Le temps des étoiles de Jo Rouxinol

Bonjour !

Je viens vous parler aujourd’hui de « Le temps des étoiles » de Jo Rouxinol.

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Résumé :

Ilyes a quinze ans. Il est en classe de troisième dans un collège de banlieue. Lorsque Mehdi, un nouvel élève, arrive dans sa classe, ils deviennent rapidement amis. Par son comportement et ses propos antisémites, Mehdi exerce une influence négative sur Ilyes qui finit par se faire remarquer par Mme Lima, son étrange professeur d’histoire. Sans qu’il s’y attende, Mme Lima l’expédie dans le passé et Ilyes se retrouve brutalement à Paris, en 1942, sous l’Occupation allemande. Une leçon d’histoire d’un genre inattendu dont il ne sortira pas indemne…

Mon avis :

C’est maman qui m’a incitée à lire ce livre. Elle ressentait le besoin de le partager avec moi, comme moi j’ai ressentit le besoin de partager avec elle d’autre roman. Et je ne regrette pas de l’avoir lu !

L’écriture est fluide, je n’ai pas vu le temps passer à partir du moment où je l’ai eu entre main. Il est vraiment addictif, on s’attache à Ilyes comme à Mme Lima. Néanmoins j’ai eu une forte envie de coller deux paires de claques à Mehdi (oui ça fait 4… J’étais vraiment énervée !😀 )

Avec un brio assez spectaculaire, Jo Rouxinol parvient à faire un parallèle entre la situation des juifs lors de la seconde guerre mondiale et celle des musulmans aujourd’hui, souvent victimes d’amalgames suite aux attentats. D’après maman, ce parallèle n’était pas voulu par l’auteur, mais il n’empêche qu’il est bel et bien là !🙂

L’histoire est rondement mené, et je n’ai pas vu venir la fin ! Je pense même que l’auteure aurait pu le faire plus long, je ne sais pas trop comment définir ce sentiment, mais j’ai trouvé le roman trop court, je ne voulais pas que ce soit déjà fini…

Quand à la fin, même si elle était inévitable, j’aurai aimé qu’elle se passe autrement. Mais il était évident que ce ne pouvait pas être autrement. Je m’étais tellement attachée aux personnages que j’avais la vue brouillée par les larmes lors de cette fin. Magnifique.

Extrait :

« Quelque chose va avoir lieu. Les yeux fermés, je me torture encore et encore, Je sais quelle direction prend l’Histoire, la déportation, les camps d’extermination pour la plupart des juifs, mais comment passe-t-on d’une vie presque normale, les dîners en famille, la routine du matin, les rigolades avec les amis, à l’horreur d’une fosse remplie de cadavres ? Ou à un tas de cendres sorti des crématoires? Cela me semble impossible.

Je me revois, déjà étourdi, penché sur la table du collège, à recopier en lettres rouges les dates de mon futur et inimaginable destin. Juillet 1942. J’ai écrit ça. Quel jour ? Le treize ? Le quinze ?

– Sors de là ! Vermine !

Le visage d’une vieille folle apparaît brutalement dans mon champ de vision et m’arrache à mes pensées. La bouche déformée par un rictus haineux, elle m’aboie dessus tout en entrecoupant ses vociférations de rapides coups de langue par lesquels elle fait disparaître les dépôts de bave blanchâtre stockés à la commissure des lèvres.

– C’est interdit ! hurle-t-elle en brandissant son poing au-dessus de ma tête.

Elle est si proche que je distingue la peau froissée des joues qui bat la mesure au rythme de ses mots, ainsi que les poils drus parsemés sur le bas de son visage. C’est un embryon de moustache en terrain accidenté, entre rides verticales, renfoncements mous et crevasses cutanées.

– Sors de là ! insiste-t-elle en me postillonnant dessus.

Et elle assène son poing sur mon crâne. Pour une mémé, elle a de la force.

– Aïe ! Salle vieille ! Wallah… ! dis-je en me tenant la tête.

Je me redresse d’un bond et campe sur mes deux jambes. La folle paraît maintenant minuscule. Si je lui en colle une, elle va valser direct, c’est sûr. Elle a d’abord un léger mouvement de recul mais revient vite à la charge.

– Il sait pas lire le juif ? C’est in-ter-dit ! siffle-t-elle en levant sa canne en direction de la sortie.

J’abdique, sors du square et me retourne pour lire l’écriteau accroché très visiblement sur la grille : « interdit aux Juifs »

Ça commence à me stresser cette histoire. Je crie à la vieille :

– Je ne suis pas juif !

Mais elle a déjà disparu. »

Citation que je lie à ma lecture :

« Sauf au prix d’un effort de générosité aussi rare que le génie, on est toujours barbares envers les faibles  » Simone Weil, Réflexion sur la barbarie

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Conclusion :

Un très beau livre qui permet de se souvenir, et qui, d’une certaine manière, demande à l’Humanité de ne pas crée d’amalgames, de ne pas recommencer, tout simplement.

Bonne lecture❤

Petite Pousse