Un cœur sombre

Vincent Madigan paraît être un homme tout à fait respectable, « un homme bien ». Derrière l’avis général, se cache quelqu’un qui n’a fait fonctionner aucun de ses mariages et qui voit rarement ses enfants. Quelqu’un qui a du mal à passer une journée sans des cocktails de whiskey, sédatifs et anti-dépresseurs, qui a de gros problèmes d’argent et qui est prêt à tout pour les régler. Vincent doit en effet des milliers de dollars en pensions alimentaires et surtout rembourser sa dette auprès de Sandià, « roi de la pègre d’East Harlem ». Alors, il organise un cambriolage qui peut lui permettre de remettre les compteurs à zéro à tous les niveaux, de commencer une nouvelle vie. Mais voilà, les choses ne se passent pas comme prévu. Vincent finit par tuer ses complices et une enfant est blessée lors de l’attaque. Angoissé à l’idée d’être démasqué, torturé par le fait que c’est peut-être lui qui a mis la vie d’une petite fille en grand danger, Vincent entre dans une quête vers la rédemption où tout semble permis. Un autre type de mélange très dangereux.

Car Vincent Madigan ne semble plus avoir conscience d’aucune frontière. Qu’est ce que le bien ? Où commence le mal ? Qui est réellement coupable dans cette histoire ? Quelles actions sont nécessaires ? Celles de l’antihéros de R.J. Ellory sont loin d’être toujours jolies. Et pourtant, et pourtant… À certains moments, l’humain qui est lui se montre, impeccable et solide. Capable. Autant dire que le lecteur a du travail avec ce personnage qui le dégoûte mais à qui il souhaite cependant inévitablement une autre existence. L’attachement ressenti pour lui est à la hauteur de sa complexité psychologique, de la complexité de toute cette affaire extrêmement bien tissée et dévoilée à travers des chapitres tous plus puissants, plus fins, plus malins les uns que les autres. Un cœur sombre est un roman policier dans lequel la tension et les surprises sont constantes. Qui, au delà de la lecture, fait s’interroger sur les grandes questions liées au désespoir, à la destinée, au pardon et aux secondes chances. Sa pertinence est ultime grâce à la dernière phrase que le lecteur se prend comme une balle en pleine tête. Magistral !

Un cœur sombre

Présentation de l’éditeur :
Combien de temps peut-on échapper à sa conscience ? Sous sa façade respectable,
Vincent Madigan, mauvais mari et mauvais père, est un homme que ses démons ont entraîné dans une spirale infernale. Aujourd’hui, il a touché le fond, et la grosse somme d’argent qu’il doit à Sandià, le roi de la pègre d’East Harlem, risque de compromettre son identité officielle, voire de lui coûter la vie. Il n’a plus le choix, il doit cette fois franchir la ligne jaune et monter un gros coup pour pouvoir prendre un nouveau départ. Il décide donc de braquer 400 000 dollars dans une des planques de Sandià. Mais les choses tournent très mal, il doit se débarrasser de ses complices, et un enfant est blessé lors d’échanges de tirs. Comble de malchance, le NYPD confie l’enquête à la dernière personne qu’il aurait souhaité. Rongé par l’angoisse et la culpabilité, Madigan va s’engager sur la dernière voie qu’il lui reste : celle d’une impossible rédemption. Jamais l’expression d’anti-héros n’aura été aussi pertinente. Avec ce portrait passionnant et sans concession, R. J. Ellory creuse au plus profond de la conscience d’un homme au cœur sombre pris dans une spirale de violence, pour tenter d’en faire resurgir toute l’humanité enfouie. Le bien et le mal, l’innocence et la culpabilité sont en effet si intimement mêlés en Vincent Madigan qu’il lui est devenu presque impossible de les distinguer. D’une écriture si puissante qu’on la ressent physiquement, ce long blues, aussi déchirant qu’une chanson de Tom Waits, aussi maîtrisé qu’un film de James Grey, réserve à son lecteur de tels rebondissements qu’il serait criminel d’en dévoiler plus ici.

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