Le livre du vendredi: Songe à la douceur

Le livre du vendredi: Songe à la douceur

de Clémentine Beauvais

Tatiana et Eugène se sont quittés adolescents dans des circonstances plutôt sinistres. Ils se tombent dessus dix ans plus tard et la flamme qui existait dans le cœur de l’une s’empare à présent du cœur de l’autre.

Ecrire une histoire d’amour est un exercice dangereux. C’est le sujet le plus répandu au monde et on en connait d’avance tous les rouages: une rencontre, un milieu et une fin. Cette dernière peut être heureuse ou malheureuse, les tourtereaux finissent ensemble ou pas, et c’est bien-là le seul suspens d’un tel récit. Alors pour écrire une belle histoire d’amour, il faut autre chose. Des personnages forts peut-être ou un point de vue atypique… mais en fait, il faut surtout du style. Et Clémentine Beauvais en a.

Ce qui m’a charmé en premier dans Songe à la douceur, c’est évidemment le texte en vers! Je suis toujours impressionnée par les poètes car ils travaillent avec tellement de contraintes et réfléchissent sur la place de chaque mot: sortir un texte satisfaisant est, pour moi, un véritable exploit. Ici, on sent le travail avec la langue, les rythmes, les rimes et on sent surtout la maîtrise de l’auteure. Elle ne s’est pas contenté d’écrire « Les roses sont rouges, les violettes sont bleues, Tatiana et Eugène sont amoureux. », il y a de vraies images, un véritable sens derrière chaque ligne.

J’ai aussi aimé la forme du texte. Physique d’abord, tout en sauts de lignes et en alinéas démesurés: c’est un jeu de piste qui épouse parfaitement l’histoire de nos amoureux qui se cherchent, on nous montre comment le texte doit être lu pour qu’ils se trouvent. La structure du scénario m’a ensuite séduite: en aller-retours et en apartés. Dans ce texte, le temps est élastique,  la mémoire mobile. Enfin, la présence du narrateur comme troisième personnage dans cette histoire de couple est très bien joué. A la fois chef d’orchestre et coach, gardienne du secret puis cafteuse, ses interventions sont un délice.

Et puis ce que j’ai aimé surtout c’est la subtilité et la beauté avec lesquelles les vérités sur l’adolescence, sur la vie, sont dites. Je me suis reconnue, à chaque coin de page, en tant qu’adulte jetant un regard en arrière sur l’ado que j’étais. Je me suis posé les mêmes questions, je suis arrivée aux mêmes conclusion et le lire noir sur blanc fait du bien.

Je ne connaissais pas du tout le roman Eugène Onéguine dont est inspiré Songe à la douceur mais le découvrir à la toute fin du livre, dans les remerciements, a renforcé mon sentiment que Clémentine Beauvais est bien plus que l’auteure buzz des Petites Reines.

Je compte cette lecture pour les challenge Emprunts de LivresObjectif du mois et le Coupe des 4 Maisons!

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Marion


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois