La guerre des mondes

La guerre des mondes
La guerre des mondes
« Je voyais maintenant que c'étaient les créatures les moins terrestres qu'il soit possible de concevoir. Ils étaient formés d'un grand corps rond, ou plutôt d'une grande tête ronde d'environ quatre pieds de diamètre et pourvue d'une figure. Cette face n'avait pas de narines - à vrai dire les Martiens ne semblent pas avoir été doués d'un odorat - mais possédait deux grands yeux sombres, au-dessous desquels se trouvait immédiatement une sorte de bec cartilagineux. [...] En groupe autour de la bouche, seize tentacules minces, presque des lanières, étaient disposés en deux faisceaux de huit chacun. Depuis lors, avec assez de justesse, le professeur Stowes, le distingué anatomiste, a nommé ces deux faisceaux des mains. »

Science-fiction    Edition Folio249 pages


La guerre des mondes
      A la fois enrichissant et intéressant, La guerre des mondes nous livre le récit d'un éventuel futur. L'approche est progressive, le lecteur découvre les choses, l'inconnu, en même temps que le narrateur, tous deux sont amenés à se poser des questions, commençant à peine à mettre des mots sur ce qu'ils voient ou lisent. Wells nous invite à analyser le monde qu'il dépeint avec les éléments laissés à notre disposition, l'imagination fonctionne à plein régime ( peut-être moins aujourd'hui qu'à l'époque de la publication ), les sens s'éveillent, la curiosité est attisée par la moindre nouveauté.
     Les chapitres sont courts, titrés, rythmant le récit, créant un fil rouge, conducteur. Il n'y a pas de temps morts bien que l'action ne soit pas forcément présente. Chaque instant est utilisé intelligemment, pour réfléchir, pour observer, parfois les émotions prennent le dessus, laissant place à l'impulsivité. L'instant présent importe plus que le passé, plus que le futur. Que suis-je en train de faire ? Pourquoi ? Tout est question à réflexion, les codes habituels sont cassés, les chaînes brisées.
Mais pourquoi une telle effervescence ? Le monde change et les hommes qui peuplent la Terre ne sont pas prêts à l'accepter, à y faire face. Des créatures venues d'une autre planète envahissent la Terre, réduisant à l'état de cendres celles et ceux qui croisent leur chemin. Afin de coloniser la planète, ils n'ont d'autre choix que de se l'approprier, de la vider de toute résistance. Les hommes ont peur, l'inconnu les effraie et ils ne savent comment réagir.
Wells a souvent mis l'accent sur le comportement et la réaction des hommes. En effet, plus d'une fois l'auteur évoque ce que les hommes étaient en train de faire alors que la mort courait droit vers eux, insouciants du danger qui les guette. Ils ignorent tout du péril qu'ils courent à l'extérieur, mais ne s'y intéressent pas non plus, préférant s'enfermer dans leur routine plutôt que de prêter attention au monde changeant qui les entoure. Nous sommes fin XIX, l'intérêt pour les Martiens est chose récente, restant un flou total pour la plupart. Leur débarquement ne peut que créer la surprise et faire naître la peur.
La plume de Wells, bien que fluide et agréable, n'en demeure pas moins lourdement chargée en adverbes. Certaines phrases m'ont semblé interminables, se prolongeant sur des dizaines de lignes, formant des paragraphes à elles seules. Pour autant, le soucis du détails est présent, retranscrire avec un maximum de précisions. On l'observe notamment dans la description du Rayon Ardent ainsi que de la Fumée Noire, deux armes apportées par les Martiens. Toutefois, tout n'est pas décrit et expliqué en un bloc indigeste ; au fil du récit l'auteur peaufine, apporte de nouveaux éléments voire corrige ce que le narrateur pense.
J’achèverai cette chronique en abordant le thème de dieu, mais aussi les nombreuses comparaisons aux fourmis. Dans ce récit, l'être humain est souvent comparé à une fourmi, un être qui n'est rien au regard de l'univers. Qui sommes-nous ? Quelle est notre place ? Ainsi on peut se demander si la Terre nous appartient, ou si nous lui appartenons. Sommes-nous voués à disparaître sous le joug d'une espèce supérieure ? Cette comparaison apporte de multiples réflexions, parmi lesquelles ont peut en trouver une concernant dieu. Pendant ce qu'ils ont cru être la fin de monde, les hommes se sont mis à prier, à implorer dieu de leur venir en aide. Ici dieu apparaît comme le héros, le sauveur de l'Humanité, les hommes ont besoin d'une idée à laquelle se rattacher, l'homme a besoin d'espoir. A mes yeux, ce livre est un chef-d'œuvre.  

La guerre des mondes