. Vous pouvez choisir votre propre code. C'est la première chose à faire.

  • Une note sur 20 ?
  • Des +++ et des - ?
  • Des smileys expressifs ?
  • Des remarques énamourées ou abrasives ?

Par exemple, je tiens mon journal de lecture sous Word, et il s'ouvre sur la récap de mon code critique :

Journal de lecture — Pourquoi il faut (absolument) en tenir un

Je note donc mes lectures sur une échelle allant de 4 smileys contents à 4 smileys mécontents. (Et là vous vous dîtes : mais quel génie.)

Ce qui donne, avec l'exemple du mois d'août 2016 chargé en coups de cœur :

Pallier la mémoire-passoire n'est pas le seul avantage du Journal de lecture. Hé non !

  1. C'est un outil indispensable à la réalisation des listes. Toutes sortes de listes. Des listes de recommandation, des listes de bilan, des listes de romans lus en VO, des listes par période, par genre, par thématique, par format. Des listes, des listes, des listes.
  2. Il permet de s'auto-découvrir et de s'auto-aiguiller. Typiquement, si je constate à la lecture de ma liste qu'un auteur que l'on m'a recommandé oscille sur plusieurs lectures entre le smiley content solitaire et le smiley mécontent, j'arrête d'insister. (Oui, je regarde dans ta direction, Pierre Michon.) Et à l'inverse, de décider de lire l'intégralité de la biblio d'un auteur après avoir constaté que je le notais toujours bien (Je dénonce : Timothée de Fombelle).

    Mais surtout, un journal permet de constater que " Oups, 80% de mes lectures sont des parutions post-2000. Ce serait bien d'aller piocher chez les vieux, non ? " ou " Wahou j'ai lu littéralement 4 BD en trois mois, et elles sont toutes super bien notées. Pourquoi je n'en lis pas plus ?? "

  3. Un journal de lecture incite à lire davantage, et plus régulièrement. C'est un truc vieux comme le monde : lister ce qu'on a accompli est une façon de se sentir bien. C'est de l'auto-congratulation innocente, exactement comme barrer d'une liste les méchantes tâches administratives que l'on a (enfin) terrassées, ou égrener ses villes visitées préférées (des étoiles dans les yeux). On est un peu content de soi, tout simplement. Et, à l'inverse, dans son journal, on a vraiment aucune envie de se retrouver à la fin du mois à devoir écrire " Bilan : zéro livre lu. ", donc ça pousse clairement à la consommation littéraire (par culpabilisation). Le journal de lecture est à la fois la carotte et le bâton.

Bonus : si ça vous a (toujours) pas convaincu, peut-être que l'infographie de mon Bilan Lecture 2015, ou celle de mes auteurs et dessinateurs préférés le feront. Comment aurais-je pu les créer si je n'avais pas tenu un Journal de mes lectures, hein ? Hein ?

Et, pour les fans de papeterie, tenir un journal de lecture est une excellente excuse pour acheter un nouveau carnet.

J'adresse ce conseil (cette supplique) à mes amis lecteurs, quels qu'ils soient. Petits lecteurs, grands lecteurs... Lecteurs à moustache, lecteurs à genoux cagneux, lecteurs qui aiment les endives. Si vous aimez les livres, nomdidiou :

Tenez un journal de vos lectures.

(Cela vaut pour toutes les passions : si vous êtes un grand cinéphile, de même, tenez un journal de vos visionnages ! Enrichissez votre hobby favori par ce biais simple.)

Voilà, c'est tout : le prochain lecteur qui me dit " Euuuh, je sais pas... " quand je lui demande ce qu'il a lu de bien, qu'il soit prévenu, je l'estourbis avec ma réserve de papeterie.

Love.

Journal de lecture — Pourquoi il faut (absolument) en tenir un

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