Chronique « Motorcity »
Scénario de Sylvain Runberg, dessin de Philippe Berthet,
Public conseillé : Adultes / Adolescents,
Style : Polar / Thriller,
Paru aux éditions Dargaud, le 20 janvier 2017, 14.99 euros,
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L’Histoire
Lisa Forsberg, jeune enquêtrice fraîchement diplômée de l’école de Police de Stockholm, revient dans son village natal de Linköping. Pour sa première enquête, Lisa fait équipe avec le jeune Erik. Ils doivent élucider la disparition d’Anton Wiger, un homme de 31 ans, vivant encore chez ses parents. En véritable « Raggare », Anton ne se passionne que pour les vielles voitures américaines et le rock’N’Roll. Pour commencer l’enquête, le duo va rencontrer Magdalena, la petite amie d’Anton, qui travaille à la pharmacie du village…
Ce que j’en pense
« Motorcity » est le troisième album de la collection « Ligne Noire ». Comme pour les précédents, c’est un polar noir classique dessiné par le talentueux Philippe Berthet. Cette fois-ci, c’est le scénariste Sylvain Runberg qui s’y colle. Vivant en Suède, connaisseur de la culture nordique contemporaine (voire les polars « Millenium » et « Infiltrés »), Sylvain nous entraine dans son univers. Il situe très précisément son histoire dans l’univers des « Raggare », un courant alternatif typiquement suédois né après la seconde guerre mondiale. Ses participants (qui se retrouvent au festival Motorcity) vivent intensément leur passion pour le Rock, les vielles bagnoles américaines… De là à les assimiler à la violence des « White ?? » et les rapprocher du « Ku Klux Klan », il n’y a qu’un pas… Dans ce mouvement potentiellement violent, Sylvain brouille les pistes.
« Motorcity » est typiquement un « polar nordique », dans le sens où le lieux et la culture forment un personnage à part entière, plus qu’un simple décors. Très lentement, avec un regard contemplatif, Sylvain Runberg décrit son petit monde, en passant par le regard de Lisa, la jeune inspectrice, qui revient dans le monde de son enfance, et nous sert de guide.
C’est un récit classique ou un duo de policiers vont devoir élucider une disparition… D’interrogatoires en interrogatoires, les enquêteurs avancent par petits pas, avec plus ou moins de succès et de ratés… Bien entendu, la résolution de l’enquête n’est pas le sujet central de l’album. En bon polar d’ambiance, la description de la société, ses paradoxes, sa violence et ses secrets cachés sont beaucoup plus importants que de savoir « Who’s done it ? »








Au dessin, Philippe Berthet se met à l’unisson du scénario. Son dessin est moins caricatural que dans ces précédents albums. Même si l’ambiance Polar Noir est bien présente, ainsi que les références américaines (qui lui sont chères), le « character design » est plus réaliste qu’à l’accoutumé. Lisa, sa jeune héroïne, mais aussi les personnages secondaires, sont plus sobres et semblent sortis de notre quotidien.
Vous ne retrouverez pas l’ambiance de « Pin-up », de Yann. Pourtant, son dessin de qualité, est toujours aussi ligne claire, mais s’éloigne de ses références américaines « classique », dont il s’est fait une spécialité.
Pour résumer, j’ai apprécié ce polar nordique à l’ambiance originale. Cette collection dédiée à un Philippe Berthet est une excellent idée, mais donne des albums très différents. Après le plus magnifique « Perrico » (Régis Hautière Au scénario) et le polar contemplatif de Zidrou (« Le crime qui est le tiens »), Sylvain Runberg joue sa carte personnelle dans une construction classique et un peu lente. A déguster si vous appréciez ce genre de Polar. Et pourquoi pas, à découvrir sinon…

