The walking dead "prestige" volume 1 et 2 : parce que les zombies le valent bien

Lorsqu'on tente de parler de The Walking Dead en 2016, nous avons un peu l'impression d'enfoncer des portes ouvertes. Le succès est tel que les zombies de Kirkman sont rentrés de plein pied dans l'imaginaire collectif, dans la pop culture la plus large. Alors revenir sur les premiers temps, les épisodes fondamentaux, est-ce bien nécessaire? Oui, car voici que Delcourt publie (enfin) une version "Deluxe" qui tombe pile avant les fêtes, et devrait en réjouir beaucoup. Commençons par le commencement. Walking Dead, ça démarre de quelle manière, déjà? Et bien une page suffit à Robert Kirkman, pour camper le décor. Une page, pas une de plus. Rick est un flic, dans une petite bourgade américaine, en apparence tranquille. Jusqu'au jour où il doit se servir pour la première fois de son arme, lors d'une fusillade en pleine campagne. Comble de malchance, il est touché et se retrouve dans le coma. Lorsqu'il se réveille, il ne trouve personne à son chevet, et pour cause... L'hôpital est désert, des cadavres putréfiés jonchent le sol, et les seules créatures encore debout et (apparemment) vivantes sont des zombies, des "morts qui marchent", d'où l'appellation d'origine contrôlée de Walking Dead. Un choc terrible pour Rick, qui se précipite vers sa famille, en vain. Sa maison est vide, saccagée, et il ne parvient pas à trouver la moindre trace de sa femme (Lori) et de son fils (Carl). Le récit de Kirkman insère alors intelligemment deux personnages, un afro américain et son rejeton, seuls survivants de la petite ville, qui rassurent le policier par leur humanité évidente, et lui narrent les événements des dernières semaines. On en apprend assez pour comprendre les enjeux, mais bien entendu on en ignore encore plus, afin d'instaurer ce qui sera un des grand suspens de toute la série : qu'est-il arrivé? La situation est-elle réversible? Le monde entier est-il concerné? Est-ce la fin de l'humanité? Pour trouver des réponses, Rick emprunte une voiture de patrouille, et fait route vers la plus grande ville voisine, Atlanta, où il espère en une communauté de "résistants", et surtout retrouver les siens. Las, la situation en ville est terrible. Des morts qui marchent, des cadavres, le danger est partout. Rick n'aurait d'ailleurs pas survécu à sa découverte si un jeune casse-cou du nom de Glenn ne l'avait tiré d'affaire. Ce dernier lui permet de trouver refuge auprès d'une poche de survivants, qui se sont établis en bordure de la métropole. C'est peut être alors que le récit souffre de son seul et unique vrai "passage en force", mais qui se justifie pour le pathos à venir de la série. La famille de Rick est bel et bien là, elle a survécu, et lui fait fête à son arrivée. On en tire une petite larme, on se dit que c'est quand même bien le hasard (Rick savait que sa femme s'était probablement rendue chez ses parents, en ville) et que finalement, c'est un petit bonheur tout mérité. Kirkman prend le temps de dresser un portrait sommaire mais efficace des différents acteurs, en particulier de Shane, le meilleur ami de Rick, flic lui aussi, et qui est l'homme fort du camp. C'est lui qui a sauvé Lori et Carl d'un atroce destin, c'est lui the man of the situation. Mais on le devine aussi frustré et rageur. Un secret couve. Dale, le vieux sage de la compagnie, essaie bien d'avertir Rick de la sourde menace qui pèse... Et l'évidence s'installe lentement : il ne faudra pas seulement se soucier des zombies qui rôdent, mais aussi des vivants que vous fréquentez, ne pas trop leur tourner le dos... Dès lors le lecteur a compris le fil conducteur de la série. Des zombies certes, mais le pire danger n'est pas encore mort, n'est pas en décomposition. il est bien vivant, méchant, hargeux, jaloux, instable, colérique... Bref, c'est l'Homme, dans sa splendeur. TWD est un véritable petit bijou de narration, illustré avec une maestria évidente, tout en noir et blanc, par un Tony Moore particulièrement inspiré. Mais qui va vite quitter la série, pour être remplacé (sans dégâts, et dans un style plus clasique et gritty) par Charlie Adlard, devenu depuis une icône des fans de zombies.
Delcourt a enfin pensé que l'heure est venue de proposer une version "prestige". Je m'attendais à la transposition en vf des gros volumes oversized américains, avec papier glacé de grande qualité, mais ce sont en fait de beaux pavés certes (chacun de ces deux premiers tomes contient deux albums Vf originaux) mais dont les dimensions sont moindres par rapport à l'extraordinaire édition Us, et le papier conserve un aspect granuleux et plus rêche, qui certes convient bien pour le noir et blanc, mais se révèle de qualité moindre par rapport à nos amis ricains. Bon, ce sont les fêtes de Noël qui approche, alors si vous connaissez ne serait-ce qu'un lecteur potentiel qui n'a jamais dévoré la série.... 
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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois