La chair de Rosa Montero

La chair de Rosa Montero

Titre : La chair

Auteur : Rosa Montero

Traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse

Editeur : Métailié

Date de parution : janvier 2017

189 pages

« La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n’avez pas encore vécu et celle de ce que vous n’allez plus pouvoir vivre. Et l’instant précis de l’action est si confus, si fuyant et si éphémère que vous le gaspillez à regarder autour de vous avec hébétude. »

J’avais découvert Rosa Montero avec L’idée ridicule de ne plus te revoir et j’ai acheté ce roman, les yeux fermés, tellement j’avais été séduite par l’écriture de l’auteur. Car, ce qui me plaît avant tout chez elle, c’est son style, sa fluidité, son humour, sa vision du monde cachée entre les mots. Bref ! J’aime lire du Rosa Montero.

En dernière page, l’auteur demande au lecteur de ne pas dévoiler l’histoire. Qu’elle n’ait crainte, je ne le fais jamais, par respect, justement, pour les autres lecteurs avides de lire un roman sans rien connaître de la tension narrative qui sous-tend l’œuvre.

Et il est vrai que ce roman repose sur les surprises, sur les touches personnelles de Rosa Montero qui joue avec sa qualité d’auteur, et sur les relations entre les personnages. Alors, chut !

Je dirai simplement qu’il s’agit d’une femme de soixante ans, avide de sexe, attirée exclusivement par des hommes plus jeunes et très beaux… Une cougar ! s’écriront certains. Ne soyez pas si réducteurs ! C’est bien plus profond que ça !

Ici, c’est le vieillissement et la décrépitude du corps, l’approche de la mort, la peur de la solitude, le besoin d’aimer et d’être aimé, la violence d’une rupture et le mal qu’elle procure chez celle (ou celui) qui la subit, autant de thèmes abordés avec clairvoyance et ironie. Et parallèlement, la mise en place d’une exposition sur les écrivains maudits, par son personnage principal, permet à Rosa Montero de comparer, de mêler les histoires, de créer une spirale ascendante vers l’ultime but de la vie.

La folie n’est jamais loin, elle a envahi le corps et l’esprit d’un personnage mais elle guette tous les autres. La frontière est ténue entre ce qu’on vit et ce qu’on rêve, entre le raisonnable et le déraisonnable…

Oh bien sûr, j’ai  aussi aimé ce texte parce qu’il me renvoyait cruellement à mes pauvres failles, à mes échecs, à ma propre déchéance physique et mentale. Le regard posé ressemblant étrangement au mien, cette ironie mordante dont j’use et abuse à mon propos et que j’ai retrouvé entre chaque ligne du livre… j’ai inévitablement été séduite par ce texte.



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